Ferrari Dino 308 GT4/LM

Lancée au Mondial de l'Automobile de Paris en 1973, la 308 GT4 'Dino' se démarque totalement de la 246 GT Dino qui l'a précédée. Pour la première fois en plus de 20 ans, une Ferrari n'a pas été carrossée par Pinfinfarina mais par Bertone. Sous le corps angulaire, la 308 arborait le premier moteur V8 de série du constructeur italien. Avec son moteur de 3 litres et ses sièges arrière, la 308 GT4 était à bien des égards la réponse de Ferrari à la Porsche 911 en constante évolution. Ce qui lui manquait, par rapport à son rival allemand, c'était une version de compétition fabriquée en usine pour donner à la 308 GT4 ses lettres de noblesse en course. Cette situation a été quelque peu corrigée par le North American Racing Team (NART) de Luigi Chinetti, à qui Bill Schanbacher a demandé de transformer la 308 GT4 en voiture de compétition pour les 24 Heures du Mans.

Le représentant de Ferrari aux États-Unis s'est basé sur une 308 GT4 existante (châssis 08020) pour ce projet. La voiture a été mise sur un régime sérieux en la dépouillant de tout ce qui n'était pas nécessaire. De nombreux panneaux d'acier ont été remplacés par des copies en plastique léger et, à l'exception du pare-brise, tout le verre lourd a été remplacé par du plexiglas. Des maîtres-cylindres de frein de plus grande taille, provenant de Ferrari 512 BB, ont été installés. L'extérieur était équipé d'un spoiler avant, d'une aile arrière massive et d'arches évasées pour dégager les pneus plus larges. Le V8 a été retouché à environ 300 ch par rapport aux 250 ch disponibles dans la voiture de route. Les modifications apportées au moteur comprenaient l'utilisation de pistons 365 GTB/4 Daytona 'Competizione', qui avaient exactement les mêmes dimensions que les 308. Il n'y avait ni le temps ni les fonds nécessaires pour convertir le moteur à la lubrification par carter sec.

Appelée à juste titre la 308 GT4/LM, la toute nouvelle Ferrari a été inscrite dans l'édition 1974 des 24 Heures du Mans par NART pour les pilotes Giancarlo Gagliardi et Jean-Louis Lafosse. A l'époque, la 308 GT4 n'avait pas encore été entièrement homologuée, elle devait donc courir dans la catégorie des voitures de sport contre des machines spéciales comme les prototypes Matra, Ferrari et Mirage. Le NART a également envoyé deux des féroces Daytona 'Competiziones', qui étaient éligibles pour courir dans la classe GT basée sur la production. Gagliardi et Lafosse ont réussi à placer la 308 GT4/LM 38ème sur la grille de départ, ce qui n'était pas mal si l'on considère la date à laquelle la voiture a été terminée. La course était loin d'être sans problème et après quelques problèmes mécaniques précoces, la NART 308 a finalement été obligée d'abandonner avec un embrayage cassé, après 30 tours et 4 heures de course.

NART revient au Mans en 1975 avec quatre Ferrari très différentes, dont l'unique 308 GT4/LM. Cette fois, Gagliardi partage le volant avec l'Américaine Harley Cluxton. Chinetti était furieux de retrouver la voiture une fois de plus inscrite comme prototype, mais n'a pas réussi à convaincre les organisateurs qu'il s'agissait vraiment d'une GT de série. Par rapport à la plus rapide de sa catégorie, la 308 GT4/LM n'a pas réussi à établir un temps assez rapide pour se qualifier. Chinetti a tenté de sauver un peu la situation en réorganisant ses files de pilotes à la dernière minute pour permettre à tous les pilotes de démarrer. Les organisateurs n'ayant pas donné leur accord, Chinetti en a eu assez et a retiré les trois voitures NART restantes 80 minutes seulement avant le départ. Ce fut la fin très malheureuse de la carrière de course de la seule 308 GT4 basée sur la course construite.

La voiture a été dépouillée de tous les articles inutiles pour réduire son poids, et de nombreux panneaux de carrosserie en acier ont cédé la place à du plastique léger. Alors que le pare-brise a été conservé, le plexiglas a remplacé le reste des vitres. Parmi les autres modifications apportées à la carrosserie, mentionnons l'ajout d'un déflecteur d'air avant, d'un grand déflecteur arrière et de passages de roue sensiblement évasés. Mécaniquement, le V8 Ferrari à DACT a été modifié pour produire plus de 300 ch, soit environ 50 ch de plus que le stock, à l'aide de pistons et de bielles Daytona 365 GTB/4 de compétition, et les têtes ont été portées et polies. La lubrification du moteur par carter humide a été conservée. Pour améliorer les capacités de freinage, des maîtres-cylindres de frein Ferrari Berlinetta Boxer de plus grande capacité ont été ajoutés.    

Après une brève carrière de course, le châssis 08020 est resté quelque temps entre les mains de Luigi Chinetti. Il a finalement été vendu à son compatriote Howard Torman. Il n'a roulé qu'une seule fois avec l'auto et, à la fin des années 1990, l'a offert en vente à un prix modeste. Elle fut vendue pour $159,500. Il a ensuite été acquis par le propriétaire actuel et fais désormais partie d'une collection composée d'autres Ferrari beaucoup plus en vue comme une 250 GTO et une 250 GT California. Il a fait remettre la voiture en état de marche et a depuis fait campagne pour la 308 plus souvent qu'elle ne l'avait jamais fait auparavant. On a pu la voir en piste au Mans Classic à plusieurs reprises et plus récemment, elle fut exposée à Retromobile (2019).