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On l’oublierait presque, mais en dehors des Gordini, les Renault 12 font partie de ces populaires qui sont un peu dans l’ombre. Pourtant, c’est une Renault rustique, à part dans la gamme, et qui a quand même connu un franc succès. On vous résume sa belle carrière.

Le bataille du milieu (de gamme)

Au milieu des années 60, voilà que Renault se voit bousculer. Certes, la marque est championne des ventes. Hormis la Traction à la fin de la guerre, aucune autre auto n’a réussi à vraiment prendre la place des 4CV, Dauphine puis R4 au sommet des ventes hexagonales.

Pourtant, ces autos sont relativement bas de gamme et c’est le milieu de gamme qui connaît la plus forte progression. La Renault 8 marche bien mais elle se voit attaquer par une Peugeot 204 qui est bien plus moderne, ne serait-ce qu’avec son moteur avant… et sans parler de la traction. Pourtant, Renault maîtrise bien le sujet. Alors il faut réagir.

Pour cela, Renault ne va pas décider d’une voiture prête à s’attaquer au marché français. Non, le Projet 117 est créé pour une auto mondiale qui devra se vendre en Europe, France en tête, mais aussi en Argentine, au Brésil, en Afrique du Sud et en Australie. Voilà qui rajoute de sacrées contraintes au cahier des charges ! On va donc rationaliser au maximum, pour éviter de créer versions sur versions et faire des économies là où on peut.

La technique le révèle bien. Pour le moteur, on va prendre le Cléon, alors tout jeune, mais le rendre plus puissant. Le 1100 aurait marché en France, mais on va plutôt le 1289 cm³ de l’Estafette. Évidemment il sera à l’avant et on privilégie l’architecture Traction que toutes les nouvelles Renault ont adopté. Pour autant, ça coûte plus cher qu’une propulsion. Alors on simplifie au maximum le train arrière et le Projet 117 sera la seule nouvelle Renault à se passer des roues indépendantes et adopter un essieu rigide !

Après, il faut proposer un style qui fasse l’unanimité sur les marchés. L’objectif est affiché : faire moins carré que la Renault 8. Facile. Faire original ? Renault s’y attaque et va créer un profil qui l’est réellement. Seule la face avant, initialement pourvue de deux phares ronds et d’une calandre haute va réellement changer avant la présentation de celle qui sera, vous l’aurez compris, la Renault 12.

Le succès discret de la Renault 12

La voiture est d’abord dévoilée à la presse et aux agents avant d’être la superstar du stand de la régie au Mondial de Paris.

Problème : Renault a habitué le marché français à des autos innovantes. À l’époque cela passe par la traction, la Renault 12 l’embarque, mais aussi par un hayon qui est volontairement mis de côté. La 12 est trop classique. Ses versions L et TL sont équipées différemment mais toutes deux concurrentielles. On ajoute aussi des performances très honorables et une belle habitabilité.

Pour faire pencher la balance dans le bon sens, on va renforcer son image. La Renault 12 va prendre la place de la 8. La R12 Gordini remplace la R8 Gordini. À l’été 1970 le G Day permet de lancer la nouvelle auto qui embarque le moteur de la R16 TS. Bleue, à bandes blanches, elle est performante et sa ligne est sportive, notamment avec ses phares longue portée. Dommage pour elle, l’aura de la R8 est tellement grande que son côté classique et tout simplement le fait qu’elle soit une traction, ne lui sera pas pardonné !

À l’automne, le Salon de Paris est l’occasion de lancer une version break et d’améliorer les finitions des L et TL sur toute la gamme.

L’été suivant, la Renault 12 est la base des deux coupés Renault 15 et Renault 17… sans que la filiation ne soit tellement mise en avant.

Les nouveautés du salon sont nombreuses, mais surtout sur des points de détail… hormis le fameux logo qui sera vite interdit !

En 1972 on dévoile la Renault 12 du milieu de gamme, celle qui vient se placer entre la TL et la Gordini, la TS. 60ch avec carbu double corps, freins assistés, compte-tours, roues Gordini, Renault reprend la recette des “sportives mais pas trop”. Mais l’année 1972 est surtout celle de la consécration : la Renault 12 s’offre le titre de voiture la plus vendue en France ! Elle ne gardera le titre qu’un an, se faisant évincer par la toute nouvelle Renault 5 dès l’année suivante.

On verra du changement en 1974. La Renault 12 TS est disponible en break tandis que la TR avec boîte automatique est proposée. En août de cette année-là, l’absence de succès de la R12 Gordini est entérinée avec l’arrêt de sa production.

Un restylage intervient en 1975 avec un nouveau pare-chocs, à butoirs, plus haut, un entourage de calandre gris, des feux arrière plus grands et une nouvelle planche de bord. Techniquement le seul changement est l’assistance de freinage, sauf sur les L d’entrée de gamme.

Néanmoins, la Renault 12 entre tout de même dans sa période de fin de carrière. Hormis l’apparition du break tôlé “société” en 1976, les nouveautés sont rares.

La Renault 18 présentée en 1978 sonne son glas, même si quelques modèles, les breaks et la TL, restent au catalogue jusqu’en 1980. Mais attention… on ne parle que de la France !

La Renault 12 à l’étranger

La Renault 12 est une voiture mondiale… et c’est en Roumanie qu’elle va commencer. Dès 1969 on dévoile une auto… qui n’est pas une Renault 12 mais une Dacia 1300. Elle y aura une belle carrière, notamment aidée par la 1310 un peu plus tard puisque les dernières sortiront des chaînes en 2004 !

Dans la même région, en Turquie, la Renault 12 se fera Oyak, d’abord identique à la française puis deviendra la Renault Roros… en 1989 ! Sa carrière prendra fin en 2000.

Évidemment la R12 a été produite par FASA en Espagne. On notera une différence esthétique avec des doubles phares rectangulaires à l’avant.


En Australie, c’est en CKD que la R12 est assemblée à partir de 1970. En 1976 elle reçoit un 1400 et en 1978 elle devient Renault Virage, pour deux ans, avec des optiques rondes !

Au Brésil, c’est le partenaire Willys-Overland qui va fabriquer les autos… malgré le rachat par Ford. Naît alors la Ford Corcel, qui est une R12 modifiée, motorisée par un cléon et dévoilée dès 1967 !

Enfin, toujours en Amérique du Sud, les Renault 12 seront produites par IKA à partir de 1974. Deux ans plus tard le 1400 arrive… et la voiture recevra la clim et même un 1600 en 1992. On note aussi que le pays a vu des R12 Alpine, avec le cléon de la R5 du même nom et qu’elle a été une star des rallyes locaux !

La Renault 12 en collection

Malgré un club dynamique, la R12 n’est pas une auto très visible en collection. Les Gordini sont les reines, évidemment, et certains originaux arrivent à faire venir chez nous des versions étrangères, Dacia en tête.

En tout cas, c’est une populaire quasi increvable et toujours prêt à rouler… pour pas cher !

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