1971 est une année charnière pour Enzo Ferrari. Sa philosophie des autos à moteur avant est mise à mal depuis le début des années 1960. D’abord en Formule 1 puis en endurance, les chevaux ne tirent plus charrette. Ils la poussent. Des décisions ont dû être prises, Mauro Forghieri s’en souvient. Il s’était attiré les foudres des mécaniciens quand il dessina la première sportive à moteur central arrière. Heureusement pour lui, ce fut la bonne solution : la victoire était au rendez-vous pour la 250 LM. Étonnamment, les voitures de série se virent toujours équipées de moteurs avant. À l’époque, très peu de constructeurs passèrent le cap, jusqu’au jour où Lamborghini débarqua avec la Miura. La Daytona, sortie en 1968 et rivale naturelle du bijou de Sant'Agata Bolognese, fut un superbe succès tant esthétique que sportif. Pourtant l’histoire était d’ores et déjà écrite. Était-elle le chant du cygne, un hommage ou le dernier caprice d’Enzo ? Quoi qu’il en soit, le moteur avant allait disparaître du catalogue Ferrari, pour de très très longues années. En 1971, la 365 GT4 BB est présentée. C’est la première Ferrari à moteur central arrière. Elle reçoit également le nouveau V12 à 180° issu des F1 312. La révolution est en cours. Après 387 exemplaires et 3 ans de production, Ferrari modernise sa GT : ainsi naît la BB512. Elle garde la dénomination BB pour Berlinetta Boxer (dont le moteur est en réalité un V12 à 180°) et voit sa cylindrée passer de 4.3 litres à 5.0 litres. Esthétiquement, les six feux arrière sont abandonnés pour quatre, tout comme les échappements. La 512BB adopte un déflecteur aérodynamique. Pour le reste, l'esthétique époustouflante signée Pininfarina est intouchée. La splendeur anguleuse y est toujours présente. Enfin, en 1981, la BB évolue pour la dernière fois. L’ultime version se nomme BB512i pour injection. Les fidèles carburateurs sont remplacés par un système d’injection mécanique Bosch K-Jetronic. Les voies sont légèrement élargies et les performances évoluent : les 340 ch sont obtenus à 6000 trs/min contre 6200 pour les carburateurs. En vitesse maximale, elle passe à 283 km/h contre les 280 km/h des versions carbus. Enfin, à l’intérieur, les sièges sont revus par… Ermenegildo Zegna. Elle sera produite à 1007 exemplaires de 1981 à 1984.