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Bruce McLaren : pilote et constructeur

Un apprentissage loin de l’Europe.

Austin Seven Ulster. 1er voiture pour les 1ère victoires de Bruce McLaren

Bruce McLaren est né le 30/08/1937 à Auckland, Nouvelle Zélande. Alors qu’il est persuadé que son avenir, comme beaucoup d’enfants nés dans la patrie des All Blacks, sera dans le rugby, il doit y renoncer lorsqu’on lui découvre une maladie lui bloquant petit à petit l’articulation de la hanche. Commence alors  trois années douloureuses pendant lesquelles le jeune Bruce alterne déplacements en fauteuil, béquilles, tout en suivant une longue rééducation qui lui permettra de retrouver une vie normale. Seule subsistera une démarche claudicante, séquelle d’une jambe plus courte que l’autre. Cette longue période à l’hôpiltal ne l’empêchera de suivre ses études pour travailler ensuite dans le garage familial.

A l’insu de son père, il lui emprunte sa vieille Austin Seven Ulster préparée. Il obtient sa première victoire à la course de côté de Muriwai, non loin de son domicile. Il a 

15 ans et a définitivement convaincu son entourage qu’il est doué pour le pilotage.

Austin Healey 100/4 5ème place à Ardmore pour Bruce McLaren

Rapidement, les événements vont alors s’enchaîner. Lors d’une de ses courses, il côtoie l’australien Jack Brabham qui commence à se faire une sérieuse réputation sur les circuits européens. Cette rencontre sera un tournant dans la vie de McLaren. Durant toute sa carrière, une amitié profonde et sincère liera le jeune néo-sélandais et son ainé australien.

Bruce McLaren/Jack Brabham : l’élève et le maître

En 1958, il gagne une bourse lui permettant de venir se frotter aux pilotes européens. Jack Brabham le prend sous son aile et va l’aider à s’habituer à sa nouvelle vie de pilote à plein temps.

Les années Cooper

C’est chez Cooper que le jeune néo-zélandais débute sa carrière en Europe. Au volant de sa Formule 2, il ne lui faut que 3 courses pour décrocher sa 1ère victoire à Silverstone. Il remet ça à Brands Hatch quelques jours plus tard ce qui décide John Cooper à l’inscrire au 

GP d’Allemagne qui accepte des F2 pour complèter sa grille de départ.Bruce sera à la hauteur des espoirs placés en lui puisque sur l’exigeant tracé du Nürburgring il termine 5ème au général et 1er des F2.

      

      GP d’Allemagne 1958. Circuit du Nürburgring. Bruce McLaren et sa Cooper F2

En 1959, il fait ses grands débuts en tant que pilote officiel de l’équipe Cooper au championnat du monde de Formule 1. Avec Jack Brabham et Masten Gregory comme coéquipiers, il est, à 21 ans, un des plus jeunes pilotes engagés dans la discipline reine.

A Monaco, à l’occasion du 1er GP de la saison, il termine 5ème d’une course à hécatombe.

Monaco 1959. Bruce McLaren sur Cooper T51. 5ème au général

Au GP de l’ACF sur le circuit de Reims-Gueux, il finit à nouveau 5ème dans une épreuve courue dans des conditions extrêmes.

Il fait encore mieux au GP d’Angleterre à Aintree où il enlève la 3ème place derrière Moss et Brabham en ayant lutté à armes égales avec l’anglais tout au long de la course. C’est, à cette occasion, son premier podium en F1.

Mais le meilleur reste à venir. Au dernier GP de la saison aux Etats-Unis, le titre doit se jouer entre Brabham, Moss et Brooks. Alors que la course, après l’abandon de Moss, est dominée par les Cooper, Brabahm, alors en tête, est victime d’une panne d’essence en vue de la ligne d’arrivée. McLaren qui le suivait hésite à le doubler. Rapidement il comprend que ce dernier ne lui laisse pas le choix et l’engage fermement à le faire. Le neo-zélandais obtempère et franchit la ligne d’arrivée à la première place, Brabham, réussissant à finir 4ème , est sacré champion du monde.

C’est la première victoire pour Bruce McLaren et le premier titre pour Cooper et Jack Brabham.

             

   Sebring 1959. GP des US. McLaren derrière Brabham sur Cooper T51

          

La saison suivante démarre de la meilleure façon qu’il soit puisque McLaren gagne en Argentine au volant d’une Cooper T45. Pourtant, sa voiture n’est pas la plus performante du plateau, la concurrence ayant fait beaucoup de progrès. Pour la saison européenne, c’est la T53 qui prend le relais. Avec cette voiture, Brabham gagne son 2ème titre mondial après avoir remporté 5 Grands Prix d’affilé. Le néo-zélandais termine 3 fois 2ème et 2 fois 3ème. Avec 34 points à son compteur, il finit juste derrière son coéquipier à la 2ème place au championnat du monde pilotes.

1961 va être une année noire pour l’écurie Cooper. Les voitures sont totalement dominées par la concurrence. McLaren obtient son meilleur résultat à Monza avec une 3ème place. C’est encore pire pour Brabham qui ne peut faire mieux que 4ème en Angleterre. L’australien va d’ailleurs quitter son employeur à la fin de cette saison et créer sa structure.

1962 voit donc Bruce leader de l’équipe ce qui lui donne plus de responsabiltés mais également plus de chance de le voir au premier plan, si sa voiture le lui permet. La saison ne commence pas mal puisqu’au 2ème GP, à Monaco, il l’emporte sur sa T60 après que Clark et G Hill aient abandonné.

Monaco 1962. Bruce McLaren et sa Cooper T60 victorieux

Mais la suite de la saison sera conforme à la hierarchie. Même s’il termine 4 fois sur le podium, il ne gagne plus et doit s’incliner au championnat devant Clark et G Hill.

Ce qu’il ne sait pas, c’est que pendant les 3 années suivantes, il ne reverra pas la plus haute marche du podium. Les Cooper sont dépassées et n’arrivent plus à suivre le rythme imposé par Lotus et BRM. Comme les Brabham deviennent très performantes, il est de plus en plus difficile, voir impossible pour le néo-zélandais de décrocher des places d’honneur.

Les saisons 63/64/65 seront celles des vaches maigres avec seulement quelques podiums à son actif. Il est temps pour lui de s’en aller et de prendre exemple sur son mentor, Jack Brabham, en créant sa propre structure pour continuer sa carrière.

Bruce McLaren et les 24 Heures du Mans.

Si le « kiwi » pilote surtout des monoplaces, il participe aussi  à des épreuves destinées aux Sports Prototypes. Aux US comme sur les circuits européens, il va, à plusieurs occasions, montrer son talent au volant de voitures diverses et variées.

Sa première participation aux 24 Heures du Mans date de 1959 où, sur une Cooper Monaco, il doit abandonner. Il y revient en 1961 et y participera, sans discontinuité, jusqu’en 1967.

C’est sous les couleurs de Briggs Cunningham qu’il va courir en 61 et 62. Ces deux années, sur des Maserati Tipo 63 et Tipo 151, il doit aussi abandonner.

Le Mans 1962. Maserati Tipo 151 McLaren/Hansgen. Abandon à la 13ème heure.

En 1963, c’est sur l’Aston-Martin DP214 qu’il prend le départ de l’épreuve mancelle. Malheureusement, ce sera un nouvel abandon. Pire encore, l’huile répandu sur la piste par sa voiture provoquera, par effet boule de neige,  l’accident mortel du brésilien Bino Heins.

A partir de 64, McLaren intégre l’équipe Ford avec pour objectif de gagner les 24 Heures.

Il faudra attendre encore quelques années, pour y arriver. En 64, comme en 65, sur une GT40 puis une MKII, il ne finit pas la course. En 1966, la chance va enfin tourner pour lui et pour l’équipe américaine. Avec son coéquipier Chris Amon, il offre à Ford sa première victoire, au volant d’une Ford MKII.

            

 Le Mans 1966. Victoire du duo Amon/McLaren sur Ford MKII

           

Il fera moins bien en 67. Avec Mark Donohue, ils terminent à une honorable 4ème place avec leur Ford MK IV.

Avant cette performance, il aura, en début d’année, remporté avec Mario Andretti les 12Hrs de Sebring sur une même auto.

Ce sera la dernière année où l’on verra McLaren conduire pour Ford. Il va alors se consacrer totalement au développement des ses propres voitures.

Bruce McLaren Motor Racing Limited : le début d’une success-story

C’est avec les frères Mayer, Que McLaren s’engage dans la création de son écurie. Tim le secondera sur la piste, Teddy sera en charge de l’organisation de l’équipe. C’est chez lui, lors de la Formule Tasmane 1964 qu’il inscrit sous son nom, 2 cooper Climax 2,5l. Si sportivement tout se passe bien, McLaren remporte le titre avec 3 victoires sur les 8 courses, son coéquipier se tue lors des essais de la dernière épreuve. Sous le choc, Teddy Mayer repart pour les US laissant le néo-zélandais en plein doute. Rapidement, il décide de poursuivre en sport prototype, jugeant la formule moins exigeante que la monoplace. Il achète une Zerex Special produite par Roger Penske. S’il gagne avec à Aintree et Silverstone, toute l’équipe s’accorde à dire que le petit Climax 2,7l qui l’équipe risque de ne pouvoir rivaliser avec les puissants V8 américains. 

Bruce McLaren et sa Zerex Special avec les « tuyaux d’orgue » du V8 Oldsmobil

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C’est donc munie d’un V8 Oldsmobile de 3 ,5l qu’elle apparaît à Mosport au Canada. C’est de suite la victoire pour McLaren.  

Tout le reste de l’année, Bruce va jongler entre son engagement en F1 chez Cooper, ses courses en endurance pour Ford et ses premiers engagements sur une voiture de sa propre conception. En effet, on voit apparaître, pour la première fois, une auto conçue par lui et son équipe. Elle porte son propre nom : McLaren M1A.

GP du Canada Mosport 1964. McLaren Elva Mark 1

Avec , il termine 3ème au GP du Canada, abandonne à Riverside avant de finir l’année 2ème au Nassau Trophy.

En 1965, il continue à gagner quelques courses, toujours sur la MK1 puis la MKII qui apparaît au Mont-Tremblant en septembre.

Mais c’est en 1966, libéré de tout engagement vis à vis de l’écurie Cooper, que le nom de McLaren va apparaître dans les médias.

Que ce soit en championnat Sport, en Can-Am, championnat se déroulant en Amérique du Nord, ou en Formule 1, Mc Laren va être sur tous les fronts.

En monoplace, la saison sera un vrai calvaire. La M2B fonctionne mal et la mise au point est difficile. Ce n’est pas le changement de moteur au cours de la saison qui y changera la donne, le V8 Serenissima étant aussi peu fiable que le V8 Ford. Seuls trois petits points lui donne une médiocre 16ème place au championnat.

C’est un peu mieux en CanAm puisqu’il termine troisième au classement final derrière Surtees et Donohue. Ce sera beaucoup mieux en sport, puisque 3 victoires viendront sauver une saison d’apprentissage pour cette tout nouvelle équipe.

1967 ne va pas être meilleure en formule 1 malgré un nouveau moteur venant de chez BRM. Seule une 4 ème place obtenue à Monaco permettra au néo-zélandais de marquer des points. 

En CanAm, c’est une toute autre histoire. Avec Denny Hulme comme coéquipier ils remportent 5 des 6 courses de la saison. McLaren gagne le championnat devant son compatriote. Ce sera le début d’une domination quasi totale dans ce championnat pour l’équipe McLaren.

McLaren M6A à moteur Chevrolet. Bruce McLaren champion CanAm 1967.

1968 va être d’un tout autre calibre en F1 pour l’équipe McLaren. Alors que les voitures souffraient du manque d’un moteur efficace, Cosworth et son nouveau V8 va apporter une réponse au problème. De plus, les finances de l’équipe sont bonnes, Goodyear et Gulf amenant de l’argent frais, ce qui permet à l’équipe d’aligner deux voitures. C’est Denny Hulme, déjà brillant en CanAm qui va piloter celle qui s’appelle désormais M7A.

La saison va se terminer avec 3 victoires pour le duo. Bruce l’emporte à Spa, Denny en Italie et au Canada.

                                  

      1968 : Victoire de McLaren à Spa

                           

Avec ses 2 succès et de nombreuses places dans les points, Hulme termine le championnat à une belle 3ème place, alors que Bruce finit 5ème. Au championnat constructeurs, c’est encore mieux avec une 2ème place finale derrière Lotus.

La saison CanAm ne va que confirmer la saison précédente. Au classement final, c’est Hulme qui gagne devant son coéquipier.

Alors l’espoir est de mise pour 1969 en F1, les résultats ne vont pas être à la hauteut des attentes. Si Bruce conserve sa 3ème place au classement final, il ne gagne aucune course. Il faut attendre le GP du Mexique, dernière épreuve de l’année pour voir Denny Hulme triompher.

             

        GP du Mexique 1969. Denny Hulme et sa McLaren M7A vainqueur.

     

En CanAm, le triomphe va être total. Alors que le championnat compte maintenant pas moins de 11 courses, les deux néo-Zélandais sur leur McLaren M8B à moteur Chevrolet vont tout gagner. Avec 6 victoires à son actif, Bruce remporte le titre devant son coéquipier.

Saison 69 : Bruce McLaren et sa McLaren M8B

Pour 1970, les voitures oranges seront à nouveau présentes en F1 et CanAm, mais aussi aux 500 miles d’Indianapolis. Pour cela, une voiture à moteur Offenhauser turbo est construite. Alors qu’il tente de se qualifier pour la course, Hulme est gravement brûlé aux mains ce qui l’éloigne des circuits pour quelques semaines. Deux M15 sont finalement alignées pour Carl Williams et Peter Revson. Si ce dernier abandonne, le premier nommé termine à la 9ème place d’une course gagnée par Al Unser.

500 Miles d’Indianapolis 1970. Car Williams et sa McLaren M15.

En Formule 1, le début de saison est encourageant. Hulme termine 2ème en Afrique du Sud et McLaren 2ème en Espagne. Si Hulme termine au pied du podium à Monaco, il manque le GP de Hollande suite à sa blessure lors des essais des 500 Miles d’Indianapolis. Bruce abandonne à Monaco et cède son baquet à Zandvoort. 

En parallèle, il prépare avec Hulme la prochaine saison CanAm et travaille d’arrache pied à la mise au point de la future McLaren M8D. C’est sur le circuit de Goodwood que des séances d’essais sont planifiées en ce début de juin 1970. Alors qu’il pousse sa mécanique, sa M8D perd son capot moteur. La voiture, privée de son adhérence, quitte la piste et vient s’écraser contre un poste de commissaires. Le néo-zélandais est tué sur le coup.

Goodwood.. Séances de mise au point.

C’est la consternation dans le monde du sport automobile. Bruce McLaren n’y avait que des amis et tous seront unanimes pour souligner sa loyauté, son courage et son honnêteté dans un milieu souvant habitué aux coups fourrés.

La disparition du fondateur de l’écurie éponyme ne va pas interrompre pour autant la marche en avant de celle-ci. Ses voitures continueront de dominer en CanAm et décrocheront à nouveau le titre en 70 et 71. En F1, il faudra attendre 1974 pour voir Fittipaldi remporter le titre sur une McLaren Ford. Ce sera le début d’une longue période de victoires couronnée par plusieurs titres. Même si les résultats ne sont plus aussi bons actuellement, l’équipe McLaren reste un des teams les plus prestigieux et titrés du monde de la F1. C’est, sans aucun doute, une belle récompense pour son fondateur.

                                      

Bruce McLaren en 1965

                                      

Crédit photos : Pinterest, McLaren Cars.

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