A l’aube des années 1980, Citroën désire se faire un nom dans le monde du rallye. Un championnat qui est d’autant plus en vue que le Groupe B vient de voir le jour. Une catégorie reine qui voit s’affronter les plus terrifiantes machines de course qui soient, à commencer par la célébrissime Audi Quattro ! Et justement, cette dernière prouve que la transmission intégrale est définitivement la solution par excellence. Citroën révise donc ses prototypes de Visa de course, et dote sa monture d’une transmission 4x4.
Des projets divers et variés
Divers prototypes sont étudiés en collaboration avec Danielson et Politecnic, donnant naissance à des Visa façon « Frankenstein » à moteur central de 200 chevaux ! Un prototype doté d’un moteur de Lotus Esprit Turbo est même à l’étude ! Mais plus raisonnablement, Citroën finit par s’orienter vers une machine très légère et fidèle à l’architecture du modèle de série, avec moteur avant. C'est le projet "M" proposée par le préparateur Mathiot; C'est la moins puissante mais la plus légère.
Homologation
Pour homologuer le modèle de course, Citroën doit commercialiser 200 voitures de série. Elles sont directement reconnaissables à leurs extensions de carrosserie, typiques des voitures françaises des années 1980 : ne recherchez pas une grande finesse dans le traitement, voire un raffinement suprême dans la réalisation. En effet, Citroën a opté pour une déco flashy, presque ostentatoire, mais sentant le bricolage à plein nez ! Les bandes latérales rappellent les couleurs du drapeau français, les extensions d’ailes laissent de la place aux roues élargies, alors que la face avant se pare de 4 phares.
Technique
Sous le capot, ces modèles de série reprennent le bien connu 4 cylindres de 1,4 litre. Ce moteur profite toutefois d’une préparation pointue et se voit gavé par deux gros carburateurs double-corps pour développer une puissance de 112 chevaux à 6.800 tr/min. La transmission est assurée par une boîte à 5 rapports qui envoie la cavalerie sur les roues avant quand la surface est adhérente et sur les quatre roues quand ça glisse. Le crabotage se fait manuellement via un bouton sur le tableau de bord.
Dans l’habitacle
Finie à la va-comme-je-te-pousse, la Visa 1000 Pistes trahit ses origines avec une planche de bord spécifique et bardée de cadrans renseignant sur l’état de santé de la mécanique. Les sièges d’origine n’offrent quasiment aucun maintien, alors que l’ambiance générale est à mi-chemin entre celle d’une voiture de course et celle d’une voiture ayant subi les affres d’un tuning sauvage…
Sur la route
Les essais d’époque nous enseignent ceci : redoutable d’efficacité, la petite Visa 1000 Pistes faisait preuve d’un potentiel exceptionnel, mais malheureusement exploité par une mécanique aux petits poumons, exigeant d’abuser des hauts régimes pour donner le meilleur d’elle-même. La masse de 850 kg permet de limiter les dégâts, mais l’ensemble restait malgré tout, sous-motorisé, surtout aux standards d’aujourd’hui.
Aujourd’hui
Avec 200 exemplaires produits (nous passons sous silence les 20 exemplaires « Evolution » à la cavalerie renforcée), la Visa 1000 Pistes n’est évidemment pas très courante. Il faudra faire preuve d’une grande patience pour débusquer un exemplaire et lorgner du côté des annonces d’outre-Quiévrain. Une fois la perle rare débusquée, examinez-la sous toutes ses coutures, histoire de vous assurer qu’il s’agisse bien d’un exemplaire authentique et que la chose en question n’ait pas souffert d’un vague historique en compétition. Comptez environ 30.000 € pour un très bel exemplaire. Sa valeur est plutôt à la hausse, mais elle reste difficile à définir, faute de transactions !