Si on fait le portrait robot des voitures les plus vendues de nos jours, on retrouve de nombreux points communs. Et tous ces points communs ramènent à trois ancêtres communs. Le plus proche de nous : c’est la Simca 1100. Et c’est son histoire qu’on vous raconte aujourd’hui.
Le fameux portrait robot concerne autant les citadines que les compactes, et s’étend même à de nombreuses berlines et SUV. La voiture moderne est le plus souvent une traction, à moteur transversal avant et possède un hayon.
Moteur transversal avant et traction : l’ancêtre est identifié sans trop de souci, c’est la création d’Alec Issigonis, LA Mini.
Mais c’est un autre ingénieur qui va développer le concept. On est alors en Italie et Dante Giacosa va plus loin. Il imagine une auto plus grande, aux roues avant indépendantes, et avec 5 portes. Oui, 5, c’est tout l’intérêt de cette auto qui est la première du groupe Fiat, utilitaires mis à part, à proposer cette architecture. C’est tellement novateur que l’étude est retoquée. On lui préfère la très classique Fiat 124 et on rebascule la production chez Autobianchi, la marque satellite qui se charge d’introduire les innovations. Cette auto, c’est la Primula.
C’est justement cette Primula qui va taper dans l'œil de Théodore Pigozzi lors d’une de ses dernières visites en Italie. À tel point que celui-ci décide de lancer le projet 928 à Poissy pour une auto reprenant l’ensemble de ces caractéristiques.
Las, Pigozzi ne verra pas le projet aboutir. Chrysler prend le contrôle de Simca le 31 Mai 1963. Il laisse néanmoins une note à Georges Héreil, son successeur, à propos de cette nouvelle voiture très moderne. Pigozzi décédera en 1964, bien avant que la nouvelle auto n’arrive sur les routes.
Le projet 928 n’est pas bien vu chez Chrysler. Mais chez Simca, en France, on se rend bien compte de son intérêt. L’auto pourra s’intercaler entre la Simca 1000, compacte à l’ancienne avec sa carrosserie tricorps et son moteur arrière, et la Simca 1300, autre tricorps classique avec moteur avant et propulsion.
Le développement s’accélère. Roues indépendantes, moteur transversal avant, traction et freins à disque (uniquement à l’avant contrairement à la Primula). Le point central sera d’ailleurs le moteur, tout nouveau, le fameux Poissy que le coupé 1200 S étrenne avant l’arrivée de la compacte. Ici il cubera 1118 cm³ et, comme sur la 1200, donnera son nom à la nouvelle voiture : la Simca 1100.
Le hayon est évidemment de la partie surtout qu’en France, c’est Renault qui s’est chargé de faire changer d’idée les conducteurs en présentant les R4 et R16 qui font appel à ce système.
Le 3 Octobre 1967, la Simca 1100 est présentée dans le showroom de Simca sur les Champs Élysées. Le 6, c’est la vedette du stand à l’hirondelle au Salon de Paris où elle est présentée au Général de Gaulle.
Une vraie gamme est au programme avec une version 3 portes et une 5 portes et trois niveaux de finitions aux appellations reprises à la 1000 : LS, GL et GLS. On peut choisir une transmission semi-automatique Ferodo sur l’ensemble de la gamme au lieu de la classique boîte à 4 vitesses.
La première propose des pare-chocs sans butoirs, des petits enjoliveurs de roue centraux, une banquette arrière rabattable et un moteur de 53ch.
La GL a des baguettes latérales et de bas de caisse, un enjoliveur de gouttière, des butoirs, une banquette qui s’intègre au plancher une fois rabattue et son moteur sort 56ch.
La GLS, enfin, propose des baguettes de bas de caisse plus épaisses, des enjoliveurs de passage de roue, des enjoliveurs couvrant toute la roue, un thermomètre de température d’eau, des sièges avant inclinables et une montre au tableau de bord.
Dès Mars 1968 on ajoute à cette gamme des breaks. De petites retouches sont apportées à la présentation et à l’équipement.
Le premier vrai changement intervient à l’automne avec la LS qui adopte un moteur plus petit, de 944 cm³. Avec 45ch, il permet de passer en 5CV fiscaux, mais la version 6CV reviendra vite au catalogue.
Les débuts sont cependant timides et Simca décide d’agir. Pour 1970 tous les moteurs voient leur puissance et leur couple augmenter avec plusieurs améliorations moteur. Les 6CV peuvent recevoir une assistance de freinage et des ceintures de sécurité apparaissent sur toutes les autos. La planche de bord est aussi revue avec l’apparition de cadrans ronds.
En Mai 1970, la Simca 1100 Spécial débarque. C’est une version haut de gamme, si ce n’est sportive, qui se démarque dans sa présentation avec des phares longue-portée, des jantes plus large, une compte-tours, un volant à trois branches à jante en bois, un intérieur drap et vinyle ou 100% vinyle et des appui-tête à l’avant. Surtout, sous le capot, elle reprend le moteur de la 1200S avec 1204 cm³ et 75ch grâce à deux carbu double-corps Weber.
À partir de l’année modèle 1971, les monogrammes Simca se font plus discrets puisque la marque est désormais Chrysler France. La GL quitte la gamme, la GLS 3 portes également.
Le tournant de la carrière de la Simca 1100, c’est l’année 1972. Le dessin est revu, en particulier à l’arrière avec une plus grande lunette et un décroché du coffre adouci. Les 3 portes sont presque supprimées et proposées uniquement sur la Spécial qui passe en 1294 cm³, sans changer de puissance mais en obtenant son couple maxi plus bas.
À force de changements, la mayonnaise a fini par prendre. Les ventes sont bonnes, même très bonnes. La Simca 1100 est la voiture la plus vendue en France en 1972, c’est d’ailleurs la dernière auto qui ne soit ni une Renault ni une Peugeot à remporter ce titre !
Les évolutions suivent leur cours. En décembre 1972 on présente la fourgonnette VF2. 6 mois plus tard, on franchit le cap du million de Simca 1100 produites.
La nouveauté de l’année modèle 1974, c’est un pied de nez à la politique automobile française qui vient d’instaurer les limitations de vitesse, tant pour la sécurité routière que pour limiter la consommation de carburant suite au choc pétrolier. La Simca 1100 se dote en effet d’une version sportive, la Ti. 6 phares à l’avant, calandre noire, spoiler avant et arrière, jantes en alliage, intérieur avec toutes les informations dont aurait besoin un pilote, sa présentation annonce la couleur. L’amortissement est durci, les freins empruntés à la 1000 Rallye 2, la transmission est renforcée et le 1294 cm³, gavé par des Weber double corps de 36 atteint maintenant 82 ch.
Le reste de la gamme change aussi, seule la Ti est disponible en 3 portes tandis que les 5cv quittent les showrooms. Néanmoins, on oublie pas le bas de la gamme et on remplace ces autos, en Février 1974, par les LE et GLE avec le moteur 944 cm³ et les finitions les LS et GLS. Néanmoins, la Simca 1100 accuse son âge et fait face à une concurrence de plus en plus forte : ses ventes baissent pour la première fois.
Par conséquent on propose un lifting pour 1975 avec de nouvelles poignées de porte et des feux arrière agrandis. La présentation intérieure est revue, avec un nouveau tableau de bord. La LX (aussi appelée Elix), une version 3 portes à la robe très disco avec des Orange, Jaune et Brun dans l’air du temps.
Butoirs caoutchouc, version pick-up, les déclinaisons et modifications continuent d’apparaître mais les ventes descendent. Les versions 5CV quittent définitivement la gamme en 1977, la Spécial aussi. Une version AS, Affaire et Sociétés, débarque bien, en parallèle d’une LX Spécial mais la messe est dite. Les LX disparaissent dès l’année suivante. On trouve cependant un nouveau débouché aux caisses de VF2 avec l’apparition du Matra Rancho.
L’Horizon débarque en Janvier 1978. Elle doit remplacer la 1100 qui ne reste au catalogue qu’avec quelques versions du milieu de gamme. Quelques mois plus tard, le rachat par PSA ne change pas grand chose. Les LE Coach, Berline et Break restent au catalogue avec les GLS Berline et Break. Les utilitaires, pas au programme de l’Horizon, vont permettre à la 1100 de se maintenir. On présente ainsi la VF3 avec un arrière plus haut.
En Juillet 1979 les Simca 1100 deviennent Talbot. Les dernières Simca 1100 classiques sortent en 1981 avant de laisser place à la Talbot Samba. Les utilitaires vont se maintenir jusqu’à l’année modèle 1985 avec des chiffres de vente confidentiels.
Moins visible que les Aronde ou les 1000, les Simca 1100 se croisent parfois sur les routes. Mais il faut bien dire qu’elles sont rares. Pourtant, leur prix est sympathique : entre 3 et 5000 € pour la majeure partie des modèles. Seules les Spécial et Ti sont plus chères : entre 5 et 7000 pour la première (éligible au Monte Carlo Historique par ailleurs) et entre 10 et 12.000 pour la seconde !
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