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Coup d'oeil dans le rétro #23 - David Warburton, une passion anglaise !

Quand on va en Angleterre, on est souvent frappé par le nombre de voitures anciennes qui sortent des garages des particuliers le week-end pour une petite promenade dominicale. Triumph, Riley, Austin Morris, Jaguar, Bentley parcourent les petites routes de campagne pour la plus grande joie de leurs propriétaires. Et corrélativement, les garages en mesure de choyer ces petites et grandes merveilles sont à la mesure de la passion des anciennes.   
Pour qui passe devant les imposants bâtiments de SAS, Specialised Automotive Services, à Clitheroe, dans le Nord Est de l’Angleterre, il est difficile d’imaginer que tout a commencé il y a 40 ans dans un garage au fond du jardin familial. 
David Warburton a 16 ans en 1981 lorsqu’il entre en apprentissage de mécanique.  A partir de l’année suivante, passionné par ce qu’il apprend, il commence à réparer et à restaurer des voitures pour son usage personnel, Ford Escort. Celles-ci font des envieux, et David est très vite sollicité à les revendre dans son entourage familial et amical. Parallèlement à son apprentissage, il continue à se former ainsi par lui-même pendant 3 années en travaillant de vieux modèles le soir et le week-end. On remarque vite l’intérêt et le professionnalisme du jeune garçon à tel point qu’on n’hésite pas à lui confier très vite contre toute attente la délicate restauration d’une voiture prestigieuse, une Roll Royce Silver Shadow.
A l’issue de sa formation, David est embauché dans un garage Ford, dans l’atelier de mécanique. Mais ce qui l’intéresse avant tout, c’est de maîtriser toute la chaîne d’entretien et de réparation d’une voiture, de la mécanique à la tôlerie. Il refuse d’être cantonné à une spécialité et aspire à la polyvalence. Et lorsqu’on lui confie une voiture accidentée, il demande et obtient la plupart du temps, d’être responsable de l’ensemble des travaux. Il acquiert ainsi de multiples compétences précieuses qui lui permettent d’avoir une vision globale du chantier sur une voiture. Le soir venu après sa journée de travail, il continue de restaurer des voitures à son domicile, avide de parfaire ses connaissances du monde de la mécanique automobile. 
Rapidement nommé chef d’atelier en carrosserie, il décide de se perfectionner en soudure, tâche délicate qui demande dextérité et attention. Tandis qu’il prend du grade chez son patron, il continue à se perfectionner à domicile et il se souvient très bien comment la facture d’électricité sera particulièrement douloureuse cette année-là en raison des heures passées à peaufiner ses compétences de soudeur… D’autant plus que tout l’argent qu’il gagne est réinvesti en équipements et en outillage de plus en plus sophistiqués, son goût vers la perfection le menant à toujours rechercher le meilleur voire de l’excellence. 
Son activité extra professionnelle devient de plus en plus importante : il travaille chez lui de 5 heures à 8 heures du matin et reprend de 17 à 23 heures après sa journée de travail et parfois même pendant son heure de déjeuner. Ce rythme qui peut sembler infernal, nourri par la passion, va durer plusieurs années. 
Se mettre à son compte devient alors une nécessité devant l’ampleur des sollicitations dont il est l’objet. Le garage dans lequel il travaille lui fait un pont d’or pour le garder mais la décision est prise et représente naturellement l’aboutissement de toutes ces années. Il veillera à toujours garder d’excellentes relations avec son ancien employeur. 
Il se marie, achète une maison en 1987 avec toujours en vue des perspectives d’agrandissement. En 1993, il débute avec la restauration de voitures prestigieuses comme une Aston Martin DB5, une des dernières à posséder 4 vitesses, une Buick accidentée, des Porsche. Il est aidé dans la gestion de son entreprise par sa mère puis plus tard par sa fille. 

Logo SAS
Atlier Carrosserie
David et sa fille
David himself

Le garage prend de l’extension et s’agrandit à plusieurs reprises au fil des besoins : en effet, les restaurations engagées durent souvent plusieurs années, les propriétaires devant parfois prendre leur souffle en terme de financement pour engager la suite des réparations dont les montants sont parfois vertigineux en raison des modèles prestigieux traités. 
Et David ne laisse jamais repartir un véhicule sans en avoir fait un diagnostic précis et exhaustif qui devient vite sa marque de fabrique. La voiture n’est plus considérée comme un simple assemblage de tôle et de pièces mécaniques mais devient un objet d’étude et d’analyse spécifique. David a coutume de dire que si on s’occupe d’une Morgan, il faut penser Morgan… Et pour cela, il faut tout connaître de sa conception et de son comportement.  
En 1993 arrive Martin Bollend, ingénieur et designer, ex spécialiste du moteur de compétition. Puis suivra Peter Dawson. Le recrutement de nouveaux collaborateurs est souvent difficile car la maison est exigeante. La réputation de l’entreprise est telle qu’on vient y confier des véhicules rares et onéreux, et le garage doit désormais se munir d’assurances aux montants faramineux pour couvrir les risques que la voiture pourrait courir lors de son séjour dans ses lieux. 

Martin Bollend

Tandis qu’une Lamborghini Countach sort des ateliers, c’est une Jaguar XK140 qui entre, suivie d’une Bentley de 1928. Les clients qui sont souvent de grands collectionneurs confient à SAS les pièces les plus précieuses de leur collection. Une Jaguar MK9 venant du Texas entre en pension pour des années de réfection, le propriétaire et David s’accordant sur un montant mensuel de dépenses déposé sur un compte pivot.
David s’achète sa première vraie voiture de luxe en 2000 : une Jaguar XK8. Et sa première Ferrari d’une belle collection, une 360 Modena, suivra de peu en 2003 qu’il ira chercher en Italie à la maison mère. Le plaisir du nouveau propriétaire sera de la ramener en Angleterre avec un itinéraire empruntant les jolies routes d’Italie et de France à partir d’une vieille carte Michelin et en passant par Monaco évidemment, un rêve de gosse. 

Sa première Ferrari

Parallèlement à la restauration de voitures anciennes, il développe un département où sont fabriqués des éléments d’équipements qui vont être appréciés dans le monde entier. Ainsi, par exemple, il initie la fabrication de plaques d’immatriculation qui tout en respectant les normes des pays d’origine du véhicule, s’adapte à sa « morphologie » de manière à ne pas détériorer la ligne des éléments de la carrosserie ou de la calandre. Ce procédé lui vaudra une certaine notoriété à travers le monde, aux USA, en Allemagne, en France et en Grèce. 

Atelier
Atelier

Et lorsque SAS ne peut pas prendre en change certains travaux, il se charge de trouver les meilleurs artisans à l’étranger dont la France mais aussi dans d’autres pays. Une des performances les plus étonnantes est sans doute à venir. 
Connaissant la réputation de l’entreprise, le propriétaire d’une Dino de 1972 lui fait parvenir celle-ci d’Australie … dans des cartons : 110 boîtes contenant les éléments de la voiture, mélangés, non répertoriés sinon ce serait trop simple, qui dorment ainsi depuis 40 ans. Le dernier propriétaire des cartons en ayant fait l’acquisition en 2015 rapatrie l’ensemble en 2018 en Angleterre où trois entreprises contactées refusèrent de jouer au lego si je puis m’exprimer ainsi. Un transporteur fit parvenir par ailleurs la structure de la carrosserie. 
On a pu estimer à 99 % la totalité des pièces présentes tout en ignorant ce qui constitue le 1% manquant. Rien que l’ouverture des boîtes demande un soin et une attention très particuliers avec le classement des pièces qu’elles contiennent. Le moteur est lui aussi en pièces détachées mélangés au restant. Un vrai jeu de patience qu’il faudra sans doute mener sur plusieurs années pour reconstituer l’ensemble. 

Dino en boîte
Dino en boîte
Dino en boîte


Parallèlement, SAS a développé aussi une activité d’expertise et de conseil à l’achat, ainsi que des partenariat avec des firmes de peinture spécialisées dans la voiture de luxe.

Partenariat


    On aura compris que le parcours de David est un parcours prestigieux fait de ténacité et de passion, d’exigeante et d’une conscience professionnelle sans faille. Des prix nationaux et internationaux, 6 awards prestigieux, viennent récompenser chaque année l’excellence de SAS et le travail de ses collaborateurs. Il est inutile de préciser que l’entreprise apporte le même soin à traiter des véhicules moins prestigieux, ou modernes que pour réhabiliter des voitures anciennes au parcours prestigieux. 

Equipe et prix

Aujourd’hui, une partie des activités consiste à transmettre un savoir-faire acquis par des milliers d’heures de travail intensif. 
Devenu une référence dans son pays, mais aussi en Europe et à l’International, David officie lui-même avec toujours autant de plaisir et de passion dans son entreprise du Lancashire.   

Carrosserie
Mécanique

Article rédigé par Marie-Catherine Ligny en collaboration avec Mark Stone, Journaliste, présentateur radio et TV, en accord avec David Warburton, Specialised Automotive Services.

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