Si l’on devait citer un nom pouvant être identifié à l’automobile italienne, nul doute que celui de Giovanni Agnelli arriverait en bonne position dans les sondages. Celui qui pilota Fiat, Lancia, Alfa Romeo et Ferrari, fut pendant plusieurs décennies le flamboyant représentant de l’industrie phare de la péninsule. Homme de goût, il possèda de nombreuses Ferrari. Cela mérite bien un petit inventaire des plus remarquables d’entre elles.
Il est impossible de résumer le parcours mouvementé et passionnant de Giovanni (Gianni) Agnelli en quelques lignes. Il faudrait, à minima, un roman ou un film longue durée pour dérouler la vie tumultueuse et riche de celui surnommé « l’Avvocato ».
Pour les plus jeunes qui ne connaissent pas le personnage, il est utile de rappeler qu’il est issu d’une famille aisée liée à l’industrie italienne depuis plusieurs générations. Le jeune Gianni a d’abord profité pleinement de sa vie d’enfant privilégié en fréquentant les milieux de la mode ou du cinéma comme celui des têtes couronnées d’Europe. C’est à 46 ans qu’il prend la gouvernance de Fiat et va faire de la marque une des plus performantes avec à la clef quelques rachats prestigieux (Lancia, Alfa Romeo, Ferrari).
Mais bien avant d’être un grand capitaine d’industrie et de piloter le groupe Fiat, l’Avvocato fut un amateur éclairé de voitures performantes qu’il aimait conduire vite. C’est ainsi qu’il se retrouva au volant de Ferrari, construites, pour certaines, en suivant les demandes spécifiques formulées par lui-même.
Elle fut livrée en juillet 1950. Avec son V12 de 1995cc, elle développait 140cv. Sa peinture bicolore, bleu foncé métallisé pour la partie haute et vert foncé métallisé pour la partie inférieure fut choisie par Agnelli, tout comme la sangle positionnée sur un capot sans prise d’air. Il la garda 2 ans. La voiture fut vendue en Belgique où on vit Olivier Gendebien gagner la Coupe de Spa à son volant en 1953. Elle passera ensuite entre les mains de Jean Blaton, alias Beurlys, qui continuera à courir avec avant de la céder à Jacques Swaters.
Cette 212 est une forme d’évolution de la 166MM. C’est Vignale qui est choisi pour la carrosser sous forme de berlinette. On retrouve sous le capot le V12 Colombo porté à 2563cc. La puissance cumule alors à 150cv. Elle fut livrée en 1952. Peinte en deux tons, bleu foncé pour la partie basse, blanc crème pour l’habitacle, elle avait le volant à droite. Agnelli ne la garda pas très longtemps puisqu’il s’en sépara en mai 1953.
C’est en 1954 que Giovanni Agnelli demande à Pinin Farina de lui étudier une voiture très personnalisée. Ce sera un one/off pour le carrossier habituel de Ferrari qui va rompre tous les codes de la maison. L’Avvocato en prendra possession en 1955, peu après le Torino Motor Show pendant lequel la voiture est présente sur le stand du carrossier.
Le moteur 12 cylindres de 4522cc délivre près de 300cv ce qui représente un bon important comparé à la précédente 212 Inter. La calandre, placée au bout d’un long capot, présente un rectangle placé au milieu de la face avant contrairement aux habitudes de la maison. L’intérieur est particulièrement soigné, mais surtout, ce qui surprend, c’est son toit panoramique qui confère à l’habitacle une luminosité peu courante.
Comme ses précédentes Ferrari, la voiture est bicolore. L’essentiel de la carrosserie est vert foncé métallisé, une partie du cockpit étant peinte en bordeaux métallisé. Ce contraste entre les deux couleurs est particulièrement réussi, quoique inhabituel.
Agnelli gardera sa 375 America jusqu’en 1959 où elle repart à l’usine avant d’être vendue aux US.
Livré en 59 à Agnelli, elle est aussi le résultat d’une demande spéciale faite à Pinin Farina. Présentée au Turin Motor Show, elle subira quelques modifications avant d’être revue à Genève en 1960. Là aussi, le style de la voiture est bien différent du reste de la production Ferrari. De nouveau on retrouve une large calandre restangulaire qui vient s’insérer entre 4 phares ronds. Dotée d’un pare-brise panoramique enveloppant, son format et son style se rapproche presque d’une voiture familiale à deux portes. Sa face arrière est spécifique au modèle, deux petits ailerons profilés lui donnant un petit air d’américaine en plus chic. Elle aussi sera bicolore, un gris métallisé se mariant avec un noir métallisé.
Elle est motorisée par un V12 de 3967cc qui délivre près de 340cv.
A l’origine, Agnelli demanda au carrossier de ne mettre aucun badge sur la voiture, ce qui fût respecté. Ce n’est que bien plus tard qu’un de ses propriétaires apposa le badge Ferrari sur le capot avant.
Elle fut la propriété de l’industriel italien jusqu’en septembre 1962.
Cette 365P signée Pininfarina est présentée au salon de Turin 1966 avant d’être livrée à Gianni Agnelli. Elle arbore un beau gris métallisé souligné par une bande noire qui court sur les flancs de la voiture.
C’est toujours un V12 qui l’anime. D’une cylindrée de 4390cc il délivre plus de 380cv.
Mais ce qui caractérise avant tout cette auto c’est son intérieur. En effet, ce n’est pas un coupé traditionnel à deux places. Ce sont trois sièges que l’on retrouve dans l’habitacle. Positionnés côte à côte, le pilote occupe la place centrale. Celle-ci est légèrement décalée vers l’avant afin de permettre une meilleure visibilité sur les côtés.
De plus, elle est dotée d’un toit panoramique rendant l’habitacle beaucoup plus lumineux.
Agnelli gardera sa 365P jusqu’en 1975 où elle prendra la direction des US.
L’industriel possèdera quelques autres Ferrari plus récentes et postérieures au rachat de la marque au cheval cabré par Fiat et son bouillant dirigeant. On le vit notamment au volant d’une Testarossa Spider Valeo qu’on lui offrit en 1986 pour ses 20 ans à la tête de la marque turinoise.
Un beau cadeau pour celui qui incarna l’industrie de la péninsule pendant plus de trente ans et symbolisa à lui tout seul l’insouciance italienne et la dolce vita.
Crédit Photos : Pinterest. Artcurial, Ferrari Archives.