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Un Z pour Zagato !

C’est un Z qui veut dire beaucoup. Pininfarina, Giugiaro ou Bertone ont été impliquées dans la création de voitures mythiques mais Zagato garde une place à part au Panthéon des carrossiers italiens. Le pourquoi est à retrouver dans l’histoire même de la carrozzeria.


La légèreté selon Ugo

C’est entre Padoue et Bologne qu’ Ugo Zagato voit le jour en 1890. Dès 1905 il perd son père et part travailler, dans l’industrie métallurgique du côté de l’ Allemagne. Il est de retour quatre ans plus tard pour faire un tour sous les drapeaux et entre ensuite au sein de la carrosserie Varesina près de Milan. Son travail des métaux est apprécié, le fait qu’il suive des cours dans une école d’art est un sacré plus.


Pendant la première guerre mondiale, c’est dans l’industrie aéronautique qu’il se familiarise avec l’aluminium, matériau léger très prisé dans l’aviation. Dès 1919, il a acquis suffisamment de maîtrise pour lancer sa propre carrosserie. Cette affaire se démarque sur deux points. Tout d’abord, en plus des voitures et des camions, il habille aussi quelques avions ! De plus, il utilise l’aluminium pour les panneaux de carrosserie mais aussi pour les fines armatures qui sont situées juste en dessous. L’ensemble est bien plus léger que les châssis séparés en bois encore utilisés par ses concurrents.
En tant que carrosserie milanaise, évidemment les Alfa Romeo (G1 puis RL et RM) passent par ses ateliers où les Itala, Diato et les Fiat sont aussi présentes. Très vite, la technique de Zagato est remarquée pour sa légèreté et les avantages apportés en course. En 1923 l’Alfa Romeo RL qui remporte la Targa Florio sort de chez Zagato. Petit à petit, on affine aussi le dessin et on améliore la pénétration dans l’air.


Lancia et Isotta Fraschini puis Bugatti ou Rolls Royce s’ajoutent à la liste des châssis passant par les ateliers. Mais ce sont bien les Alfa Romeo 6C qui vont constituer une bonne partie des commandes de la fin des années 20 et 30, suivant la victoire d’une des autos aux Mille Miglia 1928. Les Alfa de la Scuderia Ferrari passent d’ailleurs par la case Zagato avant de rejoindre la piste.


Les clients sont si nombreux qu’on est obligé de sous-traiter. En 1938, si l’Alfa Romeo 8C qui remporte les Mille Miglia est carrossée chez Touring, il y a 38 autos carrossées par Zagato au départ. Au total, Zagato, surtout avec Alfa Romeo, remporte 8 Mille Miglia, 4 Targa Florio et 4 édition des 24h du Mans… dans les seules années 30 !



L’ère panoramique


La guerre met un coup d’arrêt aux activités de Zagato. L’usine est détruite dans un bombardement et un petit atelier est conservé, en sous-traitance de l’activité de camions d’Isotta Fraschini. À la fin de la guerre, la carrozzeria fait son retour à Milan, via Giogini.
Zagato se démarque alors, d’abord sur une Isotta Fraschini puis sur des Fiat 500, 1400 et des Alfa Romeo 8C avec son style “Panoramica” qui fait remonter les vitrages sur le toit grâce à l’emploi de plexiglas. En parallèle, les petits roadsters basés sur des véhicules populaires sont aussi au programme.



En 1948 le premier coupé Ferrari est carrossé en Panoramica par Zagato. Le sport n’est jamais loin, les Alfa Romeo Alfetta qui gagnent en F1 sont habillées par la carrozzeria et de nombreuses marques comme Ferrari ou Maserati envoient des châssis. Les Fiat 8V siglées du Z sont particulièrement recherchées, tandis que même les plus petits artisans comme Abarth et Moretti mais aussi les français de D.B font appel à Zagato… ou du moins les clients s’en chargent. La plupart du temps, les autos sont uniques, même si les styles peuvent être réutilisés d’une auto à l’autre.


La série des Alfa Romeo 1900 SSZ change la donne. C’est également à ce moment que la ligne Panoramica est peu à peu abandonnée pour laisser sa place à une autre signature stylistique.


Zagato et le double bossage

Cette fameuse double bosse, qui n’est pas généralisée à toutes les autos, est un trait remarqué.


Les années 50 sont traversées sur les chapeaux de roues et la consécration revient à Ugo Zagato en 1960 avec l’obtention du Compasso d’Oro pour la ligne de la Fiat Abarth 1100.


L’atelier se complète également avec une vraie usine à Terrazzano et de petites séries sont alors au programme. Parmi elles on note des autos italiennes évidemment, mais pas seulement. L’Aston Martin DB4 GTZ en est l’exemple. Lancia lance une véritable série alternative et presque toutes les voitures de la gamme, de l’Appia à la Flaminia ont droit à leur version sportive revue par Zagato avec des styles plus ou moins élaborés… et réussis.


Alfa Romeo n’est pas en reste, les TZ pour Tubolare Zagato en sont un parfait exemple et la Junior Z de 1968 permet à la carrozzeria d’obtenir de bons débouchés même si les chiffres de production sont toujours limités. On arrive cependant à l’apogée de Zagato et la suite est moins belle.


Comme toutes les autres maisons italiennes, Zagato entame les années 70 avec plus d'arêtes et de lignes tendues dans ses réalisations. Mais la santé de la carrozzeria décline. Les petites séries sont de plus en plus rares, parmi les dernières produites chez Zagato on note la Lancia Beta Spider… au dessin Pininfarina et, au début des années 90, les Alfa Romeo SZ et RZ plus la confidentielle Lancia Hyena.


Le salut de Zagato passe par une certaine diversification. Le design industriel, notamment au niveau ferroviaire, gagne de la place. On ne délaisse pas pour autant les automobiles avec des Aston Martin frappées du Z, séries limitées ou one-off, ou encore la TZ3… qui emprunte sa mécanique à la Viper !

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