Non on ne fait pas une erreur en mixant deux modèles. Et on ne parle pas non plus d'un projet qui serait resté dans les cartons. Oui, dans les années 50 et 60 il y a bien eu des Alfa Romeo Dauphine puis des Alfa Romeo Ondine !
Au milieu des années 50 la marque Renault se développe. Elle a pris la tête des ventes nationales, notamment grâce à la 4CV. Mais le losange a des envies de grandeur. La marque veut s'imposer à l'international. Quand les barrières douanières sont trop acérées, on noue des partenariats locaux et des Renault sont proposées sur place en CKD.
Même en Europe ce développement est compliqué. Il ne faut pas oublier que le Traité de Rome n'arrive qu'en 1957 et qu'on est encore loin du marché européen tel qu'on le connaît aujourd'hui. La RNUR (Régie Nationale des Usines Renault) veut s'attaquer au marché européen et en particulier à Fiat. Du coup, autant aller directement dans leur jardin en Italie.
Le losange va d'abord contacter Innocenti. La marque ne produit par encore de voitures mais uniquement des 2 roues, les Lambretta. Pour autant c'est l'état italien qui va rentrer dans la danse. Depuis les années 30 c'est lui qui est la tête d'Alfa Romeo. Aussi étonnant que cela puisse paraître, si la Giulietta se vend plutôt bien, c'est encore insuffisant pour exploiter pleinement l'usine de Portello. Du coup Renault et Alfa Romeo (et donc indirectement l'état français et l'état italien) signent un accord de partenariat.
Du côté italien on va produire sous licence la nouvelle Dauphine, une auto populaire qui peut s'attaquer à certaines Alfa et garantir un certain volume de vente. Pour autant elle sera vendue comme une Alfa Romeo et pas comme une Renault. Côté français on s'engage à distribuer les Alfa Romeo dans le réseau au losange. L'accord est signé en 1958 et la chaîne est inaugurée par Pierre Dreyfus en 1959.
Les premières autos sortent des chaines et ne sont pas vraiment des copies. Bon, on joue sur les mots. En fait c'est du côté de l'électricité qu'on a fait de gros efforts. Au lieu du système 6V des Renault Dauphine, les Alfa Romeo Dauphine passent au 12V et, forcément, il est fourni par Magnetti-Marelli. Du coup cela entraîne une autre différence : les phares qui sont des Carello. Le reste de l'auto est tout de même un kit, assemblé en CKD.
Les deux premières années se passent bien. 6542 Alfa Romeo Dauphine sont écoulées en 1959 et plus de 20.000 en 1960. On lance également en production l'Alfa Romeo Ondine, version plus cossue de l'auto. Pour autant tout n'est pas blanc.
Déjà il ne faut pas oublier que les Dauphine et Ondine se vendent bien mieux en France. En fait on se rend vite compte que l'Alfa Romeo Ondine n'est pas vraiment adaptée au marché italien. Les Fiat concurrentes sont plus puissantes et ont trois vitesse. Dans le réseau Alfa cela se ressent... surtout que les Dauphine et Ondine sont loin de la Giulietta en terme de style, de performances et de modernité. Du côté Renault dire qu'on est pas fair-play est un euphémisme. Non seulement les versions au losange sont toujours disponibles en Italie (dans un réseau maigrelet, mais tout de même), mais en France les Alfa Romeo sont désespérément absentes des concessions de la marque.
L'accord a beaucoup de plomb dans l'aile. Pourtant Alfa Romeo produit toujours les autos qui reçoivent les freins à disque en 1964. Mais c'est bien trop tard. La production est tombée à 345 unités et elle s'arrête en fin d'année.
On peut voir cette aventure comme un bras de fer entre Renault et Alfa Romeo. Mais en réalité une seule marque a gagné : Fiat ! Le géant turinois a fait un gros lobbying pour que le partenariat, qui lui marche quand même sur le bout des orteils dans les premières années, s'arrête. Fiat a gagné, Alfa ne se risquera plus à l'attaquer frontalement. Stratégie gagnante puisque 20 ans plus tard le groupe sera appelé au secours de son concurrent milanais.
Avec 73.841 autos, on pourrait en voir. Mais le modèle n'a pas été particulièrement iconique en Italie. Par contre en France c'est une curiosité. Problème : vous voyez une Dauphine ou une Ondine... mais vous n'avez pas forcément le réflexe d'aller regarder derrière pour voir que ce n'est pas une Renault. Mais on en croise, alors ouvrez l'oeil !
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