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Michèle Mouton, parmi les plus grands

De copilote à pilote

Pas spécialement attirée par le sport automobile, c’est un peu par hasard que Michèle Mouton se retrouve comme copilote de Jean Taibi au rallye de Monte Carlo 1973. 

Monte Carlo 73. Coéquipière de Jean Taibi

Après quelques épreuve courues sous cette forme, son père, inquiet de voir sa fille dans une voiture qu’il juge limite pour sa sécurité,  lui achète une berlinette Alpine A110 G3, charge à elle de faire rapidement ses preuves.

Elle ne mettra pas longtemps pour le rassurer sur ses capacités puisqu’elle décroche le titre de championne de France des rallyes deux années de suite en 74 et 75.

Même si une victoire au scratch tarde, ses nombreuses places dans le top 10 laissent espèrer de futurs succès.

Les années Alpine

En 1975, Michèle Mouton, qui sait être multi casquettes, se fait aussi remarquer aux 24 Heures du Mans. Avec ses deux coéquipières, Marianne Hoepfner et Christine Dacremont, elles terminent, sur leur Moynet LM75 à moteur Simca, à la 21ème place, remportant au passage leur classe en moins de 2l..

Le Mans 75 sur Moynet LM75

C’est en 77 qu’elle va obtenir sa première grande victoire.  Si au Monte Carlo elle est inscrite sur une modeste Autobianchi A122 Abarth, elle court sur une Porsche Carrera RS les rallyes qui suivent . Avec comme copilote Françoise Conconi, elles terminent première en Espagne remportant, à cette occasion un premier grand succès. 

Première victoire au rallye d’Espagne 77

Ses bons résultats, tout au long de la saison, lui pemettent de terminer 2ème derrière Bernard Darniche au championnat d’Europe des rallyes, Ari Vatanen occupant la 3ème marche du podium.

Pour 78, c’est sur une Fiat 131 Abarth d’usine que Michèle Mouton va effectuer la saison. Enfin presque puisque le Monte Carlo est couru sur une Stratos engagée par Chardonnet.

C’est à la 7ème place qu’elle finit un rallye gagné par JP Nicolas sur Porsche Carrera.

Monte Carlo 78. Lancia Stratos HF Chardonnet

Elle va ensuite cumuler les bonnes perfomances sur sa 131 avec comme point d’orgue une victoire au Tour de France Automobile.

Victoire au Tour Auto 78 sur Fiat 131 Abarth

En 79, elle continue sur sa lancée. Elle gagne le Lyon-Charbonnières et termine 9 fois sur le podium. Une 2ème place derrière Bernard Beguin au championnat de France vient solder sa saison.

Monte Carlo 79. 7ème sur Fiat 131 Abarth

1980 sera plus compliqué. La Fiat 131 Abarth est moins performante face à une concurrence qui voit apparaître celle qui va révolutionner le monde des rallyes : l’Audi Quattro. 

Les résultats de la française n’ont pas laissé insensible la firme d’Ingolstadt. Michèle Mouton se voit proposer un contrat pour la saison suivante avec pour mission d’épauler Hannu Mikkola au championnat du monde des rallyes.

Même si la fiabilité de la quatre roues motrices laisse encore à désirer, elle va permettre à la française de remporter une manche du championnat du monde : le San Remo Rally.

C’est la première fois, dans le monde si masculin des rallyes, qu’une femme l’emporte. Elle devance Toivonen de plus de 3’.

San Remo 81. 1ère victoire pour Michèle Mouton/Fabrizia Pons sur Audi Quattro

Pour 82, la marque allemande reconduit ses deux pilotes, Stig Blomqvist venant épauler le duo dans certaines circonstances.

Les Quattro sont devenues plus fiables, et les titres pilotes et constructeurs sont envisagés.

La saison va être, pour la firme aux anneaux, conforme à ses attentes. Elle place une de ses voitures au premier rang à l’occasion de 5 des 10 manches comptant pour le championnat constructeurs. Ce sera même mieux pour celui des pilotes puisque ce sont 7 victoires qui tombent dans l’escarcelle d’Audi.

Au classement général final, le titre constructeur vient récompenser la première marque à avoir osé les quatre roues motrices en championnat du monde des rallyes.

Pour celui des pilotes, la lutte sera intense tout au long de la saison entre Michèle Mouton et Walter Rörhl. C’est au rallye du Bandama que tout se joue. Il ne compte pas pour le championnat constructeur, mais toutes les écuries ayant un pilote en lutte pour le titre ont fait le déplacement. Alors qu’à une étape de l’arrivée, la quattro de la française mène avec plus d’une heure d’avance sur l’Ascona de l’allemand, elle rencontre des problèmes de boite de vitesses qui lui font perdre une grosse partie de son avance. Pire, au cours de cette dernière journée de course, la Quattro refuse de démarrer perdant ainsi plusieurs minutes. Obligée de prendre des risques pour rattraper son retard, Michèle Mouton est victime d’une sortie de piste. C’est l’abandon alors qu’elle entrevoyait le titre.

Elle est sacrée vice championne du monde avec 12 points de retard sur Rörhl, après avoir gagné au Portugal, à l’Acropole et au Brésil. Petite consolation, l’allemand n’aura remporté que deux victoires contre trois à la française.

Rallye du Bandama 1982. Le sacre passa si près !

Les trois années suivantes vont être moins satisfaisantes pour Michèle Mouton même si quelques victoires dans des rallyes nationaux viennent complèter son palmarès. 

C’est cependant en 85 qu’elle obtient un de ses plus grands succès. Sur le sol américain, elle vient damer le pion à tous les locaux lors de la Pikes Peak International Hill Climb. Elle place son Audi Quattro au premier rang du classement général en pulvérisant au passage le record de la montée.

Pikes Peak International Hill Climb 1985. Michèle Mouton devant tous les pilotes américains

Pour la saison 86, la grassoise passe à la concurrence puisque c’est sur une 205 Turbo 16 qu’elle va participer au championnat d’Allemagne des rallyes.

Elle ne va pas faire de détail, puisqu’elle gagne 6 des 8 manches au programme ce qui lui permet de remporter le titre avec une confortable avance.

Avant même la fin de la saison, Michèle Mouton annonce son retrait de la compétition au terme de cette année 86. La disparition des Groupe B combinée à la perte de plusieurs de ses amis et concurrents durant les plus de 10 années de sa carrière, la décident à se consacrer dorénavant à sa vie familiale.

C’est une immense championne qui met fin à sa carrière. Elle laisse une trace indélébile dans le monde des rallyes. Elle est la première femme à avoir remporté une épreuve du championnat du monde des pilotes et reste, à ce jour, la seule. Tous ceux qui ont du l’affronter la considère comme un des plus grands pilotes de rallyes ayant existé. 

Championnat d’Allemagne 1986. Dernière victoire pour une immense championne.

 

Crédit photo : Pinterest, Audi Archives

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