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La plus belle collection du monde ?

En 2011, comme beaucoup de monde, je me suis précipité au Musée des Arts Décoratifs pour admirer les 17 voitures venant de la fameuse collection Ralph Lauren. Ce fut pour moi une grande claque que de voir en un même lieu tant d’icones de l’automobile. Aujourd’hui, cette collection est toujours aussi remarquable et reste une, si ce n’est la plus belle de toutes celles que je connais. Retour sur quelques unes des voitures qui la compose.

Ralph Lauren : styliste collectionneur.

Ralph Lauren est né à New York en 1939. Très tôt, il va être happé par une de ses passions : la mode. Après avoir été vendeur chez Brooks Brothers, il va créer une collection de cravates puis, après avoir ouvert sa première boutique, commencer à vendre une ligne de vêtements sous la marque Polo. La réussite est fulgurante. C’est ce succès dans les affaires qui va lui permettre d’assouvir une autre de ses passions : l’automobile.
Si sa première voiture est une « modeste » Morgan Plus 4, c’est déjà le signe d’un certain parti pris, particulièrement quand on habite aux Etats-Unis.
C’est dans les années 80 que le styliste va commencer à constituer sa collection. Même s’il se défend d’être à proprement parler un collectionneur, il va acheter les voitures les plus emblématiques produites par les plus grandes marques. Pour autant, toutes ces dernières ne sont pas représentées. Pas de Maserati, Delage ou même, autos américaines. Pour être dans son « garage », les voitures doivent avoir ce supplément d’âme, cette aura qui entoure certaines des plus belles créations du monde de l’automobile. Pour Ralph Lauren, le passage par la compétition est un critère important. C’est pourquoi une grande partie de celles qu’il possède sont passées par là.

Une soixantaine de voitures exceptionnelles.

Faire l’inventaire de cette fabuleuse collection reléverait presque du pensum tant il y a à écrire. Elle comporte une soixante de voitures dont une majorité ont un pedigree long comme le bras. Certaines d’entre elles me parlent plus que d’autres. Même si ses 300SL, Porsche 550 ou 718, Aston Martin DB5 Volante, Mc Laren F1, Jaguar D-Type, multiples Ferrari ou Bugatti mériteraient que l’on s’y arrête, je me contenterai de 5 d’entre elles. Elles illustrent parfaitement l’esprit dans lequel cette collection a été constitué et sont celles qui sont, à mes yeux, les éléments phares de cette collection.

Bugatti 57SC Atlantic 1938. Châssis 57591

Cette voiture est considéré par son propriétaire comme la plus belle voiture du monde. Sortie d’usine en 1938, elle a été livrée en Angleterre à un certain Richard Pope. Elle est la dernière construite par la marque de Molsheim et une des deux survivantes sur les 4 produites, si on prend en compte que 57473, après avoir été détruite dans un accident, est plus une reconstruction qu’autre chose et que 57453 a disparu des radars au début de la 2ème guerre mondiale. Achetée en 1988, 57591 a été totalement restaurée sur une période de 2 ans. Extrapolée de l’Aérolithe, elle en a gardé cette arrête centrale si caractéristique. Equipée de son 8 cylindres à compresseur, elle est aussi performante que belle. Cette Atlantic, qui figurait parmi les voitures présentes au musée des Arts Décoratifs, est, à la fois, une oeuvre d’art, le symbole des grandes carrosseries françaises des années 30 mais aussi le rappel des grands succès de Bugatti en compéttion.

Mercedes-Benz SSK 27/180/250 Comte Trossi » 1930. Châssis 36038

Après avoir vécu une première vie carrossée en spyder par Touring, 36038 est acheté par le Comte Trossi en 1933. Il décide alors de l’habiller sous forme d’un roadster. A partir de ses suggestions, une nouvelle carrosserie est dessinée par Willy White un jeune carrossier indépendant vivant en Italie. Son moteur 6 cylindres, doté d’un compresseur mécanique Roots, de 7 litres développe près de 300cv ce qui permet à cette SSK d’atteindre une vitesse de pointe de l’ordre de 235km/h. Son long capot duquel ressort l’échappement chromé et son arrière profilé en font une véritable sculpture sur roues.

Alfa Romeo 8C 2900 Mille Miglia1938. Châssis 412030  

Pour ce qui me concerne, et si je devais en choisir une, ce serait cette Alfa Romeo 8C 2900MM que je garderais. Carrossée par Touring, c’est une des 4 voitures péparées pour les Mille Miglia 1938. Engagées par Alfa Corse, l’écurie de course placée sous la responsabilité d’Enzo Ferrari, elle termine 2ème de l’épreuve avec l’équipage Pintacuda/Mambelli à son volant. Avec son 8 cylindres de 2,9l développant 225cv, elle répond à merveille aux souhaits de Ralph Lauren de privilégier, pour sa collection, des voitures venant de la compétition. L’élégance du design donne à cette 8C une allure folle que renforce ses ailes en forme de goutte d’eau. Un chef d’oeuvre.

Ferrari 250 GTO 1962. Châssis 3987GT

Voiture devenue mythique, autant par son histoire que par son palmarès en compéttion, la 250 GTO est souvent considérée comme le graal absolu de tout grand collectionneur. Conçue par Giotto Bizzarini sous la supervision de Carlo Chiti elle représente ce qui se fait de mieux dans la catégorie des GT au début des années 60. Avec son V12 de près de 300cv, elle atteint les 280km/h. Sa silhouette signée Scaglietti est devenue, au fil des années, l’emblème quasi parfait de ce qu’est une GT à cette époque. La voiture de Ralph Lauren va obtenir quelques beaux succès sur la piste aux mains des frères Rodriguez ou de Roger Penske. Ce dernier, associé à Augie Pabst terminera à une brillante 4ème place aux 12hrs de Sebring 1963 en gagnant sa catégorie. Après avoir été repeinte aux couleurs de John Mecom pendant sa période Roger Penske, elle a retrouvé aujourd’hui sa couleur d’origine.

Jaguar XKSS 1958 Châssis XKD533

Impossible de ne pas inclure dans ces 5 voitures, une anglaise. Difficile de faire un choix entre la Jaguar D-Type, autre pensionnaire de cette collection, et la XKSS, version route de la précédente. Si c’est celle-ci qui remporte la mise, c’est autant pour sa rareté que pour sa plastique. Plus exclusive qu’une D-Type, elle aura su séduire Steve McQueen ce qui n’est pas un mince exploit. Son 6 cylindres, directement dérivé de celui de sa grande soeur, lui permet d’atteindre les 250km/h grâce à ses 250cv. Des 18 exemplaires répertoriés, celle de Ralph Lauren est un des deux châssis de Type D ayant été transformés par l’usine en 1958.

Je ne sais pas si les modèles de la collection Ralph Lauren seront à nouveau visibles un jour à l’occasion d’une exposition particulière ou d’un Rétromobile exceptionnel (on peut toujours rêver), mais il est clair que si cela se reproduit il ne faudra surtout pas manquer l’événement. Il existe certes des collections plus imposantes, peut-être même plus remarquables aux yeux de certains, mais outre le fait qu’elle regroupe la plupart des voitures les plus prestigieuses du monde, celle de Ralph Lauren est parfaitement équilibrée entre les marques, les années, les origines et représente pour moi, le reflet parfait de l’histoire de l’automobile depuis les années 30.

Crédit Photos : Pinterest, RL Archives

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