Dans la carrière des grands carrossiers italiens, il est des jalons plus marquants que d’autres. Pour Zagato, cette Ferrari 166MM Panoramica représente un de ceux là. Explication.
Dans le monde très fermé des grands carrossiers italien, Zagato à toujours été un de ceux pour qui la recherche de l’innovation occupe une place très importante dans ses créations.
Quand, à la sortie de la 2ème guerre mondiale il reprend ses activités, il imagine déjà ce que pourrait être la voiture de demain. Très influencé par l’aéronautique, il décide d’en appliquer certains principes et se lance dans ce qui va s’appeler la série des Panoramica.
Une des premières voitures produites le sera sur base de Fiat 1100 et ce, dès 1947. Très vite, Zagato va s’attaquer à d’autres marques, principalement italiennes mais pas que. En effet, outre Fiat, certains châssis issu de la production Lancia, Alfa-Romeo, Maserati et même MG passent entre ses mains. C’est une centaine de voitures qui vont être ainsi produites sous cette dénomination entre 1947 et 1950.
Mais c’est une production unique qui va retenir particulièrement l’attention : la Ferrari 166MM Panoramica.
Alors que plusieurs voitures de la série des Panoramica sont déjà sorties des ateliers Zagato, il faut attendre août 1949 pour voir une Ferrari carrossée sous cette forme. Ce n’est pas une demande de l’usine, mais celle du gentleman driver Antonio Stagnoli concessionnaire Piaggio à Brescia. Il participe régulièrement au volant de Fiat Siata Sport, Cisitalia ou Osca MT4 à diverses épreuves italiennes, dont les Mille Miglia. Il fait alors appel à Zagato pour habiller un châssis de Ferrari 166MM (châssis s/n0018).
Pour le carrossier milanais, c’est une grande nouveauté. C’est le premier châssis venant de Maranello sur lequel il va devoir travailler.
Comme pour le reste des voitures de la série, Zagato va y appliquer des recettes puisées dans l’aéronautique. L’aérodynamisme est particulièrement recherché. Rien ne doit venir perturber la pénétration dans l’air. C’est Vieri Rapi, un ex de chez Isotta-Fraschini, qui est chargé du design de la voiture. Celui-ci va travailler en particulier sur l’habitacle du véhicule. Grâce à l’utilisation du Plexiglas, il fait coup double. D’un côté, il gagne sur le poids total de l’auto et peut aussi améliorer la luminosité de l’intérieur en incurvant le haut des vitres latérales qui viennent ainsi prendre l’espace réservé habituellement au toit.
Le principe de cette carrosserie est apprécié par le conducteur qui bénéficie d’une vision panoramique améliorant sensiblement sa vision latérale, mais aussi des passagers, sensibles à la lumière qui envahit la 166MM. De plus, le toit est positionné plus haut, ce qui donne un sentiment d’espace inhabituel pour ce type de voiture. Revers de la médaille, son profil est très singulier et peut provoquer un certain rejet.
Son propriétaire va l’engager rapidement dans diverses épreuves, du Circuito de Senigallia aux Mille Miglia en passant par la Coppa d’Oro delle Dolomiti.
En 1950, Stagnoli demande à Zagato de recarrosser sa berlinette en spider.Avant cette transformation, il inscrit sa 166MM Panoramica à une dernière course de côte, l’Aosta Gran-Bernardo, qu’il remporte.
Il faudra attendre les années 2000 pour voir le châssis 0018 retrouver sa carrosserie d’origine. Son nouveau propriétaire demande à Zagato de restaurer la voiture et de la remettre sous sa forme Panoramica.
Cette carrosserie n’est peut-être pas la plus belle des réalisations en provenance de chez Zagato Elle n’en demeure pas moins le témoin d’une époque et un jalon essentiel dans l’histoire de la collaboration entre le carrossier et Ferrari.
Crédit Photos : Pinterest ; Archives Zagato, Coachbuild