Malgré son nom, elle n’avait rien d’une fusée! La Simca Ariane c’était une grosse berline, proposée opportunément dans une gamme qui en avait bien besoin, composée avec des éléments divers… le tout pour un succès inespéré. On vous replonge dans son histoire.
Dans les années 50, Simca est un constructeur aux influences étrangères multiples. Il ne faut pas oublier que c’est bien une émanation de Fiat qui a créé Simca pour produire en France des autos sous licence en s’affranchissant de tarifs douaniers dissuasifs. Pourtant, la marque à l’hirondelle a commencé à s’émanciper. Le symbole de ceci, c’est la Simca 9, celle qui est surnommée l’Aronde (et le deviendra réellement lors de sa première évolution), sortie en 1951 avec un moteur encore d’origine Fiat et déjà un beau succès.
Mais Théodore Pigozzi veut grossir. L’appareil industriel est à l’étroit dans les usines de Simca d’Argenteuil et c’est vers Poissy que se tourne son regard. Ford France y dispose d’une belle usine, récente, avec des possibilités d’agrandissement qui sont alors réelles (mais difficilement imaginables de nos jours). En 1954, Simca rachète le tout et récupère même un nouveau modèle : la Vedette dont l’évolution est bienvenue.
Le constructeur se retrouve donc avec une voiture à grand succès, l’Aronde, et une grosse berline, la seule française de l’époque à disposer d’un moteur V8 ! S’il est plus puissant que les 4 cylindres proposés par la concurrence avec ses 80 chevaux, il est glouton et la crise de Suez en 1956 va montrer ses limites. La consommation de carburant devient un véritable sujet.
Pourtant, la taille de la Vedette est intéressante et c’est un atout à conserver. Alors on va créer une chimère.
La solution est simple sur le papier : reprendre le tout nouveau moteur 1300 Flash de l’Aronde (lointain dérivé du moteur Fiat) et le greffer dans la grosse caisse de la Simca Vedette et en particulier de sa finition d’entrée de gamme : la Trianon (oui, toutes les Vedette portent le nom d’un château français).
L’idée peut sembler saugrenue vis à vis des performances. La puissance passe de 83 à 47 ch. Seulement, quand on y regarde bien, la caisse de la Trianon ne pèse que 100 kg de plus que celle de l’Aronde! Pour garantir une certaine vivacité, on reprend même la boîte 4 plus courte des utilitaires Chatelaine. Là où l’Ariane marque des points, c’est en autonomie puisque le gros réservoir des Vedette est conservé ! On conserve également les 6 places des grosses berlines.
Avec 7cv fiscaux, la Simca Ariane se place, niveau tarifs, entre l’Aronde et la Vedette avec 725.000 francs.
Dévoilée en Avril 1957, le score de l’Ariane pour sa première année est encourageant avec 14.703 voitures vendues. Cela donne des idées à Simca qui ne va plus la considérer comme une bouche-trou mais comme un vrai milieu de gamme. La Trianon quitte la gamme et elle est remplacée par une Simca Ariane 8 qui récupère le V8 ! Par contre, on accentue la différence avec la gamme Vedette en conservant les formes de la première série alors que les Beaulieu, Chambord ou Présidence sont restylées.
Début 1958, le freinage se renforce en adoptant celui des nouvelles Vedette. L’année suivante, on introduit de nouveau feux arrière et les Simca Ariane 4 et Ariane 8 sont renforcées avec l’arrivée de la Super Luxe qui se veut plus cossue avec quelques chromes supplémentaires, un lave-glace et même un cendrier à l’arrière. Un accessoire d’un autre temps mais qui fait alors la différence. Toute la gamme peut aussi recevoir des sièges inclinables pour devenir des couchettes.
La Simca Ariane va devenir un symbole de performance au printemps 1960 ! Simca lance son moteur Rush, évolution du Flash mais tournant sur 5 paliers. Sa version Super développe 62 ch et une auto de série, équipée du fameux moteur, est envoyée sur l’autodrome provençal de Miramas où elle va tourner pendant 1920 heures pour atteindre 200.000 km avec57 records internationaux dans la poche !
Le moteur se retrouvera dans la bien-nommée Simca Ariane Miramas qui se distingue avec son petit drapeau à l’arrière et se permet d’accrocher les 125 km/h ! Elle-même sera déclinée en deux versions, laSuper Luxe et la Super Confort qui reprennent des éléments de finitions des grandes sœurs Vedette.
Si la gamme Vedette prend sa retraite à la fin de l’année 1961, les Simca Ariane restent au catalogue. On ne commence à supprimer des versions qu’à partir du millésime 1963, fin 1962 et les Miramas sont les premières visées.
Finalement la production est stoppée en Avril 1963 après 129.058 voitures produites. Un score supérieur à celui des Vedette.La marque ne renouvelle pas vraiment l’auto puisque les Simca 1300 et 1500 vont remplacer à la fois les Vedette, Ariane et Aronde !
Elles sont incontestablement dans l’ombre desVedette, prisées pour leur V8 original, mais aussi dans celles des Aronde, bien plus produites. Les Simca Ariane ont d’ailleurs servi à restaurer de nombreuses Vedette, c’est souvent le cas des modèles d’entrée de gamme.
Néanmoins, il faut la considérer comme une option intéressante en collection. Sa consommation est toujours inférieure à celle des Vedette et son habitabilité est supérieure aux Aronde, sans même parler des SUV qui sont devant dans les garages ! Des autos en état correct se trouvent dès 6000 €. On pourra monter aux alentours des 10.000 € pour les Miramas SC, il faut dire que les Miramas et leur Rush Super sont bien plus recherchées car plus performantes !