En 1932 la nouvelle Fiat 508, appelée Balilla, fût présentée au salon de l’automobile de Milan. C’était la nouvelle petite voiture Fiat à vocation populaire. Conçue par Antonio Fessia la voiture devait coûter moins de 10’000 Lire. Son architecture et sa technique étaient classiques, avec un moteur en ligne 4 cylindres d’1 litre.
La voiture, produite en Italie jusqu’à 1937 eut un grand succès et fût également commercialisée en France par Simca - sous le nom de Simca 5 - et en Allemagne par NSU. En tout quelques 220'000 unités furent produites. C’était la première automobile de masse italienne.
Mais Fiat devait répondre aux impératifs du régime de l’époque. On voulait une voiture encore moins chère, dont le prix ne devait pas dépasser les 5'000 Lire. Le sénateur Giovanni Agnelli confia à Antonio Fessia, fraîchement nommé à la tête du bureau d’études central de chez Fiat, la tâche de la réaliser.
La voiture avec le code de 500, puis Topolino, devait changer le cours de l’histoire de l’automobile dans la péninsule.
Cette petite voiture devait être bien plus moderne que la Balilla... Il fallait donc innover. Le cahier des charges avait été élaboré par Fessia selon des critères bien définis en matière de conception automobile, à savoir :
- Moteur-boite à l’avant avec traction antérieure, le moteur étant logé à l’avant de l’essieu. Ceci assurait une meilleure motricité et un comportement auto-directionnel et stabilisant du véhicule
- Architecture et châssis conçus pour donner aux passagers la meilleure sécurité passive
L’état des routes ainsi que la technologie des pneus et suspensions de l’époque posaient de sérieuses limites à la tenue de route longitudinale et latérale des véhicules surtout sur sol mouillé. La traction devait être la solution pour améliorer la sécurité des usagers. Le premier prototype fût réalisé en 1934 selon ce cahier des charges et les ébauches propres à Fessia.
Image rarissime du prototype Fiat 500 avec Antonio Fessia lors des premiers essais sur route avec Dante Giacosa.
Ce prototype prit feu à cause d’une fuite d’essence sur l’échappement, et non à cause de la traction avant. Le projet ne pouvait pas avoir de suite à cause de la problématique du manque de fiabilité des éléments de transmissions de l’époque. Il a fallu attendre l’industrialisation des joints homocinétiques Rzeppa et autres pour résoudre le problème.
Ainsi le véhicule fût développé en 1936 et lancé en production selon l’architecture originale en version propulsion avec ce
schèma :
C’était un petit véhicule à 2 places, l’essieu arrière était fixé au châssis à l’aide de 2 bras et suspensions à ressorts
à lames courtes.
Dante Giacosa (né en 1905 et rentré au bureau d’études automobile en 1932), était devenu depuis 1935 le collaborateur de Fessia le plus étroit. Il prit en main son développement. La voiture fût commercialisée en 1938 dans la version allongée à près de 3,2 m de long avec une suspension arrière à ressorts à lames longues, appelée 500A.
Les versions 500B et C d’après-guerre furent entièrement développées par Giacosa.
En tout près de 600'000 unités furent produites toutes séries et versions confondues, dont 52'000 Simca 5. Pour pouvoir lancer la capacité productive prévue, Fiat avait crée en 1936 la nouvelle usine de Mirafiori. Ce site fût progressivement amplifié pour atteindre à la fin des années ‘60 une surface de 2 km², avec une capacité de production de près de 450'000 véhicules par an. Ici Fiat lança la production de la 600 puis de la nouvelle 500.
Antonio Fessia quitta Fiat dès 1946, les conditions pour développer ses idées en matière automobile n’y étaient plus.
Ainsi il rejoignit la société Caproni pour développer et lancer la voiture à traction avant. La Cemsa F11, une berline de taille moyenne, avec un moteur de 1100cm³, 4 cylindres à 180° en porte-à faux à l’avant. La disposition des organes mécaniques était identique à celle de la première 500. Le véhicule était bien plus spacieux, avec un châssis adapté aux exigences routières.
Les difficultés financières de l’après-guerre n’avaient pas permis à Caproni de lancer la voiture en production. Caproni déposa le bilan en 1949. Fessia rejoignit Lancia en 1955, où il put enfin réaliser ses idées sur les projets Flavia et Fulvia.
Fiat, sous l’impulsion de Dante Giacosa, n’était pas adepte de la traction avant. Ainsi Giacosa choisit pour les nouvelles voitures, la 600 en 1955 et puis la 500 en 1957 l’architecture avec moteur-boîte à l’arrière et propulsion. C’était une technique totalement opposée à celle de la Topolino d’origine et à la conception de Fessia.
C’est seulement à la suite du succès de la Flavia, que Fiat donna en 1964 l’ordre à son bureau d’études de lancer des voitures à traction.