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La DeLorean DMC-12, arnaques, crimes et film mythique

Le succès ne tient à pas grand chose. Certaines autos ont reçu des coups de pouce inespérés qui ont fait décoller leur carrière. Manque de chance pour notre auto du jour, elle a reçu un coup de pouce APRÈS que sa production ait été stoppée. Finalement, l’histoire de la DeLorean DMC-12 aurait mérité son propre film !

John Zachary DeLorean, un nom de Détroit

C’est en 1925 que John Z. DeLorean naît à Détroit, dans un quartier ouvrier. Son père est un ouvrier de chez Ford et syndicaliste. Ajoutez ses problèmes d’alcool et le fait qu’en tant qu’émigré Roumain il ne parle pas bien anglais… il se retrouve à la porte et sa femme emmène ses 4 enfants à Los Angeles. C’est après avoir servi pendant la seconde guerre mondiale que DeLorean retourne à Détroit et travaille chez un carrossier puis chez Chrysler.

Voulant gravir les échelons, il devient ingénieur en 1952 avant de passer chez Packard puis en 1956 il se retrouve ingénieur en chef de Pontiac. C’est lui qui va installer un gro V8 dans la Tempest et lancer la toute première muscle car de l’histoire, la mythique GTO.


Ce succès l’emmène vers les sommets. En 1965 il est nommé directeur général de Pontiac. En 1969 il prend les rênes de Chevrolet.

Sa vie personnelle devient un peu chaotique. Fréquentant la jet-set, divorçant et se remariant, GM voit venir les ennuis. Les deux parties se séparent en 1973. John Z. DeLorean a alors un rêve et il va lancer la DeLorean Motor Company, DMC.

L’ivresse des sommets l’a gagné. Il veut construire la meilleure voiture de sport du monde, voiture la meilleure voiture tout court. Performante, fiable et étonnante, elle doit marquer.

En 1975 un prototype est présenté. L’auto est effectivement étonnante. Son nom : DSV DeLorean Safety Vehicle qui met donc l’accent sur ce point particulier.

Son design est réalisé par un grand nom de l’époque (un grand nom tout court en fait) : Italdesign - Giugiaro. Les lignes sont tendues et la carrosserie n’est pas en alu mais en Inox brossé !

Le châssis est créé par Lotus et dérive de l’Esprit. Performant, il place le moteur en position centrale. Quel moteur ? DeLorean est alors en pourparlers avec la Comotor, la société de Citroën et NSU qui développe le moteur à piston rotatif, à la fois original et plutôt performant.


Comment accumuler les mauvais choix ?

John Z. Delorean en bon businessman américain ne mettra pas tant d’argent personnel dans la DMC. C’est un prêt contracté à la Bank of America qui lance la société. Ajoutez l’argent injecté par des connaissances du show-biz et les “droits” versés par les futurs distributeurs de l’auto et le pactole arrive. Maintenant il faut fabriquer l’auto.

DeLorean est un peu grillé à Détroit et ça lui reviendrait trop cher. Il choisit Porto Rico avant de recevoir une offre inespérée : le gouvernement britannique lui offre 100 millions de dollars pour s’établir à Dunmurry, près de Belfast en Irlande du Nord. DeLorean s’est bien vendu et a promis des centaines d’emplois.

La construction de l’usine est lancée en 1978. Les premières DeLorean DMC-12 sont attendues pour la fin de l’année 1979. C’est qu’on a bien avancé sur le concept. Déjà, le nom, qui fait référence au prix de vente qui devrait être de 12.000 $. Et puis on a trouvé un moteur. La Comotor a fermé, le moteur rotatif se révélant trop gourmand. Les tentatives faites pour obtenir des moteurs performants se révèlent infructueuses. Finalement, la DeLorean Motor Company va se fournir… en France. On choisit le PRV qui n’est pas si performant mais pas ridicule, est peu cher et homologué pour le marché US grâce à Volvo. On emballe !

La fin de l’année 1979 arrive, l’année 1980 aussi. Mais ce n’est qu’en 1981 que les premières DeLorean DMC-12 sont fabriquées. L’accueil est clairement mauvais. Le marché US, visé avant tous les autres, est assez peu réceptif à cette auto au bon châssis mais sous-motorisée. Ajoutez à cela que “les calculs sont pas bons John” et que le prix de vente a été remonté à 25.000 €, que la qualité est déplorable, et vous obtenez un échec commercial en puissance.

La première année, on doit vendre 16.000 autos pour être rentable. La DMC-12 atteint 6500 exemplaires. Les caisses sont vides et le gouvernement Tatcher envoie bouler John Z. quand celui-ci demande une rallonge.

Et ça finit par déraper carrément…

DeLorean propose donc de restructurer l’entreprise en 1982. En réalité, il vend des actions de la DeLorean Motors Holding Company qui permettent surtout de rembourser ses dettes personnelles. Les ventes sont catastrophiques : 1126 auto produites en 1982, 175 millions de dollars de dettes. Le gouvernement britannique met l’usine sous séquestre et c’est déjà la fin de l’histoire de la DeLorean Motor Company et sa DMC-12.


En Octobre 1982, John Z. DeLorean est arrêté par la DEA et le FBI. Il aurait tenté de vendre 100kg de cocaïne pour 24 millions de dollars… qu’il aurait ensuite réinjecté dans la société. Dommage pour le gouvernement, et tous ceux qui voulaient la peau, son avocat démontre que c’est un coup monté. L’IRS attaque pour les 120 millions d’actions vendues mais DeLorean se fait encore acquitter. Pour autant, il est en faillite et doit vendre sa propriété à un magnat de l’immobilier en pleine ascension qui transformera le tout en Golf : Donald Trump.

John Z. DeLorean meurt en 2005, dans un petit appartement, totalement tombé dans l’oubli… au contraire de sa création.

Spielberg, Zemeckis et la DeLorean

Oui, pour que Zemeckis puisse tourner son Retour vers le Futur, il doit faire jouer son amitié avec Spielberg. Les fonds arrivèrent et le tournage débuta en 1984. Spielberg voulait utiliser un frigo pour voyager dans le temps. Mais finalement on décida d’utiliser une voiture. La DMC-12 était devenue une auto d’occasion récente, disponible à petit prix et qui gardait le côté futuriste de sa carrosserie et de ses portes papillon.

Le choix fut arrêté et la DeLorean devint un personnage du film, au même titre que Doc et Marty. La DMC-12 fut modifiée, devint une voiture volante grâce aux effets spéciaux et tourna dans les 3 films. Retour vers le Futur III sorti en 1990, 8 ans après l’arrêt de la production de la sportive américano-irlandaise.

Sans devenir une vraie icône automobile, ses performances et ses déboires n’étaient pas oubliés pour autant, la DeLorean DMC-12 devint une icône pop. Les répliques des autos du films se construisirent et l’auto entra finalement au Panthéon.

Désormais, l’auto est prisée. On estime que 6500 auto roulent encore, un sacré chiffre par rapport à la production initiale. Surtout, la DeLorean Motor Company est récemment revenue sur le devant de la scène. La Alpha 5, évidemment électrique, devrait sortir en 2024. Mais hormis les portières, pas vraiment de rapport avec l’auto originale !

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