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Jochen Rindt : Champion du monde à titre posthume mais pas que.

Jochen Rindt : Champion du monde à titre posthume mais pas que.

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Quand on parle du champion autrichien, vient spontanément à l’esprit que c’est, à ce jour, le seul pilote ayant été sacré champion du monde à titre posthume. Ce serait résumer de façon sommaire son histoire et surtout, oublier un peu vite qu’il fût un immense champion aussi à l’aise en formule 1 qu’en sport prototype. Un bon motif pour se rappeler sa carrière et lui rendre l’hommage qu’il mérite.

Une jeunesse à toute vitesse.

Né pendant la deuxième guerre mondiale à Mayence, Jochen Karl Rindt est élevé par ses grands-parents, ses parents ayant succombé à un bombardement.

C’est du côté de Graz en Autriche qu’il grandit. L’entreprise, familiale spécialisée dans le broyage d’épices, toujours basée en Allemagne reprend avec succès ses activités et c’est le très jeune Jochen qui en est le président même si son âge ne lui donne accès à aucune responsabilité réelle. Son intérêt pour l’école étant limité, c’est dans les disciplines sportives qu’il montre ses talents. C’est ainsi qu’il brille en ski, mais surtout, au guidon ou volant d’une multitude de machines différentes. Moto, scooter, auto, tout est bon pour lui dès l’instant où il peut se mesurer à ses camarades dont l’un d’entre eux deviendra un de ses concurrents sur la piste : Helmut Marko.

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Il débute la compétition en 1961 au volant d’une Simca-Montlhéry. Mais c’est surtout l’année suivante qu’il va commencer à faire parler de lui en remportant plusieurs victoires au volant d’une Alfa Romeo Giulietta TI préparée par Conrero.

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En 1963, il achète une Cooper Formule Junior et démarre la saison en fanfare puisqu’il décroche la pole position à Vallelunga avant de remporter sa première victoire à Cesenatico.

C’est à ce moment-là, qu’il rencontre et sympathise avec Frank Williams qui le convainc de venir s’installer à Londres. Début 64, il achète celle qui lui permettra de se faire un nom dans le milieu, une Brabham BT10-Cosworth prête à courir en Formule 2.

Montée en puissance et confirmation.

Soutenu par BP et Ford Austria, Jochen Rindt va frapper un grand coup lors de sa première épreuve sur le sol anglais à Mallory Park. Il décroche la pole position au nez et à la barbe de tous les pilotes présents, notamment, Jim Clark et Denny Hulme. Même s’il ne termine que 3ème de la course, les spectateurs sont bien conscients d’avoir vu naître ce jour-là, un futur grand champion. À Crystal Palace, il remet ça de façon encore plus concluante puisqu’il domine la course en devançant en finale Graham Hill, Jim Clark et Denny Hulme. Sa carrière est lancée et, même si le reste de la saison sera moins brillant, il devient du jour au lendemain une des vedettes du plateau.

Rob Walker séduit par le jeune Autrichien lui propose même de faire une pige au Grand Prix d’Autriche à Zeltweg sur une piste que Rindt connaît pour l’avoir déjà pratiqué.

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Sur une Brabahm BT11 à moteur BRM, il doit abandonner, mais sait qu’il a fait bonne impression et espère recevoir une proposition de contrat en F1 pour la saison qui s’annonce. C’est Cooper qui rafle la mise et qui engage l’Autrichien pour trois ans.

Cette année 65 va être pour Rindt une année d’apprentissage. Les Cooper ne sont plus aussi performantes que les années précédentes et il doit se battre avec une voiture moins puissante que les Lotus ou Brabham. Une maigre 4ème place au Nürburgring sera sa seule performance notable, la suite n’étant qu’une succession d’abandons pour cause de problèmes mécaniques ce qui viendra assombrir l’avenir de Jochen dans l’équipe anglaise.

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En parallèle de sa saison en monoplace, Rindt se distingue au volant de sports prototypes. C’est d’ailleurs dans cette catégorie, qu’il va obtenir sa plus belle victoire de l’année. Associé à Masten Gregory (et peut-être à Ed Hugus 3ème pilote fantôme) sur une Ferrari 250 LM du NART, il remporte les 24hrs du Mans, preuve qu’il n’est pas non plus qu’un pilote casse cou martyrisant sa mécanique en permanence comme cherche à le faire croire quelques personnes mal intentionnées même s’il faut reconnaitre que la Ferrari pilotée par les deux hommes a fini la course au bord de la désintégration tant elle a été malmenée tout au long de ces 24 heures, plus particulièrement quand l’équipage a du rattraper le temps perdu au stand à remettre d’aplomb un moteur douze cylindres privé de six d’entre eux.

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On reverra l’Autrichien au départ de cette même épreuve en 1966 où là, sur une Ford GT40 partagée avec Innes Ireland, il devra abandonner.

En 66, l’écurie Cooper fait appel à Maserati pour motoriser ses voitures. Même si le manque de puissance est flagrant par rapport à la concurrence, Rindt manque de peu la victoire à Spa sous une forte pluie typique des Ardennes belges. Une autre 2ème place aux Etats-Unis lui permet de terminer 3ème au championnat avec 22 points. Mais il n’a toujours pas gagné ce qui ne plaide pas en sa faveur, surtout que son coéquipier John Surtees, arrivé en cours de saison chez Cooper, a terminé en tête du Grand Prix du Mexique offrant à la marque anglaise sa première victoire depuis 4 ans.  

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67 ne sera pas mieux pour l’Autrichien. La Cooper est de moins en moins performante et ce n’est qu’une cascade d’abandons qui parsèment sa saison de Formule 1. Lassé de ce manque de compétitivité, il en arrive même à faire volontairement un sur-régime lors de l’avant-dernier GP de la saison ce que ne lui pardonne pas son directeur sportif Roy Salvadori qui le prive du GP du Mexique dernière épreuve de l’année. Mais peu importe, sa razzia de victoires en formule 2 tout au long de cette année 67 sur sa Brabham BT23  (5 victoires en championnat) va lui ouvrir les portes de l’Ecurie Brabham en F1 avec, pense-t-il, une chance sérieuse de remporter une première victoire dans la catégorie reine.

Du doute à la consécration

1968 sera une année à oublier pour l’autrichien. Les Brabham motorisée pat le V8 Repco sont loin d’être aussi compétitives que les années précédentes. Pour pouvoir lutter contre une concurrence mieux armée avec le moteur Ford Cosworth, les ingénieurs ont du aller jusqu’au bout de ce qu’il est possible de faire avec un moteur dont l’une des principales qualités était sa fiabilité. Le résultat final est une suite d’abandons et ce ne sont pas les deux 3ème places obtenues en Allemagne et en Afrique du Sud qui peuvent le satisfaire.

Même si l’entente entre Jack Brabham et Rindt est très bonne, ce dernier doit prendre une décision radicale pour la saison 69. Colin Chapman lui offrant un contrat difficilement refusable, il s’engage avec Lotus dans l’espoir de concrétiser au plus vite son rêve de victoire en F1.

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1969 sera une année digne des montagnes russes. Rindt, qui sait les Lotus performantes mais pouvant manquer de fiabilité, est, dans un premier temps, victime de soucis techniques qui perturbent le début de saison. Ces problèmes ne proviennent pas du moteur, mais de différents éléments de sa voiture que le pilote trouve trop fragiles. C’est à Montjuich qu’il subit son plus grave accident. Alors qu’il est en tête, son volumineux aileron arrière se brise ce qui a pour effet d’envoyer la voiture dans le rail de sécurité.

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L’Autrichien est gravement blessé au visage et il doit faire l’impasse sur le Grand Prix suivant. Suite à cette sortie de route, Rindt accentue alors sa pression sur son team manager pour améliorer la sécurité de ses voitures et milite également auprès des autorités sportives pour faire supprimer ces ailerons gigantesques perchés à plus d’un mètre du sol. Il aura d’ailleurs gain de cause, s’attirant au passage les foudres de Colin Chapman peu enclin à admettre ses erreurs. Heureusement, la fin de saison lui sera plus favorable. Après deux podiums en Italie et au Canada, il remporte le Grand Prix des Etats Unis sur le circuit de Watkins Glen. Son objectif prioritaire a été atteint et le programme proposé par Lotus pour l’année suivant lui donne de grands espoirs.

Un sacre  douloureux.

La Lotus 72 n’étant pas prête à temps, c’est sur sa « vieille » 49C que l’Autrichien débute la saison 70 par un abandon. A Jarama, sa nouvelle voiture est bien présente, mais, à nouveau, il ne termine pas la course suite à des problèmes d’allumage. Au Grand Prix suivant à Monaco, il se présente, contraint et forcé, avec la 49C, la 72 poursuivant sa mise au point. Mal positionné sur la grille de départ, Rindt fait une course sage qui lui permet d’envisager une belle 2ème place derrière Brabham. Au dernier tour l’Australien manque son freinage au virage du gazomètre ce qui laisse la porte grand ouverte à l’autrichien qui gagne là son 2ème GP, la chance ayant été, pour une fois, de son côté.

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La suite de la saison sera conforme à ses attentes. Il gagne à Zandvoort, Charade, Brands Hatch et Hockenheim malgré des Ferrari 312B de plus en plus menaçantes. Le voilà confortablement installé à la première place du championnat et son entourage s’imagine déjà que le Grand Prix d’Italie sur l’autodrome de Monza doit lui apporter le titre avant même que l’on aborde les derniers Grands Prix.

Seule ombre au tableau, la mort de Bruce McLaren et Piers Courage dans le courant de la saison. Il en a été profondément affecté et, également à la demande de son femme Nina, il a déjà décidé de se retirer une fois le titre acquis.

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Avant la séance d’essai chronométrée, il choisit de ne pas mettre d’aileron sur sa voiture afin de privilégier la vitesse de pointe, primordiale sur ce circuit fait de grandes et longues lignes droites. Au cours d’un de ses tours lancés, sa voiture quitte la piste au freinage de la Parabollica et percute le rail de protection,  sa voiture s’étant mise à louvoyer avant de tirer sur la gauche juste au moment du freinage.

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Le pilote décède dans l’ambulance qui l’emmène vers Milan. On retrouvera sur place un maître cylindre de frein cassé, problème déjà constaté lors de précédents Grand Prix sur les Lotus. Colin Chapman sera incriminé, mais l’affaire sera classée sans suite.

C’est en fin d’année que Jackie Stewart, avec qui Jochen Rindt avait noué une grande amitié, remet à Nina Rindt, la coupe de champion du monde des conducteurs, personne n’ayant pu rattraper le pilote Lotus au classement du championnat lors des 4 derniers Grand Prix.

Jochen Rindt aura marqué de son empreinte le monde de la F1. Tout d’abord par ses qualités de pilote, fougueux, intrépide, mais aussi par sa personnalité bien trempée, n’hésitant jamais à dire ce qu’il pensait. Il fut l’un des plus actifs lors de la création de l’association des pilotes de Grand Prix, n’ayant de cesse de se battre pour améliorer la sécurité de ceux-ci que ce soit lors de la conception des voitures qu’au niveau de la sécurité des circuits.

À ce jour, et heureusement, il est le seul pilote à avoir été sacré à titre posthume.

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Sources : Rally Racing, Auto123, Bild, The Guardian, Snaplaginet, Red Bull Racing, MotorSport. Lire absolument le livre de David Tremayne Jochen Rindt “Uncrowned King”

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