Selon celui qui vous en parle, c’est une Volkswagen ou c’est une Porsche. Dans l’ombre des 911, la Porsche 914 a fait son chemin, avec son physique et sa conception particulière. Et si elle est restée dans l’ombre, c’est que son succès n’a pas été flamboyant. Mecanicus vous en propose une à la vente, ça nous a donné envie de vous raconter son histoire.
Difficile de croire que la 911, qui est encore en vente 60 ans après le premier modèle et un concept quasi-inchangé, ait été une auto compliquée pour la marque. Si elle était réellement plus sportive et performante que la 356, quand cette dernière quitte la production, Porsche n’a qu’un modèle en vente. Et il est plus cher que la 356. La clientèle râle et ce n’est pas la 912, avec sa caisse de 911 et son moteur de 356 qui arrive à la combler. On doit étudier un nouveau modèle à Stuttgart, mais les finances sont dans le rouge.
Chez le “cousin” de Wolfsburg, qui ne l’est pas encore totalement, on pense à la remplaçante des élégantes Karmann-Ghia Type 14 et Type 34. Et il faut que l’auto soit sportive, ce que les deux belles n’ont jamais été. Heinz Nordhoff prend les choses en main et propose à Porsche de s’associer.
Pour le coup, on crée carrément une nouvelle marque : Volkswagen-Porsche. On va puiser dans le portefeuille de VW pour l’étude, qui sera faite chez Porsche, tandis que les usines de la ville-usine de Wolfsburg fabriqueront la future auto.
Pour ce qui est de la technique, on s’oriente d’emblée vers une architecture inédite pour les deux marques qui ont bâti leur succès sur le tout à l’arrière. Le moteur sera central dans une monocoque rigidifiée par des caissons. Suspensions avant à ressort et barres de torsion (un système dont Ferdinand Porsche est l’un des pères), pont Mac Pherson à l’arrière, disques aux 4 roues, on fait moderne.
Pour le moteur, on en choisit deux. Du côté VW, on vendra une 914 avec un 4 cylindres à plat, nouveau néanmoins puisqu’apparu en 1968, couplé à l’injection et sortant 80ch. Côté Porsche, on reprend le 1991 cm³ à carbu des 911 et ses 110ch.
Le style est lui aussi confié à Porsche. “Butzi” Porsche et Heinrich Klie dessinent une auto qui casse les codes. Finies les ailes avec des phares en bout là, ce sont les clignotants et les veilleuses qu’on retrouve à l’avant. Les phares sont des pop-ups placés au bout du capot plat. La cellule centrale reprend le principe du Targa avec un toit amovible qui allie les avantages du coupé et ceux du cabriolet. L’arrière est haut (il faut loger le moteur.) et plat.
Au salon de Francfort 1969, le 11 septembre pour être précis, la nouvelle auto est dévoilée. Les nouvelles autos se font remarquer par leur style surtout. Côté performances, c’est plus compliqué.
La “Volkswagen” et ses 80ch atteignent les 100 km/h en 13s et plafonnent à 177 km/h. La Porsche 914/6 atteint les 100 en 9,8s et file à 201 km/h ! Pourtant, les deux autos font 900 kg !
Si quelques autos sont assemblées dès la fin 1970, l’industrialisation commence réellement au début de l’année 1970. Les chaînes de production de VW ne sont pas adaptées au volume de production de la nouvelle auto. C’est donc Karmann qui produit le tout… enfin presque. Si les VW sortent complètent, les Porsche bifurquent avant de recevoir la mécanique, moteur et trains roulants spécifiques, qui ne sont ajoutés qu’à Zuffenhausen.
Les Porsche 914/6 se vendent, logiquement moins bien. Elles sont bien plus chères et les engagements en compétition n’y changent rien. Les deux autos n’évoluent pas. Pourtant, chez Porsche, on table sur une 914/8, avec le moteur des 908, qui est surtout un délire d’ingénieur, et sur les 916 dont les quelques prototypes affichent 200ch !
En 1973, on stoppe donc la 914/6. Elle est pourtant remplacée par une autre Porsche 914, la 2.0 qui utilise le moteur Type 4 (le 1.7 donc) et en sort 1970 cm³. Avec l’injection, il atteint 100ch, permet un 0 à 100 en 10,5s et une pointe à 190 km/h. On note d’ailleurs que ce moteur est le premier de la gamme à être bridé à 95ch pour passer les tests d’émission aux USA.
Ce sont ces mêmes tests qui vont entraîner l’arrêt du 1.7, remplacé en 1974 par un 1.8. Ce moteur d’entrée de gamme permet une puissance de 85ch en Europe et 75ch aux USA.
La valse des moteurs et des modèles ne s’arrête pas là. En 1975 la 2.0 est arrêtée en Europe, mais reste proposée sur le marché nord-américain en étant encore plus bridée : 88ch sous le capot ! À la fin de cette même année, la 1.8 s’arrête et la 2.0 suit à la fin de l’année 1976.
Le bilan de la Porsche 914 reste contrasté. Si elle est restée dans les mémoires comme une Porsche 914, ce sont bien les versions “VW” qui ont été les plus vendues. Sur les 118.978 voitures produites, seules 3.332 ont été des 914/6 avec le moteur Porsche !
Oui, vous avez bien lu. Mecanicus vous propose justement à la vente l’un de ces rares exemplaires à moteur Porsche. Encore mieux : cette auto est une des toute première puisqu’elle a été construite en 1969 et livrée neuve à son client, évidemment américain, le 1er janvier 1970 !
Arrivée en France 50 ans plus tard, seul son moteur a été restauré, il y a trois ans. Pour le reste, elle conserve un état d’origine très propre. Elle est proposée à 82.900 €, légèrement en dessous de la cote du modèle. Toutes les infos sur la voiture sont ici.
Évidemment les Porsche 914/6 sont les plus recherchées et les plus chères. À l’inverse, les 1.7 originelles et les 1.8 sont trouvables à moins de 25.000 € quand les 2.0 à 4 cylindres, courantes mais recherchées également pour le compromis prix/performances qu’elles offrent, évoluent autour des 40.000 €.