C’est bien une Ferrari qu’a dessiné Filippo Sapino. Ce designer n’est certainement pas le nom le plus connu du monde du design. Pourtant il l’a bien marqué. Il commence sa carrière chez Ghia où il devient vite un des dessinateurs vedette. Seulement le recrutement de Giugiaro lui fait de l’ombre. Il débarque alors chez Pininfarina où il va rester quatre ans. C’est lui qui signera notamment la 365 GTC/4, voiture un peu oubliée mais résolument moderne dans ses formes. Il rejoindra un bureau de design lancé par Ford en Italie à la fin de l’année 1969. Ce bureau sera fusionné avec… Ghia quand l’américain rachète l’officine italienne en 1973. Sapino deviendra le directeur général de Ghia jusqu’à sa retraite en 2001.
À la toute fin de sa période Pininfarina, il dessine la 512 S Berlinetta. C’est une auto racée, aux formes inédites pour l’époque. Car contrairement à de nombreux concepts futuristes, dont la Modulo, elle est proche de ce qu’on pourrait retrouver sur les routes. D’ailleurs, certains traits et angles peuvent rappeler ce qu’on retrouvera quelques années plus tard sur la Countach. Mais les formes sont cependant très anguleuses et avant-gardistes. Les louvres, très à la mode à l’époque, sont bien sûr présentes.
Peu de temps avant le salon de Turin 1969 où elle sera présentée, elle est amenée sur un chemin de montagne au dessus de Come pour la séance photo.
La Modulo s’appelle 512 S mais repose sur un châssis de 612 de CanAm. La Berlinetta Speciale s’appelle 512 S mais c’est encore plus compliqué !
Là, pas de châssis de 512 non plus mais un châssis accidenté de 312. Par contre, le moteur n’est pas un V12 3 litres. Ce n’est pas non plus un V12 5 litres de 512. C’est un bloc, vide donc non fonctionnel, de 612. Il fallait s’y retrouver dans le magasin de pièces de Ferrari !
Contrairement à la Modulo, la 512 S Berlinetta Speciale est restée inachevée. Et on ne l’a plus jamais revue ! Son héritage est cependant à retrouver dans la Ferrari Sergio. Regardez la ouverte, la partie entre le moteur et l’habitacle ressemble en effet à cette Ferrari moderne tandis que les louvres de cette dernière reprennent les formes de la 512 S Berlinetta Speciale. Elle avait en fait 50 ans d’avance !