Si la France a longtemps été un des grands pays de la haute couture automobile, il faut quand même se dire que les Figoni, Pourtout, Labourdette, etc, travaillaient surtout avec les grandes marques qu’étaient les Delahaye, Delage, Hotchkiss, Hispano-Suiza, etc. Du coup, à la disparition des constructeurs, seul Chapron fit vraiment de la résistance, notamment avec Citroën (et on parlait par ici). Du coup, pour externaliser leur style, les constructeurs français ont dû s’en remettre aux Italiens. On fait le tour d’exemples plus ou moins connus de ces collaborations.
Pour la marque aux chevrons, on a d’abord fait de l’italien… maison ! Bertoni était à la tête du bureau du style du constructeur. Et, non, il n’a rien à voir avec la Carrozzeria Bertone. En fait, les collaborations sont rares pour ce constructeur. Mais pas absentes et plutôt récentes.
On passera rapidement sur la Citroën SM Frua et autres créations italiennes “non commandées”.
Par contre, une fois le rachat par Peugeot effectué, on peut trouver une telle collaboration. C’est ce qui va donner… la BX ! En effet, c’est la Carrozzeria Bertone qui est mise à contribution et qui va créer les premières esquisses qui seront ensuite reprises par le style interne de la marque. D’ailleurs, ce style sera un peu décliné par Giugiaro sur divers concepts réalisés par la carrozzeria, le plus connu étant la Volvo Tundra (plus d’infos par là).
Bertone sera à nouveau mis à contribution quelques années plus tard pour signer les grandes lignes de celle qui deviendra la Citroën XM.
Une seule collaboration mais quelle collaboration ! Quand la marque à l’hirondelle sort sa Simca 1000, Facel, qui produisait jusqu’alors les versions sports des populaires de la marque, est devenu un constructeur à part entière. Les racines italiennes de la marque poussent à une collaboration avec un carrossier turinois et c’est Bertone qui est choisi.
La Simca 1000 Coupé est fine et bien dessinée. Par contre, il faut bien se dire qu’elle ressemble étrangement à la Fiat 850… en fait ça n’a rien d’étrange, c’est Bertone aussi !
En Juin 1967 on présente la 1200S qui lui succède avec un dessin dérivé mais plus agressif et plus sportif, pour mieux coller aux velléités sportives de la nouvelle auto qui embarque l’inédit moteur Poissy.
Tout commence en 1951 quand Renault lance le projet de celle qui devra épauler la 4CV en tête des ventes et sera sa “Dauphine”. Oui, le nom vient de là. Les premières études sont très proches de la 4CV mais on veut la différencier. C’est donc Ghia qui va être chargé de créer les lignes de l’auto. Tricorps tout en rondeur, le projet est bien avancé mais Renault n’est pas totalement satisfait. Les lignes seront revues en interne et ça donnera la forme définitive de la Dauphine !
En 1953, Renault est empêtré avec sa Frégate… qui ne marche pas, il faut dire ce qui est. Pour la redynamiser et légitimer son statut de haut de gamme, le constructeur commande un prototype de Cabriolet à Letourneur et Marchand et un coach à Chapron. Ils seront fabriqués en petite série. Et l’Italie ? C’est parce que Ghia se greffe à cette histoire et propose son cabriolet… qui est trop cher à produire. Seuls 4 exemplaires sortiront effectivement, mais n’ont pas grand chose à voir avec Renault.
Enfin on arrive en 1956. Là encore on va parler de Dauphine puisqu’elle sera la base technique d’un cabriolet code 1092. Ghia est chargé de travailler sur le projet et c’est en fait Virgil Exner qui dessine quelques croquis avant qu’on ne sous-traite auprès de Pietro Frua. Celui-ci va créer la Dauphine GT. Le cabriolet a des formes qui rappelle grandement ce que sera le cabriolet… mais c’est en fait le début d’une sacrée histoire.
Ni Ghia, ni Renault, ne répondent à ses sollicitations pour lui dire si le projet convient. Lassé, il se tourne vers Ghia-Aigle, la filiale suisse qui a pris ses distances avec la carrozzeria italienne qui va exposer l’auto au Salon de Genève ! Dreyfus, le patron de Renault entre dans une colère noire puisqu’il ne veut dévoiler l’auto qu’à l’automne !
Finalement Renault se fâche, récupère le projet, et le bureau du style affine la proposition de Frua pour Ghia. Leur nom ne sera d’ailleurs jamais mis en avant au moment de la présentation de l’auto… et Renault ne travaillera plus directement avec des carrossiers italiens !
Cela enterre également le projet 600, réalisé par l’italien sur une base de Dauphine, avec sa cabine avancée et pensée pour succéder à… la Frégate avec un V8 sur le Projet 900.
C’est évidemment le constructeur sochalien qui a le plus collaboré avec un carrossier italien. D’ailleurs la relation avec Pininfarina a été poussée bien plus loin que celles évoquées précédemment.
Tout commence avec la Peugeot 403 qui est la première étude du carrossier pour la marque française. La relation est timide et les esquisses sont revues en interne.
Pour la Peugeot 404, on va bien plus loin. Pininfarina appose sa patte, d’où la ressemblance avec des Austin et Fiat déjà vues. Pour le coupé, c’est encore pire, c’est une véritable Ferrari 250 GTE en réduction !
Pour autant, à Sochaux, on est conquis. La Peugeot 204 ? Pininfarina évidemment, que ce soit pour les versions berline ou coupé et cabriolet. La 304, basée sur la précédente, est également dessinée (mais toujours en partie seulement) chez Pininfarina.
Pour la 504, c’est un travail partagé. L’avant est adoubé par Pininfarina, qui lui voit les yeux de Sofia Loren mais l’arrière est bien italien… et fruit d’un travail inachevé. Hervé Charpentier nous le racontait dans Une Nuit au Musée à l’Aventure Peugeot, à voir ici. Par contre le cabriolet et le coupé seront 100% italiens : c’est même à Turin qu’on fabrique les carrosseries !
Suivront encore les 405 et le 1007 sera le dernier en date pour la grande série. Par contre, Pininfarina sera l’allié des petites séries. La 205 Cabriolet puis la 306 Cabriolet seront dessinées et assemblées chez Pininfarina, tout comme la célèbre Peugeot 406 Coupé.
Depuis la 1007, même si Pininfarina est toujours au sommet, aucune Peugeot n’a été signée par les italiens.
Voilà, on a fait le tour des principaux constructeurs. Ce ne sont évidemment pas les seuls exemples puisque des D.B et Panhard ont été également réalisées en Italie. Même l’ancêtre de l’Alpine, la Rédélé Spéciale était dessinée par Michelotti et carrossée par Alemano !