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Denzel : celle qui aurait pu faire de l’ombre à la Porsche 356

Quand à la sortie de la 2ème guerre mondiale, Ferry Porsche commercialise les premières Porsche 356, c’est sur la base d’une KdF-Wagen, autrement dit la future « coccinelle », qu’il mème à bien son projet. On connait la suite de l’histoire et le succès qu’obtiendra la 356. Ce ne fut pas le seul à s’intéresser à cette base. Wolfgang Denzel développa également une auto qui aurait pu soutenir la comparaison avec celle proposée par Porsche. Mais la VW-Denzel n’emboitera pas le pas de sa glorieuse « cousine ». Retour sur l’histoire de celle qui aurait pu faire de l’ombre à la Porsche 356.

Wolfgang Denzel, ingénieur aux multiples talents.

       

Wolfgang Denzel est né en Autriche en 1908. Homme à multiples casquettes il coiffera celles d’ingénieur, importateur BMW, constructeur et pilote, aussi bien sur deux que quatre roues.
C’est à la fin des années 40, qu’il décide de construire et commercialiser des voitures sous sa propre marque. Décelant un vrai potentiel dans le moteur équipant les Volkswagen, il décide d’utiliser la plateforme des premières « coccinelle » et de l’habiller d’une carrosserie maison. Il s’inscrit avec, en 1949, au Rallye autrichien des Alpes. Ce sera pour lui l’occasion de se frotter, pour la première fois, à une Porsche Type 64 future 356. Si cette dernière abandonne, la Volkswagen WD (nom porté par les premières Denzel) l’emporte dans la classe des 1100c

Rallye autrichien des Alpes 1949. La Volkswagen-WD vainqueur dans la classe 1100cc


Naissance de la version route

Fort de ce premier bon résultat, Wolfgang Denzel décide de lancer une version route. C’est début des années 50 que les premières voitures sont produites. D’abord équipée du 1100cc et habillée d’une caisse en acier, elles vont rapidement passer à 1300cc avec une carrosserie construite en aluminium. De plus, si le moteur vient toujours de chez VW, elle bénéficie maintenant d’un châssis maison.

Denzel 1300


Outre une amélioration des performances liée au gain de poids dû à l’emploi de l’aluminium, le moteur est lui aussi fortement retravaillé. Du vilebrequin aux pistons en passant par les bielles, tout est revu. D’un moteur délivrant à la base qu’une trentaine de cv, celui qui équipe les Denzel en propose plus de 60 dans sa version S.

Moteur 1300 de la Denzel


L’augmentation de cylindrée va se faire en augmentant la course du vilebrequin tout comme le diamètre de l’ensemble cylindre/piston. De plus, ce dernier ainsi que les bielles, d’origine en acier, sont remplacés par d’autres en aluminium.
Pour ce qui est de l’intérieur, celui-ci est dans l’esprit de la voiture : simple et efficace. Le pilote a, sous les yeux, ce qu’il faut pour contrôler la bonne marche du moteur. Le confort est plutôt spartiate mais suffisant.

La carrosserie est signée Karroriefabrik FK. Elle est très fluide et sans artifice tout à fait conforme à l’idée de ce que l’on attend de la part d’un roadster/spider des années 50.

La Denzel en compétition


Austrian Alpine Rally 1954

La Denzel va, durant près de 10 ans, participer à de nombreuses compétitions. D’abord en Europe où ses qualités vont faire merveille sur les parcours sinueux. Son équilibre, dû à une très bonne répartition des masses, lui permettra de décrocher quelques belles victoires ou places d’honneur malgré sa cylindrée modeste.
Elle gagne ainsi, à nouveau, l’Austrian Alpine Rally en 1954 et 1956 puis, surtout, la coupe des Alpes en 1954 avec l’équipage Denzel/Stroinigg.

Coupe des Alpes 1954 : Denzel/Stroinigg Vainqueurs


A cette occasion, la Denzel devance Jean Redélé sur 4CV 1063 mais aussi Stirling Moss sur Sunbeam Alpine ainsi que toutes les Porsche 356.
On retrouvera parfois une Denzel engagée sur des épreuves se déroulant sur le sol français. C’est le cas en 1956 quand Marcel Lauga inscrit sa WD au Tour de France Automobile où il devra abandonner. On le retrouvera aux Coupes du Salon où il terminera 4ème. En 1957, c’est le couple Morel qui engage leur Denzel au Tour de Corse. Malheureusement, ils ne verront pas l’arrivée.

Tour de Corse 1957. La Denzel des époux Morel.


Au Portugal, l’importateur local, Auto Portuguesa, basé à Lisbonne, va permettre à plusieurs pilotes locaux d’obtenir de bons résultats au volant de leur Denzel comme sur le circuit de Porto où, en 1954, Enesto Martorelli remporte l’épreuve devant son compatriote JF Nogueira.
En Angleterre aussi, on retrouvera quelques WD à Aintree ou Oulton Park.
Aux Etats-Unis, elles participeront à de nombreuses épreuves à commencer par les 12Hrs de Sebring où celle de Toland Devaney termine à une honorable 12ème place.

Louise Cano Denzel n°191 à Cotati en 1957.

 

1959 : fin de l’aventure pour la marque Denzel.

C’est en 1959 que Wolfgang Denzel décide d’arrêter la production de voitures à sa propre marque. Il faut dire qu’il est également concessionnaire BMW et qu’il travaille avec le constructeur bavarois au développement de la BMW600 future BMW700. De plus, la Denzel est très chère. Quand une Porsche 356 Speedster coûte environ 3000$, la Denzel vaut 4500$. A ce tarif-là, elle est vendue à un prix plus élevé que celui d’une Jaguar XK120 ou 140 ce qui limite forcément les ventes.
Encore aujourd’hui, il est très difficile de déterminer avec certitude le nombre de Denzel produites. Beaucoup avance le chiffre de 65 voitures dont 30 existent encore de nos jours.

Denzel 1957.


Compte tenu de ce nombre très limité, il n’est pas fréquent d’en voir lors des grandes ventes aux enchères. Les rares qui changent de mains, se font à des prix comparables à ceux obtenus par les Porsche 356 Speedster. Cela ressemble à une forme de reconnaissance vis à vis de Wolfgang Denzel et de celle qui aurait pu devenir, avec un peu plus de moyens, une concurrente plus que sérieuse à la 356.

                                               
                                                     
Crédit Photos : Pinterest, RM Sotheby’s, Denzel Archives, Denzel Fan Club.

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