C'est en 1954 au salon de Turin qu'apparait la Giulietta Sprint. Contrairement à ce qui est réalisé habituellement, la version coupé est présentée avant la Berline qui n'est pas terminée.
Le modèle est carrossée par Bertone et rencontre un succès immédiat. Avec cette Giulietta, Alfa Romeo utilise la formule "petite voiture, grandes performances" et réussit sa première incursion dans le secteur des moteurs 1.3L.
Le moteur développant 77 chevaux permet d'atteindre une vitesse de pointe de plus de 160 km/h.
Pour mieux comprendre le succès des coupés Alfa Romeo Giulietta Sprint, il faut revenir au début des années 50. A l'époque, certains constructeurs hésitent à abandonner un style classique et céder aux sirènes du style ponton. En outre, les coupés sportifs demeurent plus de lourdes GT peu pratiques et peu maniables dont les tarifs sont prohibitifs et réservés à une élite. La Cisitalia, dessinée par Pininfarina sera la première berlinette du genre et va révolutionner le monde des voitures de sport en matière de design. Dans cette mouvance, le centre de style Alfa Romeo et Felice Boano vont dessiner la ligne du futur coupé Alfa Romeo. Ces autos seront fabriquées par Bertone, car Alfa Romeo n'a prévu d'en fabriquer qu'une série artisanale d'une cinquantaine de véhicules... Il en sera finalement fabriqué pendant une dizaine d'années toutes versions confondues près de 36 000 exemplaires !
Le coupé Giulietta Sprint se singularise par un empattement réduit lui conférant une ligne compacte. En admirant ses lignes avec attention, on devine immédiatement qu'elle a inspiré très largement le coupé Alfa Romeo GT qui vient d'être commercialisé courant 2004. Tous les canons stylistiques de l'époque se retrouvent dans ce dessin italien. On peut même y trouver quelques similitudes avec certaines Ferrari ou Aston Martin contemporaines, mais à échelle réduite. Les moustaches enchâssant la célèbre calandre Alfa Romeo (le " mascarone ") viennent augmenter le caractère de l'auto et les chromes ont été utilisés à bon escient sans excès.
Nous sommes face à une voiture de sport ! Avec près de 60 ans de recul, chaque détail stylistique des coupés Giulietta Sprint est une véritable invitation à la nostalgie. Il est difficile de rester de marbre face à un design enchanteur et pourtant si pur. Pourtant, les Giulietta Sprint sont les Alfa Romeo des puristes, des amateurs avertis, car la notoriété des coupés Bertone, plus diffusés, est nettement plus évidente. Techniquement, l'Alfa Romeo Giulietta Sprint reprend le principe de la caisse autoporteuse en acier.
Contrairement au véhicule présenté au salon de Turin en 1954, le coupé Giulietta Sprint a gagné deux places de plus (c'est donc un coupé 2+2) et a abandonné son hayon à ouverture transversale pour une malle de coffre à la cinématique d'ouverture plus classique. Les ouvrants sont également en acier. L'intérieur possède des cotes aux standards de l'époque. La planche de bord d'une extrême simplicité conserve une élégance intemporelle. Trois gros cadrans sont sous les yeux du conducteur avec le compte-tours au centre, rappelant les gènes sportifs du coupé milanais. Le volant avec cerclo d'avertisseur est en bakélite et vous remémore les films en noir et blancs de vos grands-parents. En son centre, le biscione et le blason milanais sont bien présents, comme sur toutes les Alfa Romeo. Les coupés Giulietta Sprint se distinguent par une très bonne position de conduite qui permet une conduite efficace et précise à l'image de son châssis et son moteur pétillant...
Sous le capot, on retrouve toute la force d'Alfa Romeo : son moteur. Fidèle à une longue tradition de motoriste, Alfa Romeo a monté un moteur 1,3 litres qui présente une modernité étonnante pour l'époque. Ce quatre cylindres en ligne possédait une culasse et un bloc en aluminium. Coiffé par une distribution à double arbre à cames en tête entraînée par une chaîne, ses pistons étaient bombés et ses chambres de combustion hémisphériques.
On retrouve aujourd'hui toutes ces caractéristiques sur des modèles actuels, preuve du talent des motoristes de la firme d'Arese. L'alimentation est en revanche plus dans le ton de l'époque et bien loin des normes actuelles. Un carburateur Solex double corps inversé APAI-G se charge de faire couler le précieux liquide dans les chambres de combustion. Ses 65 ch DIN à 6 100 tr/mn peuvent paraître de nos jours bien timides, mais l'auto était alors légère avec 880 kg et les 160 km/h étaient autorisés. Du vrai sport en 1954 alors que la Citroën 2 CV développait moins de 30 ch et n'atteignait même pas les 100 km/h... Une boîte mécanique à 4 rapports au plancher était montée de série. Comble du raffinement pour l'époque, les rapports sont synchronisés.
La puissance est transmise aux roues arrière. Alfa Romeo, comme la majorité des constructeurs d'alors, faisait encore confiance à la propulsion, gage d'une meilleure efficacité pour les voitures de sport. Pour leur nouveau coupé, les ingénieurs d'Alfa Romeo ont employé des suspensions conventionnelles mais efficaces : roues indépendantes à l'avant avec ressorts hélicoïdaux, barre stabilisatrice et amortisseurs télescopiques, essieu arrière rigide avec ressorts hélicoïdaux et amortisseurs télescopiques.
Les freins sont à tambours et sans assistance sur les quatre roues de série. Il faudra attendre plusieurs millésimes pour que des freins à disques soient montés de série sur les roues avant. Si aujourd'hui cela peut étonner, il faut se souvenir que c'est Jaguar en compétition au Mans avec la Type C qui a imposé les freins à disques comme technologie nouvelle de freinage. Pour les roues, des jantes en tôle de 15 pouces chaussées de pneus 155 HR 15 sont montées de série. Il en résulte un comportement routier très sain et efficace. La direction se révèle douce et précise en évolution, tandis que la caisse se cambre dans les courbes. Une fois la première émotion passée, la caisse stabilise son roulis et conserve sa trajectoire.
Au pire, dans ses derniers retranchements (sur circuit bien entendu...) la Giulietta Sprint affiche un comportement typé sous-vireur qu'il convient de combattre à l'accélérateur. Justement, les 65 ch des premières versions sont un peu juste dans ce type d'utilisation, même si le double arbre se montre volontaire et mélodieux.
La Giulietta Sprint passera à 80 ch au moment du passage de la série 750 à 101. La gamme "standard" reçoit une nouvelle boîte de vitesses toujours à 4 rapports mais équipée de synchros Porsche. Au même moment, les versions à carrosseries spéciales seront introduites. La Giulietta Sprint sera produite jusqu'en 1962, année d'introduction de la Giulia. Cela entraînera une uniformisation de la gamme d'Alfa, tout les modèles prenant désormais le nom de Giulia. La Giulietta devient ainsi la Giulia. Elle sera finalement réintroduite pour le marché italien le temps d'une petite année, en 1964, sous le nom Giulietta 1300 Sprint. Pour l'occasion elle recevra ainsi des freins à disque de série à l'avant.
Source : Mecanicus & https://www.automobile-sportive.com/guide/alfaromeo/giulietta.php