En février 1970, la 2CV a besoin d'un coup de jeune pour résister à la concurrence. Déjà agée de plus de 20 ans, on la dit au bord de la retraite et les paris sont ouverts pour que l'arrêt de la chaîne intervienne vite. Mais chez Citroën, rien n'est dans les cartons pour remplacer la 2CV et la Dyane peine à prendre sa place. En face, la Renault 4 se taille la part de lion. Il faut réagir.
La 2CV reçoit une retouche qui achève l'évolution entamée avec l'AZAM et l'AZAM Export. A l'avant, des clignotants sont encastrés dans l'aile ce qui permet de faire disparaître ceux qui tronaient en haut du montant de custode à l'arrière et qui faisaient office à la fois de clignotant avant et arrière. A la place, une troisième vitre latérale vient aider à agrandir l'habitacle, ce qui, en outre, vient classer la 2CV dans le rang des limousines avec trois glaces latérales, tout comme la Renault 4. A l'arrière, le dessin de la jupe est modifié et, sous la malle, un panneau vertical recueille la plaque d'immatriculation et des feux agrandis qui intègrent l'éclairage de plaque, tout droit empruntés à l'Ami 6 de dernière génération. A l'intérieur elle conserve le compteur de l'Ami 6 les banquettes bien plus confortables obtenues dans l'AZAM Export. En définitive, Citroën rajeunit la 2CV à peu de frais et réussit le pari de relancer celle qu'on disait moribonde.
Mais surtout la 2CV se scinde en deux modèles distincts avec des moteurs différents ! D'un côte la 2CV 4 troque le vieux 425 cm3 contre le 435 cm3 de la Dyane, et la 2CV 6 hérite du moteur de l'Ami 6 de 602 cm3 !! La 2CV 4 conserve la fiscalité avantageuse de 2 chevaux fiscaux tandis que la 2CV 6 saute le cap des 3 CV. Avec 24 ch, la 2CV 4 parvient tout juste à atteindre le 100 km/h en pointe (102 km/h précisément), alors que les 29 ch à 6750 tr/min de la 2CV 6 l'emmènent à 110 km/h.
Les premières versions de la 2CV 4 se distinguent par des clignotants rectangulaires encastrés dans les ailes avant, à l'image de l'AZAM Export. Il faut attendre le mois de mai 1970 pour voir arriver les clignotants en forme de téton. L'inscription 2CV 4 est faite en métal embouti riveté sur la malle. Ce n'est qu'en septembre 1973 qu'une plaque en alu brossé vient indiquer le modèle. Un an plus tard, la 2CV 4 perd sa calandre chromée contre une autre en plastique. Le pare-choc arrière est plus épais. Les phares à la norme H4 ne sont pas encore adaptés à la forme ronde. Apparaîssent alors les phares carrés légèrement plus élargis que les ronds. Autre évolution symbolique, la clé de contact sert également de démarreur et le bouton poussoir sur le côté du tableau de bord est délaissé. La capote est modifiée de façon à pouvoir être actionnée au moyen de deux crochets intérieurs et d'un barre pivotante. Il devient alors très facile de rouler les cheveux au vent. En septembre 1976, la plaque en alu brossé laisse la place à un vulgaire auto-collant jaunâtre. Le volant en bakélite est changé pour un volant plus moderne et plus petit. Enfin, en juillet 1977 la 2 CV 4 reçoit des ceintures de sécurité à enrouleur et des ceintures fixes à l'arrière.
Mais au cours de sa carrière, la 2CV 4 a connu quelques avatars. D'abord la différence de prix (600 F à l'époque) entre la 2CV 4 et 2CV 6 conduisait la clientèle à opter pour la 2CV 6 plus souple et plus performante (tout est relatif). De l'autre côté, l'arrivée de la 2 CV Special en 1975 permet au client d'opter pour une 2CV 4 plus économique. Si l'on rajoute le peu de goût pour les phares carrés, le 2CV 4 a été plutôt boudée par la clientèle. Elle aura cependant été vendue à 548 038 exemplaires entre février 1970 et septembre 1978 en laissant la route ouverte à la 2CV 6 Special.