Beaucoup parlent de la DS, de ses innovations, mais souvent, ils se souviennent d’un modèle ID familial et confondent les deux. La DS, par génie marketing ou par facilité historique, a croqué l’ID dans l’imaginaire populaire (et parfois même dans l’esprit des journalistes).
Pour expliquer l’ID, il faut malgré tout reparler un petit peu des débuts de la DS. Lorsqu’elle est présentée au salon de Paris d’Octobre 1955, elle provoque l’hystérie d’un public conquis par l’aspect révolutionnaire de la voiture, et l’angoisse des concurrents qui voient leurs modèles prendre 20 ans d’un seul coup. Les commandes affluent dès le premier jour du salon. Il faut bien l’avouer : la DS19 innove en tous points (sauf son moteur) notamment grâce à l’hydraulique. Suspension, direction, freinage, boîte de vitesse, tout marche à l’hydraulique. Résultat, il faut presque réapprendre à conduire ! La DS se construisait sa légende.
Pourtant, son lancement ne se fera pas sans heurts : le liquide hydraulique utilisé, le LHS, a une fâcheuse tendance à corroder le métal et bouffer la peinture, provoquant de nombreuses fuites. Le LHS (de couleur rouge) sera amélioré au fil du temps, puis deviendra LHM (de couleur verte), réduisant à néant le risque de fuite. Les débuts de la DS19 furent marqués par les nombreuses pannes dues à ces fuites. Corollaire de ces fuites, on s’aperçut que le réseau Citroën n’était pas vraiment au point pour « soigner » les malades. Conscients que la carrière de la DS risquait d’être flinguée par ses propres innovations, les dirigeants de la marque décidèrent alors de lancer un modèle reprenant la même carrosserie innovante, mais moins asservie à l’hydraulique, moins luxueuse aussi, faisant ainsi d’une pierre deux coups : gommer l’expérience désastreuse des premiers clients, et rendre plus accessible sa grande berline, ça c’était de l’ID (surtout, l’amélioration du LHS à partir de 1959 arrangea grandement les choses).
L’ID apparaît en 1957. Extérieurement, c’est une DS malgré quelques petites différences. C’est au niveau technique que les choses diffèrent vraiment. L’ID19 a un moteur moins puissant, le 4 cylindres Série D de 1,9 litres et 66 ch, avec carbu simple corps (double corps sur la DS), mais elle reste aussi performante que la DS19 grâce la perte de poids engendrée par sa simplification. Seule la suspension est hydraulique, alors que direction la direction redevient classique, tout comme le freinage (elle récupère d’ailleurs une pédale « normale »), tandis que la boîte de vitesse redevient manuelle avec une pédale d’embrayage classique. L’aménagement intérieur perd en luxe par rapport à la DS, et la première finition (la plus dépouillée) de l’ID prendra ironiquement le nom d’ID19 Luxe. Là encore, les génies du marketing Citroën ont frappé juste !
Au fil des ans, les finitions de l’ID évolueront, mais restant toujours un cran en dessous de la DS. En 1969, l’ID20 un peu plus puissante complète la gamme, puis l’année suivante, le nom ID disparaît, l’ID19 devenant DSpécial, et l’ID20 DSuper. Les deux modèles seront fabriqués jusqu’en 1975, tout comme la DS. Pour être sûr de différencier une DS d’une ID (et ses dérivés D Super/Spéciale), il y a un moyen simple : la DS a toujours les chevrons dorés, tandis que l’ID a les chevrons argentés ! La pédale de frein vous permettra de confirmer votre intuition : pédale classique pour l’ID, pédale « champignon » pour la DS. Enfin, l’ID n’a existé qu’avec une boîte manuelle. Il existe cependant tous les dérivés possibles de l’ID : le break bien entendu, mais aussi le cabriolet « usine » produit par Chapron (lire aussi : Citroën DS/ID Cabriolet usine).
Parlons chiffres de production maintenant. Les DS/ID ont été fabriquées entre 1955 et 1975 à 1 455 746 exemplaires tous modèles confondus. Selon wikipedia (à prendre avec des pincettes donc), l’ID a été fabriquées à 835 666 exemplaires. Une simple soustraction permet de voir que la DS est battue sur le plan comptable. A noter d’ailleurs que l’ID a été produite dans une version ID Parisienne en Australie, de 1961 à 1966 (AM 67) entre 1350 et 1500 exemplaires au total, une version à collectionner tout particulièrement pour être encore plus Boîtier Rouge.
Source: Paul Clément Colin pour Boitier Rouge