On vous a déjà parlé des autos françaises ayant visé le haut de gamme… avec plus d’échecs que de réussite. On va s’attarder aujourd’hui sur deux des autos dont on avait parlé : les Renault 20 et Renault 30, deux autos qui se ressemblent, qui voulaient conquérir un segment alléchant… Mais qui n’ont jamais vraiment su se positionner !
C’est le concept de base qui va aboutir à la création de notre duo. Nous sommes au début des années 70 et Renault a besoin de deux autos. D’un côté on veut remplacer la Renault 16 qui est alors le haut de gamme du constructeur et de l’autre on veut placer une auto réellement au-dessus de cette dernière.
Pour autant, on ne peut pas réellement créer deux nouvelles autos. Alors on lance le projet 127 qui doit permettre de créer une même base partagée par deux voitures dont les différences seront au niveau de la technique mais aussi du raffinement.
Pour la technique, la grande voiture ne peut pas recevoir un 4 cylindres. Il faut du noble et c’est là que le PRV entre en jeu… Et va avoir une grosse importance. Imaginé pour créer un V6 et un V8, finalement on ne crée que le 6 cylindres. Et comme c’est une collaboration avec PSA, il faut faire des concessions. La future 604 de chez Peugeot sera un tricorps classique quand la Renault sera une bicorps à hayon. Certes, l’image de cette solution reste utilitaire mais le losange s’y est engouffré sur une bonne partie de sa gamme et ça ne réussit pas trop mal à la R16.
Les grandes lignes sont donc tracées par Gaston Juchet. Pour différencier les deux nouvelles Renault, on va avoir recours à l’astuce utilisée sur les R15 et R17. La “petite” reprendra des phares rectangulaires, la “grande” quatre phares ronds, solution jugée alors plus raffinée.
Même s’il a fallu attendre que le V6 PRV soit prêt, alors que le 4 cylindres est déjà sur les étagères, c’est bien la “grande” Renault 30 qui est présentée en premier. Ça se passe au salon de Genève 1975 et la Peugeot 604 est également de la partie. La Renault a un avantage : elle est déjà disponible quand la lionne attendra l’été.
Un seul modèle figure au catalogue : la Renault 30 TS avec 131ch sortis du 2664 cm³ et une boîte manuelle à 4 rapports ou une automatique à 3 rapports.
Si l’équipement est jugé bon, on peut opter pour du cuir pour l’intérieur, chose peu courante pour une auto française, si les vitres sont électriques et la condamnation centralisée au programme, c’est bien la technique qui pèche. Le V6 PRV est à peine sorti qu’on lui reproche une puissance assez faible pour une consommation élevée (autour des 15 litres). Par contre les ingénieurs de Renault ont bien fait leur travail sur le châssis, tenue de route et freinage reçoivent des éloges.
À la fin de l’année 1975 c’est la “petite” Renault 20 qui est présentée. Si elle ne sera pas disponible avant l’hiver 1976, elle propose une véritable gamme. Elle se différencie avec ses feux mais aussi ses roues, ses encadrements de vitre peints, l’absence de baguettes latérales et bande caoutchouc dans les pare-chocs.
La GTL est bien équipée avec direction assistée, vitres électriques ou encore la condamnation centralisée (c’est une option vraiment en avance à l’époque). La TL propose des équipements en moins et la L est carrément dépouillée, jusqu’aux roues qui sont différentes !
Techniquement l’empattement est plus faible, la largeur aussi. Sous le capot c’est le moteur Cléon-Alu de la R16 TX qu’on retrouve avec 1647 cm³ et 96ch. Une puissance sympathique… Mais qui doit emmener une auto prévue pour un V6 !
Dès le début de la production des deux autos, on se rend bien compte qu’elles visent au final des segments tellement proches qu’elles se marchent un peu sur les pieds. En plus, Renault continue de produire la Renault 16 qui rencontre toujours un certain succès.
Mais ce sont bien les Renault 20 et Renault 30 qui sont au centre de l’attention. En Juillet 1977 débarquent les premières nouveautés. La Renault 20 TS apparaît avec un nouveau moteur, le “Douvrin” de 1995 cm³ et 110 ch. La L est supprimée, trop proche de la R16, tandis qu’on trouve quelques chevaux de plus pour les TL et GTL.
La R30 reçoit des feux arrière chromés et un logo V6 pour marquer sa différence.
L’année suivante les Renault 20 TS peuvent recevoir des ceintures de sécurité à l’arrière mais surtout une boîte 5. La même boîte débarque ensuite sur la nouvelle Renault 30 TX qui passe le V6 à l’injection et de nouveaux fauteuils plus enveloppants.
Niveau commercial, ça ne s’arrange pas pour les deux autos. On ne parle pas de la concurrence de la 604, qui patine également, mais de la concurrence interne. Malgré ses 13 ans, la R16 est toujours là… Et on vient de présenter la Renault 18 qui est moins puissante mais placée très près de la Renault 20 !
Quelques évolutions esthétiques mineures arrivent au millésime 1979 mais surtout, en fin d’année, on présente les Renault 20 TD et GTD qui reprennent les finitions des TL et GTL en adoptant un moteur “Douvrin” de 2068 cm³ de 63,5ch… Diesel, vous l’aurez compris !
Le millésime 1981 marque l’apparition d’un nouveau tableau de bord sur les Renault 30 et Renault 20. Cette dernière remplace sa GTL par une LS, plus sommaire au niveau de la finition et on note l’arrivée de la TX avec un moteur “Douvrin” de 2.2L et 115ch.
La Renault 30 reçoit une nouvelle calandre, de nouveaux pare-chocs et un rétro extérieur noir tandis que seule TX reste au catalogue après Janvier 1981. Ça changera en 1982 avec l’arrivée de la Renault 30 Turbo D qui fait passer la puissance du moteur à 85ch tout en recevant le train avant de la R20 et les jantes de la R18 Turbo.
Pour autant, même si on continue les améliorations et que la R16 n’est plus là, la mayonnaise ne prend toujours pas. La Renault 30 s’arrête en Octobre 1983 après 136.403 exemplaires. Un échec puisque la 604 a finalement fait mieux ! La Renault 20 reçoit le Turbo Diesel pour quelques mois mais s’arrête en Janvier 1984. 607.405 exemplaires, c’est un autre échec !
Ces échecs font des R20 et R30 des autos plutôt rares. Il est rare d’en voir de beaux exemplaires, pourtant leur cote d’amour est remontée, surtout que la préoccupation de la consommation de carburant est moins préjudiciable pour une voiture ancienne !
La cote n’évolue pas beaucoup : 2000 € pour commencer avec une Renault 20 roulante et 5000 pour une Renault 30 dans le même état. Mais elles commencent à être recherchées et les plus beaux exemplaires grimpent en prix !
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