Encore une histoire de fiabilité

Quand Gary Laughlin, homme d’affaire américain et gentleman driver, est victime de problèmes mécaniques avec sa Ferrari, il décide d’initier le projet d’une voiture possédant une mécanique fiable associée à un look européen.
Il sollicite Carroll Shelby afin de travailler avec lui à l’étude d’une auto construite sur la base d’une Chevrolet Corvette, la carrosserie devant être sous-traitée en Europe.
Jim Hall, pilote et futur fondateur de Chaparral, se joint au duo et commence à plancher sur le sujet.

Par l’intermédiaire du journaliste Peter Coltrin, un contact est établi avec Sergio Scaglietti, bien connu par ses superbes réalisations pour Ferrari.
3 châssis roulant de Chevrolet Corvette sont envoyés en Italie, charge au carrossier de les habiller dans un style proche des Ferrari 250GT Tour de France.
La carrosserie devra s’adapter au châssis de la Corvette aux dimensions supérieures à la Ferrari. L’intérieur, devra lui être aux standards US, les conducteurs américains étant jugés plus corpulents que leurs homologues italiens.

Une histoire qui tourne court

La première voiture est livrée au Texas en 1960, plus de 18 mois après le lancement du projet.
Elle est loin d’être au point et nécessite encore du travail. Motorisée par le V8 à injection de 315cv issu de la Corvette, elle possède une boite 4 manuelle.
Afin d’amadouer les dirigeants de General Motors, elle possède une calandre « style » Corvette, ce qui la rend plus « américaine »

Mais l’aventure va rapidement tourner court. Chez GM, beaucoup de personnes, en interne, ne regardent pas cela avec bienveillance. Ed Cole, le président, demande à Shelby d’arrêter le projet. De plus, Enzo Ferrari aurait eu vent du travail fait par Scaglietti pour les Américains et l’aurait menacé de stopper toute collaboration avec lui s’il envisageait d’aller plus loin que les trois châssis initiaux.
Résultat des courses, Scaglietti ne termine même pas le montage des deux dernières autos et renvoie les châssis aux US alors qu’il reste beaucoup de travail à faire.

Les deux derniers châssis

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Le 2ème châssis est assemblé en Italie mais terminé aux US. C’est Jim Hall qui en prend possession. Son moteur est à carburateurs, la boite de vitesse est automatique.

Restaurée en 1989, on la voit régulièrement s’exposer dans les concours d’élégance.

L’intérieur est proche de celui des deux autres exemplaires, le confort primant sur tout le reste.

La carrosserie du 3ème châssis est fabriquée en Italie. Mais la voiture est assemblée et terminée aus US. Destinée à Carroll Shelby, il n’est pas certain qu’il en ait pris possession.

L’intérieur est totalement fait à la sauce américaine avec l’utilisation d’instruments Stewart Warner.

Elle est aujourd’hui au musée Petersen.

Epilogue

La première voiture livrée reçu un bon accueil par la presse. Tout du moins, son aspect extérieur séduisit les journalistes. Les tests routiers furent plus mitigés, beaucoup trouvant la voiture difficile à conduire à haute vitesse avec notamment un museau ayant tendance à se lever.
Pourtant, la mariée était plutôt séduisante. La similitude des deux dernières Corvette Scaglietti avec la Ferrari 250GT TDF est bluffante même si l’on peut constater quelques différences.
Nul doute que l’idée n’était pas mauvaise mais un manque de développement, de moyens financiers et surtout de volonté de la part des parties prenantes pour en faire une réussite eut raison de celle qui aurait pu devenir un vrai best-seller.

Crédit photos : Pinterest, Conceptcarz