L’auto de loisir de plein air. Voilà bien une espèce qui a disparu… Hormis dans certains discours promouvant une vague compacte surélevée tout juste bonne à escalader un trottoir. Dans les années 60 et 70, quand l’automobile était encore une question de plaisir et d’évasion on proposait différentes autos de loisirs. Et il y a en a une qui a eu un succès plutôt inattendu : c’est le Matra Rancho.
On ne va pas s’attribuer cette phrase qui résume pourtant parfaitement l’idée derrière la création du Matra Rancho. C’est Philippe Guédon, l’ingénieur prolifique de Matra qui est à l’origine de ce bon mot et il ne s’est pas trompé.
Si on reprend le contexte, à la fin des années 70, Matra en est à sa troisième auto, son troisième coupé, après les Djet, 530, c’est la Bagheera qui est proposée. L’auto innove déjà avec ses trois places de front et elle inaugure le partenariat technique et commercial avec Simca-Chrysler.
Mais chez Matra on ajouterait bien une deuxième auto à la gamme. Une auto prévue pour le plein air, pour sortir des chemins battus. Les Méhari et Rodéo ont montré le chemin, le Range Rover aussi… et c’est entre les deux qu’on va vouloir se placer.
Le projet P12 est lancé avec un budget assez réduit qui empêche de créer trop de pièces. D’où la phrase de Philippe Guédon qui signifie juste qu’on va piocher dans la banque de pièces de Simca-Chrysler pour créer la nouvelle auto.
Sa base sera la Simca 1100 VF2, une camionnette dont l’arrière sera modifié. C’est Antoine Volanis qui dessine l’arrière du futur Rancho. Avec une armature acier recouvert par une carrosserie polyester, il propose de larges vitres et, même s’il n’y a pas de portes arrière, une banquette. L’intérieur est celui de la 1100. On renforce le côté baroudeur avec la présence de protections plastique noir tout autour de la voiture.
Côté mécanique, on utilise le moteur Poissy, évidemment, mais pas celui d’une 1100 mais celui de la 1308 GT : 1442 cm³ avec 80ch. Freins et suspensions proviennent de la 1100 avec quelques éléments empruntés à la sportive Ti.
Dès la fin de l’année 1976, la presse révèle l’arrivée prochaine du nouveau véhicule. Il est présenté en Mars 1977 mais l’auto n’est pas encore au point. Surtout, l’outillage n’est pas encore prêt à Romorantin. C’est en effet là qu’on va recevoir les VF2 et les modifier, sur la même ligne de production que la Bagheera !
Le prix est correct, 35.995 francs pour une auto dotée de phares à iode, d’une lunette arrière dégivrante, d’un crochet d’attelage et d’un pare-brise feuilleté. La liste des options peut le rendre encore plus baroudeur : projecteurs d’ailes, protection des soubassements, ou plus luxueux : vitres teintées, peinture métallisée, roues alliage. Vous avez dit SUV ?
Le succès est là. On termine l’année 1978 avec 15.500 exemplaires vendus. C’est un chiffre énorme puisqu’on tablait sur une production totale de 20.000 Matra Rancho !
La marque en profite et va proposer trois versions pour le millésime 1980.
D’un côté le luxe avec le Rancho X qui se pare d’une peinture metallisée, de roues alliage, d’une sellerie spécifique en tweed et d’un compte-tour.
À l’inverse on présente l’AS “Affaire Société” qui fait sauter la banquette arrière, propose des points d’ancrage et permet de récupérer la TVA !
Enfin pour le côté baroudeur on a le Grand Raid. Le moteur accepte l’essence ordinaire mais perd des chevaux. Le train avant reçoit un différentiel à glissement limité et l’équipement “raid” comprend deux phares orientables de série, des pneus tout-terrain et une roue de secours sur le toit !
La gamme va encore s’enrichir dans les années suivantes. La Loisir débarque avec une sellerie spécifique, une carrosserie et des roues blanches… et des autocollants que le propriétaire devra apposer ! Juste après apparaît la découvrable, avec un arrière baché, qui ne restera qu’un au au catalogue.
En Octobre 1981 on propose une série limitée, le Matra Rancho Midnight. Suréquipé, noir avec des filés et logos rouges, il reçoit quelques touches de chrome et un système sonore de qualité.
C’est le dernier coup de boost qui sera donné au Rancho. La base technique commence à vieillir mais surtout les ventes se tassent. Les dernières autos sont fabriquées en 1983 et vendues en 1984. Quand on dresse le bilan, il est excellent : 56.427 Matra Rancho ont été produits, 2.5 fois l’objectif initial ! On imagine même pas le succès qu’il aurait eu s’il avait été proposé en 4x4, la seule version qui ait vraiment manqué.
Sa base technique “classique” fait du Matra Rancho un véhicule à part mais facile à entretenir… à quelques pièces spécifiques près. Côté prix d’achat, on reste en dessous des 5000 € pour la plupart des versions même si un modèle Grand Raid en parfait état peut valoir le double !
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