Quand on pense à la Maserati 3500GT, ce sont le coupé signé Touring ou le spyder réalisé par Vignale qui viennent à l’esprit. Normal, puisque ce sont eux qui ont le plus été produits tout au long de la commercialisation de cette superbe voiture. Mais d’autres carrossiers ont été sollicités par Maserati afin de proposer leur version. Ce fut le cas pour Frua qui développa cette vision personnelle du spyder. Retour sur ce one/off.

Maserati rentre dans l’ère industrielle.

Maserati présente sa 3500GT au salon de Genève 1957, c’est la première Maserati produite de façon industrielle. Abonné jusque-là aux voitures de course ou aux productions carrossées à la demande, la marque originaire de Bologne est décidée à venir concurrencer Ferrari ou Aston Martin sur le créneau des voitures de sport produites en série.
C’est à Touring que Maserati choisit de confier la carrosserie du coupé. Avec sa technique « superleggera » il en fait un vrai succès commercial pour une voiture de cette gamme puisqu’il sera vendu à presque 2000 exemplaires.

Une version spyder programmée

Comme c’est souvent le cas, il est envisagé, dans un deuxième temps, de produire une version découverte. Il va falloir attendre 3 ans pour voir, enfin, la version spyder de la 3500GT.
Mais cette fois-ci, le choix du carrossier diffère puisque ce n’est pas Touring qui remporte le marché, mais Vignale. La proposition de ce dernier n’est pas très éloignée de celle faite par Touring et le design des deux voitures est dans le même esprit. Le spyder aura une vie plus discrète que le coupé puisque seuls un peu plus de 240 spyders seront commercialisés.

Un outsider nommé Frua.

Si c’est le dessin de Giovanni Michelotti pour Vignale qui remporte le marché du spyder, il aura fallu convaincre la direction de Maserati et écarter un autre challenger. En effet, Frua va être aussi sollicité par la marque au trident afin de faire une proposition pour le spyder.
La version, présentée par Pietro Frua reprend la même base que celle réalisée par Vignale : le châssis du coupé 3500GT raccourci d’une trentaine de centimètres. Le moteur 6 cylindres de 3485cc signé Guilio Alfieri, développe environ 220cv ce qui permet d’envisager une vitesse de pointe de l’ordre de 230km/h.

Mais là où Vignale a privilégié une ligne tendue et sportive, Frua propose un dessin moins fluide, alourdi par moult chrome. La calandre, encadrée par 2 butoirs, est plus large et massive, ce qui nuit à l’élégance de la voiture.

Les prises d’air latérales garnies de chrome sont plus marquées et imposantes que celles du spyder Vignale.L’intérieur est classique. Le tableau de bord regroupant les instruments nécessaires à la conduite sont placés derrière un beau volant Nardi à trois branches.

Les sièges sont recouverts de cuir bicolore, une épaisse moquette courant sur le plancher et la console centrale.La face arrière est elle aussi traitée de façon différente. Là où Vignale a limité les proéminences sur la partie arrière, Pietro Frua propose un dessin plus « américanisé » avec des ailes se prolongeant à l’horizontal, bien au-delà du coffre.

Cette proposition sera vite écartée au profit de celle dessinée par Michelotti jugée plus convaincante.
Dire que c’est un échec pour Frua est peut-être un peu trop catégorique, mais il est vrai que la version choisie est plus élégante, racée et répond sans doute plus à l’idée que l’on se fait d’une Maserati.
Mais si cet essai n’est pas couronné de succès pour Pietro Frua, il se rattrapera quelques années plus tard en dessinant la version coupée de la Maserati Mistral.

La 3500GT spyder Frua restera donc un exemplaire unique qui va être vendu en France par les établissements Thepenier, importateurs de la marque. Ce châssis 101.628 va changer plusieurs fois de propriétaires, bénéficiant au passage de deux restaurations. Le spyder Frua a de nouveau changé de main en 2022, vendu à Londres par RM Sotheby’s.

Crédit photos. MC, RM Sotheby’s Register Maserati Ets Thepenier import France : http://www.thepenier-maserati-register.com/