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Auto Union V16 : les «Titans » sur la piste

Auto Union V16 : les «Titans » sur la piste

Rares sont les constructeurs à avoir tenté l’expérience du moteur 16 cylindres en compétition. Pas fiable, trop lourd, trop gourmand, trop difficile à exploiter, beaucoup de bonnes raisons pour ne pas persévérer. Pourtant, une marque ira jusqu’au bout de la démarche avec de brillants résultats à la clef : Auto Union.

Dans cette période trouble de l’avant guerre, elle fut l’une des marques les plus en vue. Petit retour en arrière, à l’époque des « titans ».

Le projet 16 cylindres

Auto Union V16 Type A

C’est en 1932 que le projet d’une voiture 16 cylindres est lancé afin de répondre aux nouvelles réglementations devant entrer en vigueur en 1934. Si le type de moteur et d’essence sont libres, les voitures devront impérativement respecter un poids maximum de 750kgrs.

Auto Union, groupe qui vient de se créer en regroupant sous une même entité les marques Audi, DKW, Horch et Wanderer se lance dans ce projet.C’est Ferdinand Porsche, qui vient d’ouvrir son propre bureau d’étude, qui supervise l’étude. Sa première tâche est d’abord d’obtenir des dirigeants du 3ème Reich de diviser à part égale le fond attribué pour le développement d’une voiture de sport capable de dominer toute la concurrence européenne. Le régime en place souhaite de cette façon, montrer la suprématie du régime nazi. Alors que Mercedes, marque favorite d’Hitler, semble emporter la mise, le professeur Porsche réussit à le convaincre d’allouer une somme équivalente aux deux marques.

                   

Moteur 16 cylindres Auto Union

                   

C’est dans les anciens locaux de la société Horch basés à Zwickau que le département course d’Auto Union s’installe. Le choix du moteur se porte sur un 16 cylindres en V à 45° avec un arbre à came unique placé à la base des deux 8 cylindres montés longitudinalement. Le tout est gavé par un compresseur type Roots. La puissance obtenue est de l’ordre de 295cv.

La monoplace bénéficie de quatre roues indépendantes, 4 énormes freins à tambours permettent de la ralentir.

Deux premières saisons en demi-teinte

                      

 Nürburgring GP d’Allemagne1934. Hans Stuck Auto Union Type A vainqueur

                

C’est en 1934 que l’Auto Union Type A fait son apparition en Grand Prix. La saison sera en dents de scie. La fiabilité de la Type A n’est pas toujours au rendez-vous et les abandons sont fréquents. Pour autant, quand les soucis mécaniques l’épargnent, la voiture est performante. 

Le meilleur résultat de la saison est obtenu sur ses terres puisque c’est Hans Stuck qui remporte le Grand Prix d’Allemagne offrant à la marque aux anneaux son plus beau succès de l’année.

Pour la saison suivante, la Type A a évolué et la puissance est passée à 375cv. La voiture a le potentiel pour dominer la concurrence mais nécessite un pilotage d’un très haut niveau doublé d’une certaine dose de courage tant l’engin est brutal.

7 épreuves figurent au calendrier du championnat pilotes organisé par l’Association Internationale des Automobiles Clubs Reconnus : Monaco, France, Belgique, Allemagne, Suisse, Italie et Espagne. 

Comme lors de l’année précédente, une seule victoire vient récompenser Auto Union. C’est en Italie que la Type B, avec Hans Stuck à son volant, obtient son seul succès. Il devance l’Alfa Romeo Tipo B de Nuvolari/Dreyfus, la 3ème place revenant à une 2ème Type B pilotée par Rosemeyer/Pietsch.

Monza GP d’Italie 1935. Hans Stuck Auto Union Type B vainqueur

Au classement final du championnat 1935, ce sont les pilotes Mercedes qui triomphent puisqu’ils occupent les trois premières places, Caracciola terminant devant Fagioli et 

von Brauchitsch.

1936 : année du sacre

GP de Monaco 1936 Achille Varzi Auto Union Type C 2ème

Pour 1936, un cap supplémentaire est franchi puisque la nouvelle Auto Union Type C voit sa puissance monter à 520cv. Le moteur est maintenant un 6L capable de propulser la voiture à près de 340km/h.

Le montage d’un différentiel à glissement limité permet de prolonger la durée de vie des pneumatiques arrière qui ont, depuis le début, tendance à se déchirer sous la puissance délivrée par le moteur. La monoplace garde une répartition des masses 40/60 entre l’avant et l’arrière. Son centre de gravité est très bas et beaucoup espère les voir dominer les Mercedes W25. Seuls 4 courses comptent pour le championnat : Monaco, Nürburgring, Bremgarten et Monza.

A Monaco, le premier GP de la saison, c’est Caracciola qui l’emporte. Varzi termine bien 2ème et Stuck 3ème, mais Rosemeyer, l’étoile montante de chez Auto Union a été victime d’un accident au 12ème tour.

GP de Monaco 1936 Auto Union Type C Rosemeyer abandon sur accident

Ce n’est que partie remise pour les Type C et leur jeune pilote. Au GP d’allemagne, il s’impose avec presque 4 minutes d’avance sur son coéquiper Hans Stuck et s’offre au passage le tour le plus rapide.

Il va à nouveau triompher quelques semaines plus tard en Suisse. Sur le circuit de Bremgarten, c’est le triplé pour les Type C, Rosemeyer devançant Varzi et Stuck.

A Monza, Rosemeyer ne laisse aucune chance à la concurrence. Il gagne devant Tazio Nuvolari et son Alfa Romeo 12C-36 avec plus de 2 minutes d’avance. Von Delius sur une autre Type C termine 3ème.

Avec cette victoire, Rosemeyer remporte le championnat européen des pilotes. Stuck est 2ème,  Nuvolari 3ème.

Même si le titre constructeur n‘existe pas, chacun reconnaît que la Type C est la meilleure voiture de la saison. Outre ses 3 victoires en championnat, elle a remporté de nombreuses autres courses, et ce sur tous types de circuits mais également en courses de côte où on les verra régulièrement équipées d’un essieu arrière muni de roues jumelées pour mieux faire passer la puissance.

Auto Union Type C version courses de côtes

 

La fin de l’ère des Titans

1937 marque le retour en force de Mercedes. Les nouvelles W125 sont très performantes et elles vont finir par s’imposer.

Si les Type C font encore illusion à Spa où Rudolf Hasse l’emporte devant l’inusable Stuck, ce sera la seule victoire de la saison. 

             

Rudolf Hasse Auto Union Type C Spa 1937

             

Les 4 autres courses comptant pour le titre sont remportées par Mercedes. Au classement final, Caracciola l’emporte devant von Brauchitsch, Kautz et Lang tous sur Mercedes W125.

1938 sera plus tragique. L’année commence très mal pour la firme aux anneaux. Lors d’une tentative de record du monde de vitesse, le drame arrive. Sur l’autoroute entre Francfort et Darmstadt, l’Auto Union Type C Streamliner pilotée par Rosemeyer est victime d’une bourrasque de vent qui projette la voiture en dehors de la route. Le pilote est tué.

Auto Union Type C version Streamliner

Une nouvelle réglementation  a été mise en place pour les GP. La cylindrée est maintenant limitée à 3 litres et Auto Union doit abandonner ses Type C au profit de la Type D qui est motorisée par un 12 cylindres de 1985cm3. La puissance est tombée à 420cv.

Face aux Mercedes W154, seul Nuvolari parviendra à s’imposer au GP d’Italie laissant les autres épreuves comptant pour le titre aux Mercedes. Il gagnera, hors championnat, à Donington le mois suivant, donnant ainsi à Auto Union une 2ème victoire.

Tazio Nuvolari Auto Union Type D vainqueur à Donington.

1939 marquera la fin de l’ère des « Titans ». La saison n’ira pas à son terme et le titre ne sera pas attribué. Auto Union remportera encore quelques victoires, hors championnat, avant que le conflit commence. 

Une époque se termine, les flèches d’argent reviendront en compétition dans les années 50 mais les monstrueuses mais magnifiques monoplaces allemandes Auto Union Type A, B, C ou D tout comme les Mercedes W25, W125 ou W154 ne réapparaîtront plus sur la piste. Fin d’une époque.

Crédit photos : Pinterest, Primotipo, archives Audi

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