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Tour de France Automobile 1970, 1971 : Quand les Sports Prototypes s’invitent à la fête.

Matra MS650

Alors qu’il vient d’être élu en mars 68 comme président de la FFSA, Bernard Consten a un objectif prioritaire : la relance du Tour de France Automobile dont la dernière édition en 1964 s’est terminée par la victoire de la Ferrari GTO de Lucien Bianchi. Fort de ses cinq victoires en catégorie tourisme, de ses multiples contacts, tant du côté des sponsors que des organisateurs, nul n’est mieux placé que lui pour relancer une course qui lui tient tant à coeur et qui était devenue une des épreuves phares du calendrier français au même titre que les 24hrs du Mans.

1969 le renouveau.

L’année de la relance , faute d’avoir pu l’intégrer suffisamment tôt à leur programme, les écuries oficielles sont quasi absentes et seules Ford, venu en puissance grace à ses filiales européennes, BLMC, Chrysler-Simca et Alfa Romeo, via la SOFAR, répondent présentes.
Le reste du plateau, une centaine de concurrents, sont des indépendants qui, pour ceux qui peuvent espèrer jouer les premiers rôles,  s’alignent sur Porsche (904, 906, 910 ou 911) ou Ferrari (275 LM, 275 GTB).                          

Le parcours est lui classique. Il mélangent circuits, courses de côte et épreuves spéciales chronométrées. Au final, après une course disputée, c’est Larrousse sur une 911R qui l’emporte devant Greder et sa monstrueuse Corvette.

Corvette

Au delà du résultat, c’est l’ambiance, qui a prévalu tout au long de l’épreuve, la qualité du parcours et l’engouement des spectateurs, qui l’emportent. Quelques points sont à revoir, mais personne ne jette la pierre aux organisateurs tellement l’on est content de revoir l’épreuve après ses 4 ans d’interruption.

911 R

Ce qui est sur, c’est que la base est bonne et que le Tour 70, une fois les enseignements tirés, ne pourra qu’être grandiose.

1970 les « Sports Prototypes » débarquent.

Matra 650

Pour cette nouvelle édition et dans l’optique d’améliorer encore le spectacle, le réglement a été profondément remanié dans le but d’ouvrir les inscriptions aux sports prototypes, ce qui séduit Matra qui inscrit deux MS 650 pour les équipages Beltoise/Depailler/Todt et Pescarolo/Jabouille/Rives.

Parcours édition 1970

Le parcours de plus de 4500km dont 1200 de classement part de Bandol pour terminer à Nice. Il est découpé en 8 étapes, fractionnées en 10 courses de côte, 9 circuits et 1 secteur chronométré. Pour faire face aux deux Matra, on retrouve les Porsche avec moult 911, une GT40, deux Ligier JS1 et quelques Alfa Romeo GTAM ou Alpine A110.

Ford GT 70

Tout le monde à conscience que personne n’est capable de lutter à armes égales avec les deux protos, mais beaucoup ont un doute sur leur capacité à franchir sans encombre toutes les étapes de ce Tour, elles qui n’ont jusque là fréquenté que l’asphalte bien lisse des circuits.
Pourtant, le sérieux avec lequel les voitures bleues ont été préparées va doucher les espèrances de ceux qui voyaient les protos abandonner rapidement.

Matra MS650

La première étape, sur le circuit du Castellet permet aux deux Matra de marquer leur territoire et prendre 5 minutes d’avance sur les poursuivants. Normal pensent certains, c’est le terrain idéal pour ce genre de voiture. Effectivement, Larrousse sur sa 911 R prend sa revanche dans la montée du Minier et termine devant les deux Matra au bout des 21km chronométrés.
La suite ne sera que copie conforme de la première journée. Les deux protos s’imposent largement sur tous les circuits et parfois même lors de certaines courses de côtes quand la chaussée leur permet d’exploiter le potentiel du V12.
Le passage tant redouté sur les pavées du Nord sensé être source de soucis pour les Matra n’entame en rien leur sérénité. Pas plus que les traversées de bon nombre de villes avec leurs embouteillages n’arrivent à perturber l’avancée des deux voitures.

Matra MS650

Une alerte sérieuse vient cependant troubler l’équipage Beltoise/Depailler/Todt lors de la 7ème étape. Le V12 décide de ne tourner que sur 11 cylindres et un panache bleu sort des échappements des leaders de la course. Heureusement, l’assistance veille et tout rentre dans l’ordre avant l’épreuve prévue sur le circuit de Charade.
Les dernières spéciales ne changeront rien à la domination des voitures bleues et c’est avec un peu plus de 4 minutes d’avance que le trio Beltoise/Depailler/Todt s’impose à Nice sur Pescarolo/Jabouille/Rives et plus de 35 minutes sur la Porsche de Larousse.

Porsche 911

Ainsi se termine ce Tour de France Automobile 1970 avec la victoire de Matra sans que la concurrence n’ait pu réellement les inquiéter.

Certes, le passage des deux protos a attiré un public nombreux tout au long du parcours mais tous les spécialistes s’accordent sur le fait que sans la présence d’une opposition sérieuse aux deux Matra il sera difficile d’obtenir une adhésion totale au nouveau règlement. 
« A vaincre sans péril, on tiomphe sans gloire ». C’est sur cette citation de Corneille que Bernard Consten doit réfléchir en préparant l’édition 71.  

1971 : Duel Matra/Ferrari

Ferrari 512 M

Après avoir demander l’avis aux participants à l’issue du Tour 70, Bernard Consten maintient l’idée de laisser l’épreuve ouverte aux Sports Prototypes et aménage un parcours plus « international » avec une passage par le Nürburgring et deux chronomètres en Espagne.
Ayant été accusé, l’année précedente, d’avoir favorisé les Matra avec un nombre important de circuits, il propose un meilleur équilibre entre les différents types d’épreuves chronomètrées. C’est ainsi que 11 courses de côte, 8 circuits et 1 parcours chronométré sont proposés aux concurrents.

Carte Tour de France Auto

Du côté des forces en présence, Matra se présente avec deux MS 650 pour les équipages Larrousse/Rives et Fiorentino/Gelin. Une très performante Ferrari 512 M engagée par l’Escuderia Montjuich pour Juncadella/Jabouille/Guénard semble être l’opposition la plus sérieuse même s’il ne faut pas oublier une Ford GT70, deux Ferrari Daytona ainsi que l’habituelle armada Porsche prête à sauter sur la moindre défaillance de leurs adversaires.
C’est de Nice que partent les 96 équipages pour près de 5000km dont plus de 1000km de spéciales.

Matra MS650

Dès le départ, Larrousse se porte en tête en gagnant la première épreuve, la course de côte de Gourdon-Caussols. C’est la Ford GT70 qui termine deuxième, la Matra de Fiorentino et la 512M étant victimes de petits soucis faisant perdre à cette dernière 25’’ sur le leader.

Ford GT70

La deuxième épreuve sur le circuit Paul Ricard ne fait que confirmer le début de course. Larrousse s’impose à nouveau devançant la Ferrari de 18’’. La Ford confirme et prend la 3ème place. La déception, côté Matra, vient de la 2ème voiture engagée. En effet, Fiorentino est victime de problèmes mécanique qui le rejette à la 21ème place du classement général. 
Les étapes suivantes permettent à Larrousse d’asseoir la domination de sa MS650. Ce n’est que sur le circuit de Montjuich, son jardin, que Juncadella signe la première victoire de la 512M. 
La suite ne sera qu’un chassé-croisé au niveau des victoires entre les Matra et la Ferrari. Fiorentino avec une auto fonctionnant enfin correctement signe deux scratchs consécutifs au Rainkopf et à Urcy alors que Larrousse gagne  au Ballon d’Alsace et Jabouille, qui a pris le relais de Juncadella, à Magny Cours.
La course se joue définitivement pour Jabouille quand quand il écope de 18’ de pénalité à Charade suite à un changement de réservoir d’huile alors qu’il a déjà perdu 20’ sur une erreur de parours alors que le Tour traverse les Vosges.

Matra MS650

Une alerte vient perturbé le camp des bleues quand Fiorentino doit abandonner lors de la course de côte de Limouches dans la Drôme. Un souci d’interphone provoque une mauvaise compréhension entre lui et son copilote et il sort de la route avant de heurter un talus. Les occupants ne sont que légèrement blessés, mais la Matra ne peut continuer.                                       

Mais Larrousse et sa voiture restent imperturbables et c’est avec plus de 51 minutes d’avance sur la Ferrari qu’ils arrivent en vainqueur sur la promenade des anglais, Ballot Lena sur sa 911S décrochant la troisième place.

911

Ce sera la fin de la présence des Sports Prototypes au Tour de France Automobile. L’écart trop important entre le duo MS650/512M et les autres voitures a enlevé tout suspense à la course et a fini par lasser le public tout comme les journalistes. 1972 verra une nouvelle réglementation mise en place. C’est le règlement du Championnat International des rallyes qui sera appliqué. Celui-ci n’étant ouvert qu’aux groupes 1 à 4, les catégories Sport et Sport Prototype sont donc écartées laissant la porte grande ouverte aux Ferrrari 365 GTB4 « Daytona ».

Matra MS650

Sources. JCK Photo
               Forum Auto
               Simca Rallye
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               Monaco Legend
               Ford GT40 Blogspot
Sans oublier le très beau livre de Maurice Louche « 1899-1986 ”L’épopée du Tour de France Automobile” »

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