Situé en Belgique, Spa-Francorchamps est né de la rencontre entre le patron du journal local la Meuse, Jules de Thier, le bourgmestre de Spa, le baron Joseph de Crawhez et le coureur automobile Henri Langlois van Ophem. Désireux de créer un circuit afin de proposer des compétitions automobiles à la sortie de la 1er guerre mondiale, ils décident d’utiliser, comme base au tracé, les routes 32, 23 et 440. Celles-ci, qui relient Spa-Francorchamps, Malmedy et Stavelot, constituent un triangle d’une longueur d’environ 15km parfait pour ce projet.
C’est en 1921 qu’a lieu la première course. D’abord prévue pour les autos, ce sont finalement les motos qui les remplacent, une seule voiture s’étant insrcite au départ.
En 1922, c’est de Tornaco sur Imperia-Abadal qui remporte la première épreuve organisée pour des voitures de tourisme.
Il faudra attendre 1924 pour voir l’arrivée des 24hrs de Francorchamps et le début d’une longue histoire liant les courses d’endurance et le circuit belge.
De grandes ou petites transformations vont alors venir modifier le tracé tout au long du 20ème siècle. C’est le cas en 1939 avec la création du Raidillon puis, début des années 50, avec l’élargissement de la piste et la création du virage de Stavelot. En 1979 intervient la plus importante des modifications avec l’inauguration du nouveau tracé qui ramène la longueur totale de la piste de plus de 14km à 7km environ.
En 2007, des nouveaux stands sont créés avant le virage de la Source et la chicane située avant la ligne de départ est modifiée. En 2021, une série de vastes travaux ont été lancés pour réaménager les tribunes en face des anciens stands, ainsi que l’agrandissement de dégagements à plusieurs endroits dont Eau Rouge/Raidillon et Bruxelles.
Malgré tous ces changements, le circuit de Spa reste extrêmement rapide. Il est fait pour les pilotes au gros coeur. La succession de longues lignes droites, de virages larges ou serrés et ses forts dénivelés comme le fameux Raidillon à près de 17% en font un endroit que seuls les plus talentueux parviennent à dompter. Même s’il est moins dangereux qu’à ses débuts, il reste un circuit où les pilotes les plus courageux mettent en jeu leur vie à chaque tour. Si vous ajoutez à ça les aléas de la météo des Ardennes, tous les ingrédients sont réunis pour y vivre des courses palpitantes.
Les 24hrs de Francorchamps sont une des trois épreuves phares se déroulant sur le « toboggan des Ardennes ». Cette année, on célébrera les 100 ans d’une épreuve qui a toujours été un des rendez-vous majeur de la saison.
C’est en 1949 que Ferrari remporte une victoire importante pour la marque avec le 166MM de Chinetti/Lucas.
Dés les années 60, ce sera la chasse gardée des marques allemandes avec des succès pour Mercedes, BMW, Porsche, Ford Europe puis Audi
Mais on y verra aussi quelques surprises avec les victoires de Mazda en 1981, de Nissan en 91 et de la très belle Maserati MC12 au milieu des années 2000.
Les 1000km de Spa sont le deuxième volet incontournable du circuit belge. La course a vu le jour en 1966. Elle prend alors la place des 500km qui se déroulaient sur ce tracé depuis 1963.
Réservées aux Sport-Prototypes, elles vont permettrent aux plus grandes écuries de se livrer de féroces batailles.
Dès la première édition, ont voit la Ferrari de Parkes résister à une meute de GT40/MKII et remporter une brillante victoire pour la Scuderia.
On y verra aussi des duels entre coureurs d’une même équipe comme le fut la véritable « guerre » que se livrèrent Siffert et Rodriguez au volant de leurs 917K roulant portière contre portière durant toute la montée du Raidillon.
L’épreuve se déroulera sous ce format jusqu’en 2011, se terminant par un doublé Peugeot avec les 908 devant trois Audi R18 TDI.
L’année suivante, c’est une course de 6hrs qui prend la place des 1000km.
Le dernier volet des épreuves phares se déroulant sur ce circuit n’est pas le moins important puisqu’il s’agit du championnnat du monde de Formule 1.
C’est dès 1922 que l’on voit des voitures se disputer la victoire sur l’ancien tracé. On y verra Chiron, Nuvolari, Caracciola ou JP Wimille y gagner sur Bugatti, Maserati, Mercedes ou Alfa Romeo.
A la création du championnat du monde de formule 1 en 1950, le GP de Belgique fait partie des épreuves inscrites au programme.
Pour cette première année, c’est Fangio qui gagne. Il renouvelera cet exploit en 1954 sur Maserati et en 1955 sur Mercedes.
Le GP de Belgique va alors se dérouler sur ce même tracé jusqu’en 1970 avec 3 années blanches, 57.59 et 69.
Jim Clark va s’imposer 4 fois de suite entre 62 et 65. Pedro Rodriguez sur sa BRM sera le dernier à triompher sur l’ancien circuit avant une interruption de près de 13 ans, le GP de Belgique se déplaçant alors vers Zolder.
C’est en 1983 que Spa se retrouve inscrit au championnat du monde de Formule 1. C’est Alain Prost qui s’y impose sur sa Renault. Après être reparti à Zolder en 84 , le circuit des Ardennes accueille le GP de Belgique de façon continue à partir de 1985, à l’exception de 2003 et 2006 où il n’a pas lieu.
On se souviendra de l’édition 2000 où Hakkinen profitera du dépassement d’un attardé, Ricardo Zonta, pour doubler également Michael Schumacher alors en tête au bout de la longue ligne droite suivant le Raidillon.
Verstappen est le dernier vainqueur en date sur un circuit où les hollandais aime se déplacer en masse.
Avec ses 6 victoires, Michael Schumacher est le pilote ayant le plus gagné à Spa en F1. Il devance Ayrton Senna qui cumule 5 succès.
Réputé pour être très rapide, il suffit de regarder les records au tour pour s’en convaincre. Sur l’ancien tracé, le record absolu est détenu par Henri Pescarolo sur une Matra 670B qui, en 1973 lors d’essais libres, parcourt les 14km du circuit en 3’12’’4 à 262,461km/h. Pour comparaison et pour se rendre compte de l’exploit, le record du tour en Formule 1 est détenu depuis 2020 par Lewis Hamilton qui, lors de la dernière séance d’essais, couvre les 7km du nouveau tracé en 1’42’’252 à 249,026km/h de moyenne.
Pour autant, qui dit circuit rapide ne veut pas dire que longues lignes droites pendant lesquelles les moteurs les plus puissants sont en charge maximale. L’épingle de la Source, la chicane avant les nouveaux stands ou Pouhon sont des endroits à négocier avec beaucoup de finesse si on ne veut pas perdre trop de temps. Sur l’ancien tracé déjà, plusieurs accidents mortels sont venus endeuiller les courses. C’est le cas, avant guerre, de Richard Seaman sur sa Mercedes. Alors en tête du GP, sur un sol mouillé, il sort de la piste et vient percuter un arbre. Il décède peut après son admission à l’hôpital.
En 1966 à Masta, Stewart est victime d’un grave accident. Ce sera pour lui le déclic et il ne cessera d’oeuvrer pour améliorer la sécurité de Spa, mais aussi de tous les circuits du monde.
Depuis l’utilisation du nouveau tracé, le passage sur lequel se porte toute l’attention des pilotes est l’enchaînement Eau Rouge/Raidillon. C’est là que la concentration doit être maximum et que la plupart des accidents graves ont lieu. On se rappelle 1985 où l’accrochage entre la Porsche 962C de Jacky Ickx, alors en tête des 1000km, et la 956B de Bellof à Eau rouge provoquera la mort du jeune espoir allemand. Encore récemment, le décès en Formule 2 du français Antoine Hubert en 2019 sera la conséquence d’un crash violent à la sortie du Raidillon après un contact avec un concurrent.
L’endroit est particulièrement délicat. En partant de l’épingle de la Source, la descente devant les anciens stands vous amène à Eau Rouge à grande vitesse avant de « monter » le Raidillon à l’aveugle et de déboucher sur Kemmel, la plus longue ligne droite du circuit.
Une voiture de tourisme, suivant sa puissance et son année, passe l’enchaînement à une vitesse comprise entre 160 et 200km/h. Une Formule 1, roule au même endroit à plus de 300km/h.Sa vitesse conditionne toute la ligne droite qui suit d’où une prise de risque maximum pour passer le plus vite possible.
Ce passage, jugé dangereux par certains, est celui qui donne ce surplus d’acrénaline aux pilotes comme aux spectateurs et qui fait de ce circuit ce qu’il est aujourd’hui. Ne serait-ce que pour ça, il est indispensable de se rendre à Spa-Francorchamps et si possible, de tourner sur celui qui mérite parfaitement le titre officieux de « plus beau circuit du monde ».
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