Quand Fiat se lance dans le projet d’une voiture sportive à moteur 8 cylindres, c’est vers SIATA que la marque turinoise se tourne pour fabriquer le châssis et faire son assemblage avec le moteur. Mais SIATA est aussi un constructeur et il saisit l’opportunité de l’arrivée de ce 8 cylindres pour lancer lui-même un nouveau modèle : la 208. Focus sur une voiture encore méconnue.
Fondée en 1926 par Giorgio Ambrosini, la société SIATA, basée à Turin, est spécialisée dans l’amélioration des performances des Fiat. En complément à cette activité, elle commence à produire, sous son propre nom, des voitures se présentant sous forme de spiders ou de coupés.
Quand la Fiat 8V est lancée, les dirigeants de SIATA sont immédiatement convaincus par le potentiel du 8 cylindres et va produire une série de voitures connues sous le nom de 208.
Ce sont principalement deux types de carrosseries qui viendront habiller le châssis tubulaire construit par Siata. Des spiders, dont le dessin est souvent attribué à Michelotti, fabriqués par la carrosserie Motto et, des coupés, plus imposants, dont la carroserie sera produite par deux établissements, Balbo et Stabilimenti Farina.
Pour le spider 208S, on retrouve le 8 cylindres incliné à 70° associé à une boite 4 vitesses. Sa puissance de 110cv n’est pas exceptionnelle mais suffisante pour une voiture pesant à peine plus de 900 kilos. Comme beaucoup de spiders de cette époque, c’est sur le sol américain que les 35 unités produites auront le plus de succès même si son prix élevé ne lui permettra pas de concurrencer véritablement les petits roadsters anglais vendus nettement moins chers.
Les coupés présentent un physique plus imposant. Qu’ils soient carrossés par les Stabilimenti Farina ou par Balbo, ils sont plus larges que le spider. Le poids s’en ressent puisqu’ils approchent la tonne. Le moteur reste le même. Des évolutions successives lui permettront de gagner quelques chevaux pour arriver à près de 140. Une boite 5 manuelle viendra aussi équiper certaines 208.
Avec ses phares rétractables et sa large grille, la 208CS Stabilimenti Farina paraît très agressive. Sa silhouette ramassée, son dos rond et sa surface vitrée limitée, donnent à la voiture le profil d’une bête de course. Si elle est bien différente de la Fiat Otto Vu dessinée par Rapi, elle est de la même trempe.
La version proposée par Balbo n’est pas fondamentalement différente. Et pour cause puisque Balbo n’a fait que prendre la suite des Stabilimenti Farina quand ils ont cessé toute activité. Seuls quelques détails peuvent différencier le travail des deux carrossiers. Elle aussi paraît prête à dévorer la concurrence. On sent qu’elle n’attend plus que la piste pour s’exprimer.
Beaucoup de 208, sous toutes ses formes, participent à de nombreuses courses sur tous les continents.Plusieurs 208CS courent aux Mille Miglia, Targa Florio, Tour de Sicile et même au Tour de France 1953 avec l’équipage Boussignac/Estager.
Aux US, on retrouvera des 208S ou CS sur toutes les pistes du pays. Souvent pilotées par Ernie Mc Affee ou Otto Luton, on les verra à Sebring, Watkins Glen, Santa Barbara,Torrey Pines et même à la Carrera Panamericana.
Comme c’est souvent le cas dans les années 50, la 208 fera l’objet de quelques one/off, sans parler de certains prototypes que l’on ne verra que dans des salons et qui disparaîtront aussitôt comme certains réalisés par Vignale.
Inutile de dire que les SIATA 208, qu’elles soient 208S ou 208CS sont aujourd’hui très recherchées. Produites en petite quantité, elles sont dans les plus prestigieuses collections. Rares sont les occasions d’en voir une.
Crédit photos :Pinterest, Ultimatecarpage, Otto Luton, KWA, MC