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Citroën SM - Mylord Cabriolet by Chapron

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1975

Citroën SM Mylord Cabriolet par Chapron

Après la mort de Facel, la France entière pleure amèrement l'absence d'une voiture de sport haut de gamme portant ses couleurs. Qu'à cela ne tienne : Citroën décide de relever cet ambitieux défi. Dans les années 1960, la marque du Quai de Javel tient le haut du pavé et la voie de gauche des autoroutes avec la DS, la plus prestigieuse des berlines françaises. Grâce à sa suspension oléopneumatique, elle présente des qualités routières exceptionnelles, et la presse ne lui reproche qu'une chose : son moteur manquant de puissance pour pouvoir se mesurer d'égale à égale avec les marques étrangères les plus en vue. Or en décembre 1967, Citroën fait l'acquisition de 60% des actions de Maserati et confirme son intérêt pour adopter un moteur venant de la marque au trident pour animer sa future voiture de sport. L'ingénieur Giulio Alfieri réalise un six-cylindres en V dérivé du V8 de la Maserati Indy. Il comporte quatre ACT et sa cylindrée s'établit à 2 760 cm3, pour éviter la "supervignette" qui pénalise les voitures de plus de 2,8 litres. Avec trois carburateurs Weber, ce moteur développe 170 ch et offre la souplesse que l'on attend d'une voiture de luxe. Citroën a donc son moteur. Pour le reste, le constructeur est parfaitement à l'aise et reprend les solutions en vigueur sur la DS, à base de circuit hydraulique sous pression, en les poussant encore plus loin avec par exemple une direction à assistance et démultiplication variable. La forme complètement inédite de la SM est dictée par les lois de l'aérodynamique et l'avant spectaculaire affiche son ambition avec une batterie de six projecteurs sous une verrière profilée.
Dès sa présentation au Salon de Genève 1970, les qualités de la nouvelle Citroën sont saluées par la presse spécialisée et les automobilistes français ont enfin une voiture capable de tenir tête aux berlines allemandes ou britanniques. Les premiers chiffres sont encourageants puisque la voiture atteint 5 000 exemplaires commercialisés en 1971, et la SM va même se distinguer en compétition, avec une victoire au Rallye du Maroc en 1971. Mais le monde bouge et les circonstances changent. La crise du pétrole, au début des années 1970, met un coup brutal à la période d'euphorie commencée au lendemain de la guerre. Par ailleurs, le réseau Citroën est mal armé pour vendre une voiture du niveau de la SM. Enfin, la reprise de Citroën par Peugeot apporte en 1975 le coup de grâce à cette automobile prometteuse. Amer, le constructeur aux chevrons annonce comme épitaphe : "Née de la vitesse, la SM est morte avec la vitesse."

Haut de gamme français, la SM a connu quelques carrosserie spéciales, dont plusieurs signées Henri Chapron. Ce carrossier qui ouvre son premier atelier en 1919 à Neuilly-sur-Seine accompagne le développement de l'automobile jusqu'à la seconde guerre mondiale. Chapron habille à l'époque des marques extrêmement variées, employant jusqu'à 350 personnes à la fin des années 1920. La crise de 1929 va toutefois ralentir l'activité et, à partir des années 1930, Chapron fournit des carrosseries principalement pour Delahaye et Delage, dans un style assez classique et toujours très élégant et équilibré. Après la guerre, Chapron subit le déclin des grandes marques françaises et doit se reconvertir. Après avoir tenté des transformations ponctuelles, il trouve une nouvelle voie avec une collaboration avec Citroën, en produisant les cabriolets DS et en proposant ses propres versions, élégamment dessinées et luxueusement équipées.
Ayant ses entrées chez Citroën, il est donc logique qu'il s'intéresse à la nouvelle SM. Au Salon de Paris 1971, il présente sa première transformation, le cabriolet "Mylord". Reprenant le dessin d'origine de la voiture, il renforce la caisse, aménage un coffre classique et couvre l'habitacle d'une capote. Très élégant, ce cabriolet peut transporter quatre personnes dans le confort le plus absolu. Il est amusant de souligner que, lors de ce même Salon, Heuliez présente sa version "Espace" de la SM, à toit ouvrant en deux parties, ce qui prouve l'attrait que constitue alors ce haut de gamme français pour les carrossiers. Mais le principal ennemi du cabriolet Mylord sera son prix : à 130 000 francs en 1973, il vaut plus du double d'une SM normale, et presque autant qu'une Ferrari Daytona. Les acheteurs ne se précipitent pas et le projet reste donc sans suite. Le nombre d'exemplaires produits n'est pas connu avec certitude, mais aujourd'hui les spécialistes s'accordent généralement sur cinq voitures, dont une aurait été détruite par un incendie.
Après la Mylord, Chapron va produire deux autres dérivées de la SM : la berline Opéra, présentée en 1972 et, la même année, des versions présidentielles quatre portes décapotables. Ces voitures sur base SM sont les dernières véritables créations des ateliers Chapron. Ensuite, le carrossier se contentera d'aménagements spéciaux (sur CX et 604 notamment), avant de mettre la clé sous la porte en 1985, sept ans après le décès d'Henri Chapron.

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