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Les Voitures de Plage : originales et sublimement désuètes

Il reste quelques jours pour en profiter. Après il faudra attendre l'année prochaine. Car les voitures de plage, ce sont des autos qu'on ne sort pas tous les jours, ça fait partie de leur définition. On vous propose de vous préparer à la prochaine saison en faisant le tour de ces voitures anciennes bien particulières.

La voiture de plage, qu’est-ce que c’est ?

Comment définir une voiture de plage ? Pas facile hein. Allez, on essaye. D’abord, il faut savoir que ce sont globalement des voitures populaires qui sont transformées ou qui servent de base à ces modèles. 

Ensuite, ce sont évidemment des véhicules pensés pour l’été et pour profiter du beau temps. Mais on va plus loin qu’un simple cabriolet puisque globalement les occupants sont juste assis sur un siège et la carrosserie autour a tout bonnement disparu.

De grand air ? D’accord. Mais pourquoi “de plage” ? Parce qu’il faut être honnête, ces autos seront difficilement utilisables dans des conditions normales de circulation. Elles serviront surtout en ville pour se rendre de son lieu de villégiature à la plage. Tout en profitant, déjà, du bon air marin.

Des années 50 aux années 80, les exemples sont nombreux et on en trouve avec des performances, des définitions différentes et venues d’un peu partout… en Europe surtout !

Les étrangères incontournables

Pourquoi commencer par les autos étrangères ? Parce que les autos de plage sont une création étrangère. Italienne pour être exact. L’initiateur, c’est le grand Gianni Agnelli. Pour se déplacer, avec famille ou invités dans l’enceinte de sa Villa Leopolda (“petit” complexe de 8ha, créé au début des années 1900 par Léopold II de Belgique) à Villefranche-sur-Mer, il demande à à Pininfarina de lui produire une Fiat 600 Mutilpla qui permettra d’être au grand air avec une sorte de dais en guise de parasol. Naît la Fiat 600 Multipla Eden Roc, présentée au salon de Paris 1956 et vendue exclusivement en Italie

Fiat 600 Multipla Eden Roc

L’idée est bonne. Mais ce n’est pas Pininfarina qui va l’exploiter, mais Ghia. Le carrossier va proposer ses Jolly sur plusieurs bases Fiat. Naîtront ainsi les Fiat 500 et 600 Jolly qui connaîtront un certain succès. En 1962, l'Autobianchi Bianchina aura droit à sa version Jolly.

Fiat 500 Jolly
Autobianchi Bianchina Jolly

Une autre Fiat, la 850, servira de base à la Shelette, création de Michelotti et proposée par le concepteur de Yacht Philipp Schell (d’où son nom).

Parmi les autres autos étrangères à noter, la Mini Moke est spéciale. En fait, ce n’était pas une voiture de plage mais une auto conçue sur une base de Mini pour être parachutée avec les forces armées. Bien mal en point côté tout-terrain, elle sera proposée à partir de 1964, pour un usage avant tout utilitaire. Le climat anglais n’est pas le meilleur pour en profiter et c’est surtout en Australie qu’elle aura du succès avant d’être proposée en CKD au Portugal jusqu’en 1992 !

Mini Moke

Si on vous parle d’une voiture de plage américaine ? Oui, difficile de penser à une muscle ou une pony-car dans le sable, si ce n’est en train de le labourer. Mais c’est bien en Californie que naît le dune-Buggy Manx, créé par Bruce Meyers dans les années 60. Sa base ? Une Coccinelle, qui n’est pas trop américaine d’accord. Par contre, l'idée est tellement bonne qu’on en verra des versions produites un peu partout dans le monde. Après, si l’idée était bien de se frotter au sable, il faut avouer que le tout-terrain a vite détrôné celle de parader sur Ocean Avenue.

Buggy Manx

Les françaises bien placées

La France est un pays que choisissent beaucoup d’européens pour leurs vacances. Les constructeurs français n’ont pourtant pas spécialement sur l’occasion pour produire des voitures de plages. Mais il y en a eu.

Évidemment on pense tous à la Méhari. Mais cette Dyane recarrossée (et pas une Deuche) a d’abord été pensée comme un utilitaire. Seulement, il faut bien se rendre compte qu’elle a été présentée à Deauville et que le sable lui a vite collé aux roues, y compris sur grand écran (les Gendarmes ne sont pas ceux de Maubeuge). Sa praticité était évidente mais, comme la Mini Moke, son côté Grand Air a pris le dessus. Si c’est devenu une star de la collection, il faut avouer qu’elle a eu du mal à se placer…

Citroën Méhari

Côté Peugeot et Simca ? Nada. Par contre chez Renault c’est autre chose. Sauf qu’on a juste fourni des bases, et pas qu’une fois.

Au tout début de l’aventure… comme chez Fiat, on retrouve Ghia. La base sera la 4CV, pendant français de la 500 et mieux motorisée que la deuche justement. Nous sommes en 1961 et on va vraiment reprendre la recette des Fiat. Le succès sera modéré avec une cinquantaine d’exemplaires vendus, dont une majorité aux USA où la 4CV était homologuée et vendue.

4CV Jolly

Ensuite c’est Sinpar qui entre dans la danse. Dès 1964 le préparateur propose une version Torpédo de la Renault 4. Une idée qui plaît puisqu’à partir de mai 1968 (au moment même où Citroën dévoile la Méhari) le constructeur inclut la Plein Air dans sa gamme courante et c’est toujours Sinpar qui transforme les autos. Le rythme de travail n’est pas fou puisque le succès est “très modéré”. Vendue chère, elle quitte le catalogue dès 1970.

4L Plein Air

C’est à ce moment-là que les Ateliers de Construction du Livradois, ACL, basés à Arlanc dans le Puy-de-Dôme proposent leur Rodéo. Basée sur une R4 fourgonnette, elle reprend tout simplement la recette de la Méhari avec une carrosserie plastique dont les formes sont elles-mêmes inspirées de la Citroën. Par contre la mayonnaise est moins bonne et le confort n’est pas au rendez-vous… tandis que le prix est plus haut. La Rodéo 6 viendra renforcer la gamme avec un Cléon à la place du Billancourt et la Rodéo 5, basée sur la R5 sera la dernière Rodéo.

ACL Rodéo 4
ACL Rodéo 5

Dernières autos de plage française, d’autres Renault… du moins pour les bases parce que là encore la régie n’y est pas pour grand-chose. C’est Car Système qui va proposer d’abord la JP4 transformée à Redon. L’acheteur fournit une R4 ou une R6 qui est raccourcie. L’auto se dote d’un arceau, de sièges hauts en couleur. Cette première aventure tourne court, Car Système Style apparaît et propose les JP4, JP5 et JP6 avec de nouvelles finitions sans plus de succès. Finalement, Renault va être intéressé par la troisième mouture mais CAR Système va être de nouveau dans la tourmente à la suite de notre dernière voiture de plage du jour : la Supercinq Belle-Île. L’idée est la même, entre la voiture de plage et le pick-up mais la diffusion sera encore plus réduite avec seulement 700 exemplaires construits.

JP4
Supercinq Belle Île

On a fait notre tour. Évidemment, il y en a d’autres, et certainement des autos encore plus originales. Vous en avez une ? Partagez-la avec nous sur nos réseaux sociaux !

Et sinon, pour trouver une voiture de plage pour l'été prochain, ne cherchez, justement, pas à côté de la plage. Du fait de leur architecture, de leur fabrication souvent artisanale et de l'air marin, ces autos aiment encore plus la rouille que leurs bases !

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