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Bristol 450LM, ou les principes de l’aéronautique appliqués à l’automobile

Un nombre non négligeable de marques automobiles sont passées d’abord par la case avionneur. Bristol est de celles-là. Tout au long de son existence, la marque n’aura de cesse de s’inspirer de sa longue longue expérience dans la fabrication des avions. La 450LM en est l’exemple parfait et sa réussite aux 24hrs du Mans sera le témoignage concret du savoir faire  de la marque anglaise dans la transposition de ses connaissances de l’aéronautisme dans le monde de l’automobile.

Bristol : des avions à l’automobile


Avant de devenir constructeur automobile, Bristol s’est fait connaître sous le nom de Bristol Aeroplane Company en construisant des avions pendant la 2ème guerre mondiale. A la fin de cette dernière, afin de palier à la baisse des ventes, les dirigeants de la BAC décident de se tourner vers l’automobile en fondant Bristol Cars.
Ce sont d’abord avec des BMW d’avant guerre rebadgées Bristol, grace aux droits de fabrication et distribution signés avec la marque allemande, que la nouvelle marque anglaise se fait connaître. La première voiture distribuée est la Bristol 400, fortement inspirée de la BMW 327. Elle est animée par le fameux 6 cylindres BMW, légèrement retravaillé, motorisant les 328. Si les carrosseries évolueront durant toutes les années 50 , la marque restera fidèle à ce même moteur jusqu’à l’utilisation d’un 8 cylindres Chrysler en 1961.

Une Bristol pour les 24 heures du Mans.

C’est fin 52 que Bristol décide de participer aux 24hrs du Mans et de créer son propre service compétition. Niveau moteur, le 6 cylindres utilisé habituellement servira de base à la motorisation de la nouvelle voiture baptisée 450. Pour la carrosserie, c’est un châssis produit pour l’équipe ERA, qui vient de se retirer da la compétition, qui est choisit. Conçu par Eberan von Eberhost et David Hodkin, il semble présenter beaucoup d’avantages, à commencer par sa rigidité. Il doit être néanmoins retravaillé pour y fixer moteur et suspensions. Dessinée par David Summers, la carrosserie est étudiée en soufflerie. Elle est très originale et fortement inspirée de l’aéronautique avec ses deux dérives encadrant la lunette arrière. L’avant est moins réussi, la calandre, les phares tout comme le reste de la face ne sont pas d’une très grande élégance.

 

Léger problème quand la carrosserie sort, elle est trop large pour le châssis ce qui oblige l’équipe à la retravailler avant d’envisager les premières séances d’essais.
L’intérieur de la voiture est très soigné avec un tableau de bord bien étudié et des sièges habillés de cuir. Des problèmes rencontrés sur le bas moteur obligent l’équipe à rééquilibrer le vilebrequin ce qui va fortement perturber la préparation des 450 à quelques semaines des 24hrs du Mans 1953.
Malgré le manque de temps consacré à la mise au point et aux essais, ce sont deux Bristol 450 qui se présentent sur la ligne de départ de l’épreuve mancelle.
Macklin, Wisdom, Fairman et Whitehead sont les pilotes chargés de défendre les couleurs de la marque anglaise.

Le début de course est plutôt encourageant puisqu’au bout de 3 heures, les deux 450 occupent les 3 et 4ème  places en 1501/2000cc. Malheureusement, cela ne dure pas et rapidement les deux voitures doivent abandonner sur problème moteur.
Seule consolation, c’est une 450 qui réalise le tour le plus rapide de sa catégorie.
De retour en Angleterre, l’équipe travaille d’arrache pied pour être prête pour les 12hrs de Reims prévues 3 semaines plus tard. Le résultat est meilleur pour Bristol puisque la n°23 conduite par Wilson/Fairman termine 5ème et gagne sa catégorie. Même si la 2ème voiture a du abandonner, le résultat est positif et toute l’équipe est remotivée pour l’édition suivante des 24hrs du Mans.

Le Mans 54 et 55 : les 450 au premier plan.

C’est une voiture avec une carrosserie profondément modifiée qui arrive sur le circuit de la Sarthe mi juin 54. L’avant a été totalement revu. Les phares sont carrènés, la grille est transformée en une ouverture classique et la ligne est plus affinée. Le pavillon a été redessiné tout comme la partie comprise entre les deux dérives. Le travail en soufflerie porte ses fruits et la nouvelle voiture est beaucoup plus stable et performante.

Le moteur a subit lui aussi quelques modifications dont l’apport d’une culasse spéciale portant sa puissance à plus de 150cv soit près de 15cv supplémentaires par rapport à 1953.
Les résultats sont là et, après une course régulière sans gros souci, les trois voitures franchissent la ligne d’arrivée 7, 8 et 9ème, enlevant, par la même occasion, les trois premières places de la catégorie.

Ce succès est confirmé quelques semaines plus tard aux 12 hrs de Reims. Les trois Bristol engagées terminent aux 10, 11 et 12ème places ne s’inclinant que devant une Ferrari 500 Mondial pour la victoire de la catégorie.
Fort de ses résultats, la marque anglaise décide de rempiler pour une nouvelle édition des 24hrs du Mans. Même si la voiture est performante, les pilotes ne sont pas totalement satisfaits. Le cockpit peut rapidement se transformer en étuve, l’unique essuie glace est totalement inéfficace sous une pluie battante et de la buée vient perturber fréquemment la visibilité des pilotes.
Après de nouveaux essais en soufflerie, une nouvelle carrosserie voit le jour. Fini le coupé, bonjour le roadster.

Un pare-brise en plexiglas remplace le proéminent pavillon et une seule dérive vient remplacer les deux présentes sur le coupé. La ventilation naturelle améliore le confort de conduite des pilotes et la voiture gagne également en stabilité.
La course va se dérouler sans mauvaise surprise. Les trois Bristol terminent comme l’année précédente aux 7, 8 et 9ème places, enlevant également leur catégorie. Elles finissent ces 24 hrs à plus de 152 km/h de moyenne contre 146km/h l’année précédente. Le meilleur tour d’une 450 est de 4’44’’ contre 4’58’’ pour la plus rapide en 1954. Le gain est important, le moteur ayant gagné encore quelques chevaux entre les deux courses.

Les 12 hrs de Reims ayant été annulées à cause du terrible accident de Levegh durant les
dernières 24 heures, les trois Bristol ne réapparaîtront plus jamais en course.
La compagnie décide de fermer le service compétition et de détruire les voitures existantes, sa situation financière ne lui permettant pas de continuer l’aventure.
Une seule auto survivra à ce massacre : le châssis n°11 avec sa carrosserie type roadster.
Un coupé a été reconstruit à l’identique de ceux présents au Mans 54. On a eu l’occasion de l’admirer lors de Rétromobile 2022 sur le stand Peter Organisation.

Crédit photos : Pinetrest, MC, Auto Evolution , Delcampe, le blogAuto.

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