Lancée fin 1987, la BMW E34 est la première Série 5 entièrement nouvelle depuis la naissance de cette famille de grandes berlines, en 1972. Esthétiquement, elle reprend les codes inaugurés par la Série 7 E32 apparue un an auparavant, mais fait preuve de plus de finesse dans son design initié par Ercole Spada. Fluide, élégante et aérodynamique (Cx de 0,30), elle est aussi synonyme de qualité. Celle-ci, réellement hors norme, induit un poids élevé. Heureusement, son châssis, bien né, peut accueillir des moteurs très puissants, et c'est tant mieux car une version M apparaît dès 1988.
Nantie du fabuleux six-cylindres en ligne S38 (issu de celui de la M1), développant 315 ch pour une cylindrée de 3,5 l (3 535 cm3, pour être précis), elle devient une redoutable berline de sport, digne descendante de l'excellente M5 E28. Elle n'en oublie pas pour autant le luxe, avec son intérieur richement équipé. Fabriquée à la main chez BMW M, elle peut être très largement personnalisée. Esthétiquement, elle demeure relativement discrète, contrairement à sa devancière, mais adopte notamment des jantes de 17 pouces "Style 20 M System" en trois parties favorisant la ventilation des freins. Pour parfaire ses qualités routières, elle dispose d'un pont autobloquant à 25 % ainsi que d'un correcteur d'assiette, voire d'un ABS, mais pas d'ESP. Et pour cause : il n'a pas encore été inventé !
Déjà, la vitesse maximale est bridée à 250 km/h, mais elle franchit les 100 km/h en 6,3 s : des chronos alors exceptionnels pour une berline, même si l'E28 faisait presque aussi bien. Dynamiquement, elle est d'une efficacité remarquable, sa masse limitant toutefois son agilité. Sur le mouillé, il convient donc d'être très prudent. Évidemment, la M5 E34 facture ses qualités au prix fort (500 000 F en 1989, soit 119 000 € actuels), mais ne connaît pour seule concurrente que... l'Alpina B10 Biturbo, elle aussi une Série 5 ! Notons tout de même qu'une 535i ne coûte que 306 900 F.
Cela change dès 1990 quand apparaît la Mercedes 500E (326 ch), que la M5 contre dès 1991. En effet, sa cylindrée passe alors à 3,8 l, et sa puissance à 340 ch (0 à 100 km/h en 5,9 s), tandis que sa suspension reçoit un amortissement piloté par électronique et que ses freins - désormais en deux parties - sont renforcés et ses jantes redessinées (M System II).La M5 se décline dès 1992 en break Touring, ce qui n'a rien d'aberrant tant cette carrosserie est élégante. Elle bénéficie d'une dernière salve d'améliorations en 1994 (jantes de 18, boîte 6, calandre à rognons élargis), la dernière M5 sortant des ateliers de BMW M en 1996. Au total, elle a été fabriquée à 12 254 unités, dont 2 676 en 3,8 l et 891 en Touring.