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Briggs Cunningham : Un américain au Mans

L’automobile : une passion dès sa jeunesse.

Briggs Cunningham est né en 1907 à Cincinnati dans une famille aisée, actionnaire dans de multiples sociétés. A l’université, il fait preuve d’une aptitude particulière pour les activités sportives. Athlétisme, voile (il gagnera la Coupe América en 1958) mais aussi sport automobile. Rapidement il transforme des voitures en utilisant un moteur de l’une et la carrosserie de l’autre comme la « Bu-Merc » créée à partir d’un châssis et moteur Buick avec une carrosserie de Mercedes à compresseur.

A la sortie de la guerre il fonde avec les frères Collier le Sports Car Club of America et décide de construire des voitures de sport susceptibles de concurrencer les autos européennes. Pour cela il crée la société BS Cunningham et nomme Phil Walters comme directeur.

Ils envisagent alors de venir défier les européens sur leur terre et plus particulièrement à l’occasion des 24hrs du Mans.

1949 : Une première tentative avortée

La première tentative sera un coup d’épée dans l’eau. Toujours sur le même principe du meilleur châssis possible couplé au meilleur moteur, il construit les « Fordillac » mixte d’un chassis Ford et d’un moteur Cadillac. L’ACO refuse l’inscription de ces autos « hybrides ».

1950 : Des débuts prometteurs

Nullement découragé, il décide de préparer deux Cadillac pour participer à l’épreuve mancelle 1950.

La première des deux est une Type 61 Coupé de Ville réservé aux frères Collier. Doté d’un gros V8 de 5,4L elle bénéficie de quelques améliorations. C’est une tout autre histoire pour la deuxième voiture. Cunningham construit, sur une base de Coupé série 61, une carrosserie plus légère en panneaux d’aluminium soudés. Ce sont plus de 700kgrs qui seront gagnés par rapport à la Cadillac des frères Collier. Le résultat de ce montage ressemble plus à une caisse à savon qu’à une voiture de course ce qui immédiatement la fait surnommer « Le Monstre ».

 

  

Les deux voitures terminent 10ème pour celle des frères Collier et 11ème pour « Le Monstre » piloté par Cunningham et Walters après une course régulière à près de 130km/h de moyenne. Il a souffert de ses suspensions trop molles mais aussi d’une boite de vitesse récalcitrante obligeant Cunningham à finir la course sur les rapports supérieurs.

  

1951 : Le sort s’acharne

Fort de cette première expérience, l’américain se lance dans le projet de construire une voiture portant son propre nom. Pour cela, il choisit un moteur Chrysler de 5426cm3 qu’il accouple à un châssis tubulaire équipé d’un pont De Dion. Ainsi nait la C2R (C pour Cunningham, 2 car c’est la 2ème voiture après Le Monstre et R pour Racing).

Les premièrs résultats sont encourageants. La C2R remporte quelques victoires dans les courses locales et semble avoir un beau potentiel. Cunningham engage alors trois autos pour les 24hrs du Mans 1951.

Il doit rapidement déchanter car il en perd 2 sur accident. La dernière en piste fait mieux que se défendre puisqu’elle pointe à la deuxième place après vingt heures de course. Malheureusement des problèmes de moteur et de transmission la rejette à une anonyme 18ème place finale très loin du podium tant convoité.

 

1952 : Ambitions affichées

Même si les résultats au Mans sont décevants, Cunningham y croit et prend sa revanche sur les circuits américains en dominant les voitures européennes Jaguar, Lancia ou Ferrari.

Toujours en quête d’une victoire aux 24heures, l’usine construit une nouvelle voiture : la C4R.

Il confie au professeur Kamm, spécialiste reconnu dans le domaine de l’aérodynamisne l’étude d’un coupé la C4R/K. Le chassis est le même que celui de la C2R, avec des moteurs poussés maintenant à 300 chevaux.

Trois voitures sont donc engagées pour l’edition 1952, deux roadsters C4R et le coupé C4R/K.

Le début de course est catastrophique. Même si le coupé de Walters fait le premier tour en tête, il se retrouve ensablé au Tertre Rouge et met une heure à s’en sortir pour abandonner peu après tout comme le roadster de Fitch et Rice. Seul Briggs Cunningham rallie l’arrivée à une honorable 4ème place. Il remporte la classe des plus de 5 litres.

1953 : les résultats sont là !

Pas découragé, l’américain remet le couvert l’année suivante. Une nouvelle voiture apparait la C5R. Elle possède un essieu arrière rigide et une suspension par barre de torsion et montre une aérodynamique retravaillée.

Trois voitures sont inscrites pour cette édition 53. La nouvelle C5R accompagnée du coupé C4R/K et d’un roadster C4R.

Le début de course est prometteur et la bataille s’engage avec Ferrari et Jaguar. Mais il manque encore un petit quelque chose pour l’emporter et au final, c’est un beau tir groupé pour le team Cunningham avec les 3ème, 7ème et 10ème places. La C5R s’est battue jusqu’au bout mais a dû s’incliner devant les Types C. Elle remporte à nouveau la classe B des plus de 5 litres.

1954 : Un mixte italo-américain

Briggs Cunningham prend conscience qu’il lui sera difficile de faire mieux devant une concurrence qui progresse d’année en année alors qu’il arrive au maximum du développement de ses voitures. Il se fait donc livrer par Ferrari une 375MM. Il y apporte sa note personnelle en l’équipant de freins munis d’un refroidissement à eau.

 

Deux C4R accompagnent la belle italienne pour cette édition 1954. Ce sont elles qui sauveront l’honneur en terminant aux 3ème et 5ème places, la 375MM de Walters et Fitch devant abandonner.Une nouvelle fois, l’équipe remporte la classe B.

1955 : Année à oublier

1955 sera la dernière année où l’on verra une voiture marquée Cunningham au départ des 24hrs du Mans. C’est la C6R qui apparaît dans la Sarthe. Elle est équipée d’un moteur Offenhauser, le même qui équipe bon nombre des engagés aux 500 miles d’Indianapolis, auquel on a enlevé son compresseur.

Mais c’est de nouveau un échec et la voiture engagée aux couleurs de l’équipe américaine abandonne en début de matinée. La seconde auto du team, une Jaguar Type D, ne voit pas non plus le drapeau à damier.

                     

Briggs Cunningham décide alors de stopper la construction de ses propres modèles, y compris ses voitures de tourisme qui rencontraient un vrai succès auprès d’une clientèle aisée.

Il n’arrête pas pour autant la compétition mais ce sera au volant de voitures européennes ou de classiques américaines, notamment les Corvette.

1960 : Cunningham, le retour

Après quatre ans d’absence, il revient au Mans pour l’édition 1960. Il aligne 3 Corvette mais aussi, la Jaguar E2A qui n’est rien d’autre que le prototype de la future Type E. 

                 

Cette dernière est confiée à Gurney/Hangsen, Cunningham partageant le volant d’une des Corvette engagées. Une seule des voitures américaines atteindra l’arrivée. La Jaguar abandonnera au 1/3 de la course, une des Corvette fera de même sur accident et la 2ème ne couvrira pas une distance suffisante pour être classée. La 8ème place obtenue par la 3ème montre bien à l’américain le gouffre qui sépare alors les productions américaines des plus performantes européennes. 

 

1961 : Cunningham à l’heure italienne

Ce sont trois Birdcage que Cunningham engagent pour cette nouvelle édition. Deux Tipo 63 et une Tipo 61 porteront les couleurs blanc/bleu habituelles du team.

 

Après une course prudente c’est une 4ème place pour la Tipo 63 de Pabst/Thompson et une 8ème pour la Tipo 61 de Cunningham/Kimberley.La deuxième Tipo 63 abandonne sur accident.

                               

1962 : La Type E sauve l’honneur

L’américain fait toujours confiance à Maserati pour l’épreuve 1962. Ce sont deux Tipo 151 à moteur V8 qui sont engagées ainsi qu’une Type E lightweight. Seule cette dernière arrive à bon port et termine au pied du podium conduite par Roy Salvadori et le patron lui-même.Les deux Maserati abandonnent, l’une sur sortie de route l’autre sur casse moteur après un beau début de course.

                

1963 : Tout sur la Lightweight

Persuadé d’avoir la bonne auto pour gagner, Cunningham préapare trois Type E lightweight pour l’édition 63. Seule la voiture pilotée par Richards/Grossman termine la course en 9ème position. Les deux autres abandonnent sur problème de boite de vitesse pour l’une et accident pour l’autre.

       

Ce sera la dernière participation au 24heures du Mans en tant que pilote pour Briggs Cunningham. Il engage l’année suivante un coupé Daytona pour Chris Amon et Joachim Neerspasch mais on ne le verra plus derrière le volant à l’occasion de cette course qu’il aurait tant voulu gagner et pour laquelle il se sera beaucoup investi.

Il se consacre alors à sa collection de voitures pour laquelle il ouvre un musée à Costa Mesa en Californie. Il revendra ses voitures à la famille Collier héritière de ces deux complices de la première heure. 

Briggs Cunningham s’éteint en 2003 à 96 ans.

 

                                         

Photos : Briggs Cunnigham Archives, Maseratitude, Fanauto, MC

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