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Les véhicules radiologiques

Les véhicules radiologiques

Au début du XXème siècle, la radiographie aux rayons X, inventée en 1895 par l’Allemand Wilhelm Röntgen, est encore considérée comme impossible sur les lieux de conflits, là où elle est pourtant primordiale pour l’examen des fractures et de recherches de projectiles dans le corps humain.

Mais une très grande scientifique va démocratiser cette nouvelle technologie et la rendre accessible aux soldats au plus près du front lors du conflit mondial de 1914.

Pourtant l’idée de l’hôpital de campagne est née bien avant grâce au matériel conçu par les maisons Gaiffé et Panhard-Levassor.

Les précurseurs de l’Hôpital de campagne

Gaiffé / Panhard-Levassor

Le système se compose d’une automobile de 4 mètres de long sur 1,83 mètre de largeur, munie d’un moteur à pétrole de 10 HP. Les roues de 90 cm de diamètre sont équipées de pneumatiques compound. Une chambre de 2 mètres par 1,15 mètre renferme tous les appareils médicaux. Le poids total en ordre de marche est de 2800 kg pour une vitesse maximale de 25 km/h sur le plat. Les côtes sont, quant à elles, avalées à la vitesse minimale de 5 km/h. Le matériel médical a été conçu par Arsonval et Gaiffé de manière à fonctionner sans accumulateurs. Un système de débrayage et d’embrayage permet d’utiliser le moteur pour faire fonctionner une dynamo (D) lorsque le véhicule est en position arrêt et ainsi alimenter en électricité le matériel médical.

Véhicules radiologiques

Pendant les grandes manœuvres de l’Est en septembre 1904, le médecin-major Jacob, a expérimenté cette voiture et l’a soumise à des épreuves très dures. Elle a parcouru près de 3000 kilomètres par toutes les routes où, en temps de guerre, aurait dû passer les voitures. Tous les jours, à chaque arrivée d’étape, la voiture était mise en service pendant deux ou trois heures au point de vue radiographique pour constater que tous les appareils fonctionnaient toujours.

Les petites Curies

C’est quelques années plus tard que Marie Curie, veuve depuis la disparition prématurée de Pierre Curie en 1906, décide d’arrêter temporairement ses recherches sur le radium pour se concentrer sur la radiographie.

Souhaitant participer à l’effort de guerre, elle rassemble, dans un premier temps, les appareils disponibles dans les laboratoires et chez les constructeurs pour les installer dans des hôpitaux. Mais elle comprit rapidement que pour limiter le nombre de morts, c’est l’hôpital qui doit venir aux blessés, et pas l’inverse.

Elle soumet alors son idée à l’armée : des unités radiographiques mobiles capables d’aller au plus près des soldats blessés. Une vingtaine de véhicules sont équipés grâce à l’aide notamment de la Croix Rouge, mais aussi de constructeurs comme Peugeot ou Renault.

Ces voitures sont surnommées les petites Curies par les soldats.

Mais que sont exactement ces véhicules ; quels en sont les concepteurs?

Massiot

Georges Massiot, un ingénieur à la tête d’une usine de fabrication d’équipement radiologique, conçoit une voiture laboratoire de radiologie. Il s’agit d’une Peugeot 10HP qui comporte tout le nécessaire pour prendre en charge les blessés comme un lit d’examen pliable ou encore une tente pour se protéger des intempéries. À l’intérieur, il y a également un appareil de Röntgen, alimenté par une dynamo couplée au moteur du véhicule, et qui sert à réaliser des radiographies.

Véhicule radiologique

Cette voiture, qui porte le numéro 1, est la première conçue à but radiographique pour l’armée. Dix-sept autres suivront, toutes validées par Marie Curie en personne et le docteur Béclère, directeur du service radiologique des armées.

Véhicule radiologique

Rivierre et Drault

En 1915, une nouvelle voiture, inspirée de la voiture Busquet-Massiot, mais quelque peu perfectionnée, devient le complément indispensable de toute formation sanitaire assez importante pour permettre les interventions chirurgicales. A cet effet, outre l’installation radiologique, elle comporte l’éclairage électrique d’une salle d’opération, ainsi que les instruments nécessaires à l’électro-diagnostic. Conçue par Rivierre, elle a été exécutée sur ses indications par la carrosserie Kellner frères. Le matériel radiologique est, quant à lui, celui de la maison Drault et Raulot-Lapointe.

Description

Châssis

Le châssis provient de la Société des Automobiles La Buire de Lyon. Le moteur à soupapes, d'une force de 35 HP, est à quatre cylindres en deux blocs. L’allumage se fait par magnéto à haute tension et la circulation d’eau par pompe. Il comporte, en outre, une petite installation électrique alimentant de puissants phares, les trois lanterne, un klaxon et l’éclairage intérieur de la voiture.

Véhicule radiologique

Carrosserie

La carrosserie se divise en trois parties :

- L’avant torpédo, recouvert par un dais fixe et supportant le réservoir d’essence, est muni d’un grand pare-brise. Le siège comporte trois places. Sur le panneau de devant sont fixés, outre les commandes du moteur, le voltmètre de la dynamo (110 volts) et le tableau d’éclairage de la voiture. Sur la paroi de la caisse qui forme le dossier, les tableaux électriques sont logés dans deux petits coffres dont les couvercles mobiles les protègent contre les intempéries.

- Le laboratoire photographique, situé à la partie avant de la caisse de la voiture, mesure 1,20 mètre de longueur pour 1,55 mètre de largeur et 1,75 mètre de hauteur.

- Le magasin du matériel, long de 75 cm, occupe la partie postérieure de la caisse. Il est fermé par une porte, hermétiquement close à la lumière comme celle qui le sépare du laboratoire, ce qui permet d’y entrer et d’en sortir pendant les développements.

Véhicule radiologique


Crédits

- La Nature, revue des sciences et de leur application à l’art et à l’industrie, N°1651 - 14 janvier 1905 Article La radiographie aux armées en campagne, G. Chalmarès
- Manuel pratique du manipulateur radiologiste, G. Massiot & R. Biquard, Editions A. Maloine et Fils, 1917
- La Presse Médicale du 11 Mars 1915

- Gallica

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