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Citroën DS : trois points qui en ont fait un mythe

Un design mythique loué par les plus grands, troisième de l’élection “Car of the Century” en 1999, la Citroën DS est passée de l’auto avant-gardiste au mythe automobile. Comment ? Avec quelques points bien précis qui l’ont installée à ce rang d’icône.

Son système hydropneumatique

Quand on parle de Citroën DS, impossible de ne pas revenir sur ce qui fut la grande particularité technique de l’auto : son système hydropneumatique. Il faut bien dire que c’est sur ce point là que toute la technique de la Citroën DS repose. Pourquoi ? Parce que le moteur n’a rien de novateur, c’est celui de la Traction, à peine modifié. La traction avant ? Pareil, elle arrive après les 7, 11 et 15 qui ont mis le système sur le devant de la scène dès les années 30.

D’ailleurs, et on vous l’expliquait déjà par ici, ce n’est pas la DS qui inaugure le système hydropneumatique. La Traction 15-6 H l’a déjà expérimenté, sur les roues arrière. Mais la DS étend ce système à toutes les roues. Le gros avantage : la hauteur de caisse constante permet de garder un confort impérial sans pour autant se vautrer dans les virages comme le ferait une auto équipée de ressorts.

Schéma système hydropneumatique

C’est un argument de choix pour une voiture qui se veut haut de gamme. D’ailleurs, un autre grand acteur du Haut de Gamme, Rolls-Royce, achètera la licence et en équipera ses modèles.

Ce comportement fut loué et fut un des gros arguments en faveur de la DS. Il permettait également l’originalité de pouvoir se passer de cric, en faisant simplement jouer la hauteur de caisse. D’ailleurs, une fois la roue enlevée… on pouvait toujours rouler ! Clairement, cette fantaisie n’était pas vraiment un argument de vente, mais sa démonstration faisait toujours recette !

Néanmoins, ce système faisait aussi entrer la Citroën DS dans la case des voitures d’ingénieur. La réparation et l’entretien du système n’était pas donné à tout le monde. Même la fabrication des sphères, avec des tolérances d’usinage alors peu utilisées, était un casse-tête. Autre inconvénient : l’impression de flotter pouvait donner le mal de mer aux passagers arrière !

On peut enfin ajouter que l’assistance hydraulique ne se cantonnait pas qu’à la suspension. La boîte pouvait recevoir une commande hydraulique, la direction était assistée et le freinage également. Sur ce dernier point, le “champignon” devint un cauchemar pour tous ceux qui avaient le pied un peu lourd !

Sphère Citroën LHM

Le dessin de la Citroën DS loué par les plus grands

Peut-être que l’amateur d’automobiles anciennes français est trop habitué à voir des Citroën DS pour se rendre compte de l’importance et de l’avant-gardisme de son dessin. Loué par beaucoup, il est devenu un exemple et une référence. Pour l’anecdote, lors de notre visite au Mauto pour Une Nuit au Musée, à retrouver ici, une exposition mettait en avant les modèles préférés de plusieurs grands designers internationaux. Leornado Fioravanti ou Giorgetto Giugiaro la classaient ainsi dans la catégorie des autos qu’ils auraient aimé dessiner.

Exposition au MAUTO
La DS

Derrière ce dessin on retrouve d’ailleurs un italien : Flaminio Bertoni, qui n’a rien à voir avec Bertone. Dessinateur en chef de Citroën, il a eu la chance de travailler pour une marque qui lui permettait de réaliser ses plus grandes idées. Et la ligne de la Citroën DS s’en ressent.

Imaginez qu’on est en 1955. Chez Peugeot on propose la 403, chez Renault la Frégate et chez Simca les Vedette (dont le style vient directement de chez Ford à Détroit). On voit bien que la Citroën DS originelle ne ressemble à aucune de ces autos.

Sa ligne est fuselée, aérodynamique et aéronautique. Dans une période où le monde a les yeux tournés vers les avions, où les américains dotent leurs arrières d’ailerons et de fausses tuyères, Bertoni réussit à imposer sa propre vision de ce style.

La Citroën DS garde pourtant des ailes avec des feux ronds au bout. Mais c’est là son unique “banalité”. La face avant est dépourvue de vraie calandre et le dessous comporte un carénage quasi-intégral. Les roues arrière sont également carénées. Dès les roues avant passées, la ligne part vers l’arrière en descendant, lui donnant un certain dynamisme. L’arrière n'est ni bicorps, ni tricorps. C’est celui de la DS. On ajoute quelques détails intéressants comme les clignotants en bout de pavillon ou l’habillage du custode. Ce dessin la démarque assurément de toutes les concurrentes… et elle ne s’arrêta pas là !

Citroën DS 19

Des évolutions et déclinaisons pour la rendre incontournable

Oui, la Citroën DS a évolué. Il faut dire qu’en face, les autres constructeurs tentaient de réagir. Peugeot, par exemple, accéléra sur sa 404 pour proposer une alternative à la DS. Une auto tellement alternative qu’elle jouait à fond la carte du conservatisme.

La Citroën DS évolua pourtant bien plus qu’on ne le croit. Déjà, il ne faut pas oublier qu’on proposa très vite une version simplifiée et plus abordable : l’ID. Une auto tellement confondue avec la DS (esthétiquement ça se joue à quelques détails) qu’elle contribua à rendre plus visible la “famille DS” et la rendre encore plus importante.

Ensuite, techniquement, on fit quand même évoluer le moteur pour que la voiture conserve son statut de reine de la route. Elle conserva toujours la base, le moteur de la traction, mais la puissance augmenta en 1961. En 1966, il passe à cinq paliers tandis que la DS 21 propose une cylindrée de 2175 cm³ (91ch DIN), à mettre en opposition des 1985 cm³ des DS19A (1911 sur les premières DS). En 1969 on propose l’injection électronique Bosch quand beaucoup de concurrentes passent à peine à l’injection tout court. En 1971 c’est un cinquième rapport qui est arrivé et en 1973 arrivent les DS 23 de 2347 cm³ dont la version injection culmine à 130 ch !

Moteur Citroën DS 23

Mais l’évolution la plus visible de la DS, c’est évidemment sa face avant. En dehors des évolutions du pare-chocs puis des raffinements proposés par la Pallas, la DS change de faciès en Septembre 1967 (pour les modèles 1968). Les quatre phares carénés remplacent les phares ronds, faisant de la Citroën DS une auto bien plus moderne alors que l’arrière ne change pas. Les phares longue-portée peuvent s’orienter selon la trajectoire de l’auto.
C’est d’ailleurs pour beaucoup l’image que la DS a gardé. Celle de la seconde série, arrivée plus de 10 ans après la première. Celle qui fait de la chevronnée une image d’Epinal et une auto qui reste dans les têtes !

Citroën DS 21
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