La Réquisition des automobiles : Loi du 14 octobre 1941

La réquisition des automobiles : Loi du 14 octobre 1941

La Réquisition des automobiles : Loi du 14 octobre 1941

 

Le Gouvernement de Vichy en place depuis le 10 Juillet 1940, fait paraître au Journal Officiel du 20 et 21 Octobre 1941, une loi déclarant invalides les cartes grises délivrées aux véhicules homologués avant le 1er Septembre 1925, interdisant par le fait leur circulation et toute transaction. 
JO Loi du 14 octobre 1941

Très vite, par voie d’affichage communal, les propriétaires de ces modèles sont fermement invités à remettre leur automobile aux autorités françaises, avec comme contrepartie, être prioritaire pour l’achat d’un véhicule neuf … dans un pays où la production automobile est pratiquement à l’arrêt. Il s’agit de participer à un bien curieux effort de guerre, orchestré par le Maréchal Pétain et son gouvernement, puisque la matière première ainsi récoltée avec la destruction de ces voitures alimentera la production de munitions et de chars allemands. Le décret est suivi d’une longue liste de marques concernées par la réquisition, rangés par ordre alphabétique et par modèle. 50 000 voitures vont être ainsi livrées aux bons offices des entreprises chargées de transformer ces trésors de l’Industrie Automobile en carcasses sonnantes et ferraillantes qui seront transmises à l’Allemagne occupant alors une grande partie de l’Europe. 

 

Régime de Vichy

Et donc à destination des usines d’armement et de fabrication de véhicules militaires. On se souviendra à l’occasion de la réquisition des usines françaises détournées de leur production nationale pour, la mort dans l’âme et sous la contrainte pour la plupart, se voir obligées désormais de fournir à l’ennemi tanks et armement. Dès 1940, le gouvernement de Vichy avait devancé l’appel en créant un Comité d’organisation de l’Automobile, présidé par le neveu de Louis Renault, François Lehideux, désormais administrateur de ses usines. Avec la loi du 14 Octobre 1941, c’est 1500 modèles qui sont ainsi soigneusement répertoriés pour finir dans les chaudronneries teutonnes : Bugatti, De Dion Bouton, Hispano-Suiza, Panhard, Renault, Voisin, des noms tous plus prestigieux les uns que les autres à nos oreilles, vont devoir ainsi être remis au Comité, rachetés au vil prix du cheval fiscal. Une bonne part du parc automobile français disparait dans cette opération. 
Il ne faut pas imaginer que toute résistance fut vaine : certains ferrailleurs se révoltèrent à l’instar d’Henri Malartre, encouragés par L’Argus et dissimulèrent quelques prestigieux exemplaires lorsque cela fut possible.  

 

henri Malarte

Tableau représentant Henri Malartre

 

Il s’agissait là d’un véritable acte de résistance quand on connaît la finalité de l’opération.On ne dispose malheureusement pas de documents photographiques de ces actions, les autorités françaises ayant interdit toute prise de vue.


Panhard 1898

Les automobiles ne furent pas les seules victimes des besoins de l’Allemagne nazie en matières premières : près de 1700 statues en bronze, véritables œuvres d’art, furent déboulonnées et détruites dont une centaine à Paris pour finir dans les fonderies des territoires occupés. Mais là aussi, un certain nombre fut caché, ou préservé sous forme de moulages, jusqu’à la fin de la Guerre à l’initiative de certaines communes. 
Il se dit que la Tour Eiffel  elle-même fut, en ces temps troublés, en grand danger de déboulonnage.

Marie-Catherine Ligny