Menu
Mécanicien et pilote.
Né le 9 août 1944 à Clermont-Ferrand, Patrick Depailler est le seul garçon d’une famille peu en contact avec le monde de l’automobile. Très tôt attiré par tout ce qui roule, c’est d’abord sur deux roues qu’il fait son apprentissage, tant au niveau mécanique que pilotage.
JP Beltoise va alors jouer le rôle de « bon samaritain » pour l’auvergnat.
Quand il voit le jeune Patrick se battre, en piste sur le circuit de Charade, avec sa Benelli 50cm contre des motos beaucoup plus puissantes et leur tenir tête grace à sa fougue et à sa science des trajectoires, il décide de le soutenir en lui prêtant certaines de ses machines.
Sur Norton ou Bultaco, il remporte de nombreuses courses et commence à se faire un nom dans le monde de la moto.
En parallèle, il commence à courir sur quatre roues et participe avec une Lotus Seven à la Coupe des Provinces où il représente l’Auvergne.
C’est encore JP Beltoise qui l’incite à s’inscrire à l’école de pilotage de Magny-Cours afin de préparer le Volant Shell, passage quasi obligé pour entrer dans le monde de la monoplace.
Même si c’est François Cevert qui gagne la finale, c’est un tremplin décisif pour Depailler qui se retrouve embauché comme mécanicien-essayeur par Jean Rédélé en 1967.
L’intégration au sein de l’équipe Alpine basée à Dieppe se passe au mieux. C’est à Pau, sur une Alpine Renault F3, qu’il fait sa première course et au GP de Paris sur l’Autodrome de Montlhéry qu’il remporte sa première victoire.
Depailler au Mans : beaucoup de frustration
Dès 1967, en parallèle à la F3, Depailler va participer aux 24 Hrs du Mans. Pour sa première participation, on le retrouve associé à Gérard Larrousse sur une Alpine A210. Cette expérience tourne court au petit matin. Victime de problème de distribution, ils doivent abandonner.
Depailler reviendra 7 autres fois au Mans avec à chaque fois, un abandon à la clef, sauf en 1971 sur une Ligier JS3 où il termine bien la course mais n’est pas classé pour distance insuffisante.
Sa plus grande désillusion, c’est lors de sa dernière apparition à l’épreuve mancelle qu’il la rencontrera. Associé à JP Jabouille sur une Renault Alpine A443, il mène la course à quelques heures de l’arrivée quand les ingénieurs décident de baisser la pression du turbo de sa voiture afin de limiter le risque de casse moteur. C’est l’inverse qui se produit. Le moteur cède contraignant le duo Depailler/Jabouille à abandonner à moins de 5hrs de l’arrivée.
La Formule 1 en ligne de mire
Après une année de galère avec une Pygmée engagée à titre privé, c’est en 1971 que Depailler retrouve les premières places. Il vient de signer avec Renault pour piloter la nouvelle F3 1600cm3. Avec 5 victoires à son actif, il est sacré champion de France devant Jabouille.
En 1972, il franchit le channel pour piloter une March-Ford avec laquelle il termine sur le podium du Trophée Europe avec une victoire à son actif.
Alors qu’il vient de gagner hors championnat, le GP de Monaco devant les meilleurs pilotes de sa génération, il se voit proposé par Ken Tyrrell, sur les conseils avisés de François Guiter chargé de la communication chez ELF, le volant de la 3ème voiture de l’écurie anglaise à l’occasion du GP de France. S’il termine non classé après avoir du repasser plusieurs fois par les stands, le français fait bonne impression ce qui incite Tyrrell à lui confier à nouveau un volant pour le GP des Etats-Unis. C’est à une encourageante 7ème place que le français termine, espérant à ce moment là avoir gagner sa place pour l’année suivante.
Malheureusement, il devra attendre le GP d’Italie pour voir l’équipe anglaise faire de nouveau appel à ses services. Comble de malchance ou imprudence de sa part, Patrick Depailler est victime d’un grave accident de moto à la veille du Grand Prix. Sa saison est terminée. Il l’utilisera le reste de l’année pour se remettre de son accident et espèrer un volant pour 74.
Un titre en F2 et un premier succès en F1
Malgré le contretemps fâcheux lié à son accident, Ken Tyrrell engage le français. Il va avoir la lourde tâche de remplacer François Cevert qui vient de se tuer lors du Grand Prix des US. Comme Jackie Stewart a décidé de raccrocher, c’est à côté de Jody Scheckter qu’il va effectuer toute la saison.
Après un début d’année au volant d’une Tyrrell 005 vieillisante, il obtient la première pôle position jamais décrochée par un français au GP de Suède au volant de la nouvelle 007.
Il termine 2ème du GP gagné par son coéquipier. A la fin de la saison, c’est à une honorable 9ème place qu’il pointe au championnat pilotes.
Il continue une brillante carrière en Formule 2 puisqu’il devient champion d’Europe sur une March-BMW.
1975 sera une année de transition pour Depailler. Chez Tyrrell, on attend la mise en service de la P34, première Formule 1 à 6 roues. C’est seulement au cours de la saison 76 que la P34 apparaît. Même si Scheckter gagne à nouveau en Suède, les pilotes Tyrrell doivent s’effacer devant le duel Hunt/Lauda..
Avec ses nombreuses places dans les points acquises dans la 2ème partie de l’année, le français peut légitiment croire que sa première victoire en GP ne va pas tarder.
Malheureusement, 1977 ne va pas être à la hauteur de ses attentes. Alors qu’elle était sensée progresser, la P34 est de moins en moins performante. Il faudra attendre la saison suivante et l’arrivée de la 008 pour retrouver Depailler aux premières places.
C’est à Monaco qu’il décroche enfin la victoire tant attendue. Il devance sur la ligne d’arrivée Niki Lauda et sa Brabham de plus de 22 secondes.
A ce résultat, viennent s’ajouter de nombreuses places dans les points. Une 5ème position au classement pilotes 78 vient clore une belle saison.
Changement de cap pour le mieux et pour le pire.
Pour la saison 79, il quitte Tyrrell pour signer chez Ligier. Avec son équipier Jacques Laffite, ils vont faire un début de saison tonitruant au volant d’une JS11 très performante. Si Laffite gagne en Argentine et au Brésil, Dépailler l’emporte en Espagne, signant là, la deuxième victoire de sa carrière en F1. Mais à nouveau, le sort semble s’acharner sur l’auvergnat qui est victime d’un grave accident de deltaplane peu de temps avant le GP de France. Il est out pour le reste de la sasion.
Même si les ponts ne semblent pas rompus entre Depailler et Ligier, c’est chez Alfa Romeo que le français s’engage pour 1980. A peine remis de ses blessures, il bataille tant bien que mal au volant d’une Alfa 179 puissante mais peu performante.Le châssis manque de rigidité et les freins sont capables de graves défaillances.
Alors qu’il essaye de remédier aux points faibles de sa voiture en effectuant une séance d’essais privés sur le circuit d’Hockenheim, Patrick Depailler est victime d’une très violente sortie de route à près de 280km/h. Il décède quasiment sur le coup.
Une polèmique va immédiatement avoir lieu. L’équipe Alfa Romeo va mettre en avant l’état de fatigue dans lequel se trouvait le pilote pour justifier une erreur de pilotage ou un malaise alors que la plupart des observateurs, pilotes ou journalistes, sont persuadés qu’une défaillance technique de la voiture est à l’origine de l’accident. On ne connaîtra jamais la vérité, nulle enquête n’ayant été diligentée.
Disparaissait ce jour là un des grands pilotes français. Rapide, studieux, très bon mécanicien, il n’aura sans doute pas eu la carrière qu’il méritait. Peut-être trop discret dans un monde où il faut parfois savoir se faire entendre, il aura certainement, par instant, manqué d’audace.
Sans les deux graves accidents qui ont perturbé sa marche en avant, il aurait pu devenir l’un des tenors de la Formule 1.
Crédit photos : Pinterest
