Depuis quelques jours vous pouvez retrouver une Porsche à moteur V8 à la vente sur Mecanicus. Non, on a pas dégainé un Cayenne ou une Panamera, on parle ici d’une auto prévue pour le marché américain, qui fait du bruit et qui a eu une magnifique carrière.
Dans les années 60 puis 1970, le constructeur de Zuffenhausen veut sortir de la monoculture de la Porsche 911. Au moment de sortir la 914, en collaboration avec VW, l'objectif est d'accroître le volume de production. Par contre, dans les années 70, l’idée est différente. Ernst Fuhrmann, ingénieur qui a contribué à la création des 550 et 718, est arrivé à la tête du constructeur. Et il ne croit pas en l’avenir du moteur à plat en porte à faux arrière. Un vrai visionnaire !
Plusieurs projets sont lancés, dont celui qui crée la première “PMA”, la 924 et son 4 cylindres en ligne.
Mais ensuite, en 1977, débarque une auto bien plus performante, la Porsche 928. Côté design, elle reprend les lignes tendues appréciées à la fin des années 70. Elle n’est pas taillée à la serpe pour autant, adoucissant le trait dès que possible. Les surfaces vitrées sont imposantes, tout comme la séparation entre la portière et la vitre de custode, repoussée loin en arrière. L’avant est long et les phares se remarquent. Ce ne sont pas des pop-up mais ils se redressent quand on en a besoin.
Côté technique, la nouvelle Porsche 928 montre clairement son envie de dévorer les grands espaces américains… tout en gardant une certaine mesure germanique. C’est donc un V8 qu’on retrouve sous le capot. Avec 4474 cm³ de cylindrée, une injection mécanique, ce moteur sort 240 ch. Particularité, la boite à 5 rapport est rejetée à l’arrière pour améliorer la répartition du poids.
La puissance est un peu juste pour certains observateurs, surtout que le poids atteint 1550 kg ! Pour autant, avec 7,6s pour atteindre les 100km, 233 km/h en pointe et la borne kilométrique dépassée en 28,3s, la Porsche 928 ne se traîne pas !
Il faut quand même se dire qu’on parle là d’une GT et pas d’une pure sportive. Ça se ressent notamment à l’intérieur avec des places arrières vraiment logeables, malgré l’emploi de vrais baquets. Ce positionnement est d’ailleurs une bonne nouvelle et joue certainement dans le fait que la Porsche 928 soit élue voiture européenne de l’année en 1978 !
Dès 1979, la Porsche 928 S vient compléter la 928 “tout court”. Le moteur est revu et passe à 4664 cm³ en augmentant le taux de compression. L’objectif est clair : améliorer les performances. Avec 300ch, elle atteint désormais les 250 km/h et le 0 à 100 s’établit en 6,7s. Pour aller dans ce sens, les freins sont renforcés.
La 928 va quitter la gamme en 1982 et pour le modèle 1984 la Porsche 928 S2 prend la place de la S. La cylindrée n’évolue pas mais l’injection électronique permet de passer à 310 ch, le couple augmente aussi, grâce à un taux de compression plus important. Les performances restent similaires. En parallèle, la boite auto, obligatoire sur le marché nord-américain, passe de 3 à 4 vitesses. La Porsche 928 S2 est également la première auto de la marque à recevoir l’ABS.
On ne s’arrête pas là car la Porsche 928 S3 débarque en 1985. D’abord réservée au marché américain, son V8 atteint désormais 4957 cm³. Surtout il reçoit un double arbre à cames en tête. Pour autant, normes antipollution obligent, la puissance régresse à 288 ch et ça se ressent côté performances.
Ces différentes évolutions permettent aux ventes de repartir à la hausse. La Porsche 928 a beau être décriée par les puristes amoureux du 6 à plat refroidi par air, entre 1984 et 1986 on écoule 14.347 voitures. Par comparaison, ce sont 43.091 Porsche 911 qui sont vendues sur la même période. La 928 voulait remplacer le mythe, c’est raté.
En 1986 débarque la S4. Le moteur de 5 litres à double arbre est désormais disponible dans le monde entier. Sans les normes américaines restrictives le moteur atteint 320ch ! La vitesse de pointe atteint 270 km/h et le 0 à 100 est abattu en 6,2s !
Surtout, le style évolue. Pas de grosse révolution à ce niveau mais les arêtes se font moins vives. Les rondeurs font leur apparition pour une ligne plus douce. À l'arrière c'est un vrai aileron qui remplace le becquet des précédentes versions.
Porsche semble avoir trouvé la bonne recette puisque cette S4 restera au catalogue pendant 5 années, sans pour autant dépasser les chiffres de vente du premier modèle.
En 1989 on en dérivera une version Clubsport, le graal de la Porsche 928. Si le moteur n’est pas boosté, si le poids reste élevé, on modifie les rapports de boîte pour plus de nervosité. Le 0 à 100 descend à 5.7s sans pour autant que la vitesse de pointe ne régresse. Il n’en sera produit que 19 exemplaires.
Son rapport de pont est d’ailleurs repris sur la Porsche 928 GT qui débarque en 1989. Le moteur est revu avec un arbre à came plus pointu qui permet de gagner 10 ch.
À partir de 1992 et jusqu’en 1995, un seul modèle restera au catalogue : la Porsche 928 GTS. Le moteur monte à 5,4 litres. La puissance culmine à 350 ch, un chiffre conséquent qui permet au 0 à 100 de passer définitivement sous les 6s. Les ailes sont plus larges, donnant un aspect encore plus rondouillard à la GT.
Pour autant, on parle d’une auto en fin de carrière. Sur ces trois années les ventes s’établissent à 2904 autos pour porter le total à 61.056 exemplaires de Porsche 928. L’idée de remplacer la 911 est oubliée. Porsche va même changer son fusil d’épaule, abandonnant pour un temps le moteur à l’avant et le V8 et repassant sur une auto plus proche de la 911 pour la compléter : le Boxster.
C’est donc un des modèles des premières années que nous vous proposons à la vente. Cette auto a été immatriculée pour la première fois à l’été 1981 à Saint-Etienne. On retrouve une carrosserie bleue métal et un intérieur bleu lui aussi. Le vrai avantage de notre Porsche 928 S, c’est sa boîte manuelle, gage d’une certaine sportivité.
Elle est toujours restée française et a certainement connu une longue immobilisation suivie de nombreux travaux qui ont redonné de sa superbe à sa mécanique. Son kilométrage atteint 106.822 km, mais il ne faut pas prendre peur devant ce chiffre. Les Porsche sont robustes quand elles sont bien suivies et celle-ci ne vous empêchera pas de doubler le chiffre du compteur.