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Pat Moss, soeur de, mais pas que

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Personne, je pense, ne me contredira si j’écris que le monde de la compétition automobile a de tout temps été phagocyté par la gent masculine. Rares sont les femmes qui ont réussi à y faire carrière et encore plus rares sont celles qui ont su, par leur seul talent, tenir un rôle de premier plan et vaincre dans de grandes épreuves de renommées internationales. Pat Moss est une de celles-là. De plus, elle a su parvenir au premier plan et se faire un prénom ce qui, au départ, n’était pas gagné quand on a un frère aussi brillant et populaire que Sir Stirling Moss.


Des chevaux de saut d’obstacles aux chevaux-vapeur.

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Pat Moss naît en décembre 1934 dans une famille où déjà, l’automobile tient une place importante. Son père, Alfred, chirurgien dentiste a déjà couru dans quelques compétitions en amateur et sa mère participe à des épreuves de maniabilité comme on en voit beaucoup en Angleterre. Mais ce sont les chevaux qui attirent la jeune Pat et rapidement, elle va faire ses preuves dans ce domaine puisqu’elle intègre l’équipe britannique de saut d’obstacles. Mais rapidement, un élément capital va faire pencher son intérêt pour le sport automobile. En effet, son frère aîné, Stirling, est devenu un des plus brillants pilotes présents sur les circuits européens et, poussé par le manager de ce dernier, Ken Gregory, elle se décide à participer à des rallyes locaux.
C’est au volant d’une modeste MG TF1500 qu’elle s’engage au RAC International Rally 1955.

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Même si cela se termine par un abandon, cela ne la décourage pas et elle remet ça l’année suivante sur une MGA sans que le résultat soit meilleur.

C’est toujours avec Ann Wisdom-Riley sa coéquipière qui l’accompagnera tout le début de sa carrière, qu’elle participe en 1957 au rallye Liège-Rome Liège sur une Morris Minor 1000.
Elles terminent loin du podium à une modeste 23e place, mais elles finissent.

Les premiers résultats arrivent.

1958 sera bien meilleure pour Pat Moss même si le début d’année n’est pas très favorable puisqu’elle doit abandonner au rallye de Monte-Carlo qu’elle court sur sur Austin A40. Ce n’est que partie remise et c’est au RAC Rally qu’elle récolte son premier gros résultat puisqu’au volant d’une Morris Minor elle remporte la 4e place au général, la coupe des dames et sa catégorie. Enfin, la persévérance a payé et ce n’est que le début d’une formidable année.

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Au volant d’une Austin Healey, elle s’aligne aux deux rallyes suivants. À la Coupe des Alpes elle termine à une bonne 10e place et remporte la Coupe des Dames ce qu’elle fait à nouveau quelques semaines plus tard au prestigieux rallye Liège-Rome-Liège mais en terminant à une très belle 4e place.

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À la dernière épreuve de la saison, le Viking Rally, la performance et un peu en deçà de ce qu’elle espère. Cependant, la 23e place obtenue au général, mais surtout sa 2e à la Coupe des Dames au volant de sa Morris Minor lui permet de coiffer sa première couronne de championne d’Europe des Rallyes
En 1959, Pat Moss est présente à plus d’une dizaine d’épreuves, passant allègrement d’une Cooper S à son Healey habituelle sans oublier plusieurs participations au volant de son Austin A40 avec laquelle elle termine 10e du Rallye de Monte-Carlo remportant au passage une nouvelle Coupe des Dames. Même si elle termine 2e au Deutschland Rallye, elle doit abandonner son titre européen au profit d’Ewy Rosqvist sur Volvo PV544.

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1960 : la consécration.

Pour rappel, en 1960, le championnat du monde des rallyes n’existe pas. La référence dans le milieu reste le championnat d’Europe des rallyes qui comporte cette année-là 11 épreuves. Il commence en janvier par le rallye de Monte-Carlo et se termine en novembre par le RAC. Entre temps, les participants au championnat auront couru le rallye International de Genève, le rallye des Tulipes aux Pays-Bas, l’Acropole, l’Österreichische Alpenfahrt, le rallye de Suède, la Coupe des Alpes, le fameux Liège-Rome-Liège, le Rajd Polski et le Viking Rally. Beau programme pour celui ou celle qui veut, en fin de saison, remporter le titre.
Elle commence l’année en gagnant une nouvelle Coupe des dames au rallye de Monte-Carlo puis enchaîne deux belles performances en terminant deux fois 8e en Suisse et aux Pays-Bas.
Après un abandon à l’Acropole, elle finit brillamment au volant de son Austin Healey 3000 à la 2e place de la Coupe des Alpes manche française du championnat. Mais l’exploit, ce sera au rallye suivant qu’elle l’accomplit. Elle remporte le classement général du très dur et redoutable rallye  Liège-Rome-Liège et devient ainsi la première femme à remporter une épreuve comptant pour un championnat majeur international.
Pourtant, la victoire n’a pas été facile. Alors en tête de la course, l’embrayage commence à faire des siennes et patine exagérément. Rapidement, les mécaniciens détectent un problème de fuite d’huile par un joint de la boite de vitesse. Grace à une réparation de fortune, le joint fautif ne pouvant être changé, Pat Moss réussit à rejoindre le point de chronométrage suivant dans les temps et finit par gagner le rallye au bout de près de 3500km quasi non-stop.

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Au RAC, dernier rallye de la saison, Pat Moss se présente au départ au volant d’une Austin Healey Sprite, mais doit abandonner. Cela ne l’empêche pas de gagner au classement général final et pour la deuxième fois, la Coupe des Dames.
Elle va alors continuer à briller dans le monde des rallyes pendant plus d’une dizaine d’années. On la retrouve tout d’abord en 61 sur son Austin Healey 3000 avec laquelle elle obtient une remarquable 2e place au RAC, mais aussi sur Saab 96 notamment au rallye de Suède. 
En 62, elle ajoute à son palmarès le rallye des Tulipes et le Baden Baden Deutschland Rallye qu’elle gagne au volant d’une Morris Mini Cooper. 

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C’est tout naturellement qu’elle remporte un 3e titre européen en finissant l’année en beauté par deux 3e places au rallye International de Genève et au RAC Rally.

1963 sera une année de transition. Elle s’engage alors avec Ford et va courir essentiellement sur Ford Cortina GT même si elle débute sa saison au Monte-Carlo sur une Ford Anglia.

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Les seuls résultats notoires au volant de sa nouvelle voiture seront une 6e place au rallye d’Acropole et une 7e à son rallye national, le RAC.

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Les années SAAB.

Pour la jeune Anglaise, si l’année qui vient de s’écouler n’est pas à marquer d’une pierre blanche au niveau de ses résultats sportifs, il en est tout autrement pour ce qui est de sa vie privée. En effet, le 9 juillet 1963, elle se marie avec Erik Carlsson (Not on the roof yet) le célèbre rallyman suédois. 
Ce n’est donc pas une surprise de voir Pat Moss-Carlsson courir à partir de l’année suivante pour la marque suédoise qui a permis à son mari de remporter moult succès au niveau international dont deux Monte-Carlo sur Saab 96.
Les 4 années suivantes, elle va enchaîner les podiums et les places d’honneur lui permettant de conquérir 2 nouvelles Coupe des Dames au classement général ce qui portera ainsi son total à 5 titres européens.
On la verra aussi s’aligner à l’East African Safari où elle termine 9e en 64 sur sa 96 sport.

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La Saab 96 n’est pas sa seule monture tout au long de ces années puisqu’on retrouve Pat Moss-Carlsson au départ de la Coupe des Alpes 1966 à bord d’une Saab Sonett V4. Malheureusement, elle sera contrainte à l’abandon.

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Une fin de carrière latine.


En 1968, Pat Moss-Carlsson est engagée par Lancia et c’est sur un coupé Fulvia HF 1300 que l’anglaise va participer au championnat. Le point d’orgue de la saison sera sa victoire au général au Rallye de Sestrière, l’Anglaise devançant, notamment, les Suédois Harry Kallström et Ove Andersson. Elle terminera également 2e du renommé Rallye de San Remo derrière Pauli Toivonen sur 911 T, mais devant Ove Anderson ou Jean Vinatier sur Alpine A110.

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Durant les années suivantes, Pat Moss-Carlsson consacre l’essentiel de son temps à sa famille et plus particulièrement à sa fille qui naît en 1969. 
Il faut attendre 1972 et le rallye de Monte-Carlo pour la voir courir sur une Alpine A110 1600. Elle termine 10e au général, juste derrière Jean Ragnotti et gagne sa classe devant Jacques Henry.

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On la reverra encore en 1973 participer à quelques rallyes au volant d’une Alpine A110 1800, mais sans résultats probants si ce n’est une 6e place au Manx International Rally.

Elle prendra pour la dernière fois le départ d’un rallye en 1974 où, intégrée au team Toyota elle termine 28e au général du Lombard RAC Rally sur Celica 2000GT.

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Il est alors temps de se retirer et de se consacrer à sa deuxième passion, les chevaux qui l’occuperont jusqu’à son décès en 2008 à 73 ans.


Elle restera comme la première femme pilote à avoir réussi à s’imposer dans le monde des rallyes et à avoir gagné de grandes épreuves internationales comptant pour un championnat européen. Elle a ouvert la voie à d’autres comme Michèle Mouton qui deviendra la première femme à gagner un rallye du championnat du monde une fois celui-ci lancé.

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Crédit Photos : Pinterest, lejsl, l’alsace, blogauto, mini-racing, Petrolicious, SmossArchive, forum-rallye.

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