Quel est le point commun entre toutes les BMW que vous retrouvez à la vente chez Mecanicus ? Ne cherchez pas l’indice dans leurs années ni leur motorisation (quoi que ce point là peut aider). Non, toutes ces autos sont frappées d’un M suggestif, celui qui fait passer le break E34 de la voiture de représentant à une voiture de papa très pressé. On revient sur l’histoire de Motorsport qui a fêté plutôt discrètement ses 50 ans l’an dernier.
C’est en 1972 que notre histoire commence. BMW a bien remonté la pente savonneuse sur laquelle la marque glissait inexorablement, notamment avec les “02”. La série des grands coupés E9 constitue le haut de gamme de la marque et la base est bonne pour en faire une auto de compétition destinée aux courses de tourisme. C’est la première tâche confiée à l’équipe de 35 personnes qui constituent la base de Motorsport. Ils transforment ainsi, avec l’aide d’Alpina, la 3.0 en 3.0 CSL.
Plus légère, plus performante, elle va marquer les esprits, notamment en compétition avec ses appendices aéro “batmobile” et sa déco où se mêle le bleu, le rouge et le un bleu plus foncé qui tire sur le violet qui sont les couleurs officielles de cette division du constructeur munichois. Elle va remporter l’European Touring Car Championship en 1973 puis de façon discontinue de 1975 à 1979 ! Ajoutez une victoire de classe au Mans et l’équipe de Motorsport peut déjà se satisfaire de cette première.
Les voitures suivantes vont être dans la même veine, des voitures de route préparées pour la course comme la 530MLE qui doit courir en Afrique du Sud et qui apparaît en 1976.
Motorsport n’est pourtant pas encore structuré comme une vraie marque et fait ainsi appel à Lamborghini pour aider à développer sa première voiture propre et pas une voiture de la gamme courante. Cette erreur de jeunesse sera vite réparée et la BMW M1 va faire l’unanimité concernant son concept tandis que, au niveau marketing, le championnat Procar va mettre le M sur le devant de la scène. Le succès est là, pourtant il était mal parti.
Les M535i (E12 1980), M 635 Csi et M535i (E28 1985) mettent en avant le badge Motorsport pour des “préparations” de BMW de la gamme courante. Les Série 5, performantes, s’engouffrent dans le segment des berlines sportives et s’y font vite une place. Mais ce n’est que le début de l’offensive.
En 1985 M devient dans un sens une véritable marque. Pour ceux qui trouveraient les 182ch de la M535i un peu justes, on a la réponse à Munich : la première BMW M5. Contrairement à la M1, le M est cette fois utilisé comme vrai distinctif mais sur une voiture dérivée de la gamme routière. Le 6 en ligne est toujours au programme mais passe à 3,5 litres et sort 286ch !
L’année suivante, on descend en gamme avec la M3. Là aussi, c’est un dérivé de la voiture de route, qui fait appel à un 4 cylindres mais le dopage permet d’en sortir des performances bien plus intéressantes. Néanmoins, c’est aussi un retour aux origines puisque son objectif est surtout d’homologuer la Série 3 E30 pour le Deutsche Tourenwagen Meisterschaft (le DTM) et les courses de Groupe A. Elle sera la première auto revue par Motorsport à dépasser les 10.000 exemplaires vendus (avec quelques cabriolets au passage).
Les générations s’enchaînent. De l’E28 on passe à l’E34 en 1988 et cette fois on trouve aussi le badge Motorsport sur des breaks. La M8 restera au stade du prototype (mais la 850CSi sera bien développée par Motorsport) et on ne voit toujours pas l’intérêt d’apporter le M sur une Série 7.
La M3 passe sur l’E36 en 1992 et passe du 4 au 6 cylindres et, si on abandonne le cabriolet, la mécanique peut être commandée sur une “classique” berline. Cette fois, en 7 ans, on va même dépasser les 10.000 exemplaires à l’année en moyenne !
En 1996, on ne peut pas vraiment mettre le badge M en avant sur le petit cabriolet de la marque, le Z3. Naît alors la Z3 M et son pendant désormais très recherché Z3 M Coupé, tous deux avec de gros 6 en ligne sous le capot.
La M5 va se renouveler en 1998 avec la E39, qui délaisse le 6 en ligne pour un V8.
La M3 évolue en 2000 avec l’E46. Son 6 en ligne de 3,2L remportera un Engine Award l’année suivante. Elle ira même jusqu’à proposer une version encore plus extrême avec les 10 exemplaires de la GTR équipée d’un V8 !
En 2005 la BMW M5 change encore d’architecture moteur. Clin d'œil à la F1, c’est la première berline au monde à embarquer un V10 ! Avec 500ch, on passe d’ailleurs dans une autre dimension niveau “sleeper”. Le même V10 est monté la même année sur le coupé, et le cabriolet M6 et remportera, lui aussi, un Engine Award.
Le 6 en ligne reste au programme des Z4 M Roadster et Coupé qui sortent en 2006 tandis qu’en 2007 le V8 de 400ch fait son chemin sur les M3 Berline (E90), Coupé (E92) et Cabriolet (E93).
À partir des années 2010, Motorsport continue à proposer des versions sportives mais la forme diffère. Ainsi on ne trouve pas de M1, puisque c’est déjà fait, mais une Série 1M Coupé.
La gamme comprend aussi des autos qui peuvent paraître blasphématoires aux fans des débuts avec les X5 et X6 M. Le moteur est vigoureux mais il apparaît bien difficile de gagner du poids !
Les générations s’enchaînent toujours et le downsizing fait son apparition, la M5 repasse au V8 et la M3 au 6 en ligne tandis que les turbos viennent se greffer sous les capots.
De nos jours, le M s’est généralisé sur la gamme. D’abord avec des kits carrosserie qui permettent aux voitures de la gamme courante de BMW d’avoir le look BMW sans pour autant reprendre la mécanique. Du style mais à coût réduit en fait.
Surtout, depuis 2021 les puristes sont encore plus mécontents ! C’est cette année là qu’est apparue la BMW i4 M50. C’est, certes, une voiture très performante, mais c’est une électrique. Un fait qui a d’ailleurs été surpassé fin 2022 avec le XM. On parle là d’un SUV de près de 3 tonnes, plug-in hybride (V8 ou 6 en ligne) qui a finalement la particularité… d’être seulement le 2e véhicule entièrement conçu par Motorsport, après la M1. Un vrai symbole de mutation !