Au sortir de la seconde guerre mondiale, Fiat ne produit que des petites voitures. Seulement, on veut attaquer le marché américain, et il faut donc monter en gamme. Dante Giacosa, ingénieur phare du constructeur Turinois, part donc en observation à Détroit.
De ses études, sortira la Fiat 1400, avec un gros 4 cylindres. Mais ce n’est pas assez pour se lancer sur le marché américain, il faut un plus gros moteur.
Les 6 cylindres sont exclus, un 6 en ligne est trop long, un V6 trop dur à régler, on est pas chez le voisin Lancia (!), et du coup on se dit qu’un V8 fera l’affaire. Giacosa met au point ce Otto Vu, 8V en Italien et c’est Pininfarina qui modifie une 1400 pour en faire une grosse berline avec un “gros” moteur, c’est le projet 104. Las, la plate-forme utilisée est bien trop lourde et la voiture a des performances beaucoup trop faibles pour traverser l’Atlantique.
Car le moteur Fiat 8V n’est pas un “gros cube” comme les V8 américains. Ce moteur avec un angle de 70° entre les bancs, simplement pour pouvoir le loger plus facilement dans la 1400, alors qu’un 90° “classique” aurait été plus logique. Tiré de l’assemblage de deux petits 4 cylindres, il culmine à 1996 cm³ de cylindrée, l’alimentation assurée par deux Weber 36DC F3 double corps et il a une course faible 61.3 mm comparée à l’alésage de 72 mm. Du coup, il est plus adapté aux hauts-régimes, sa puissance honorable de 105 ch est obtenue à 6000 tr/min. Le couple n’est pas désastreux à 14.5 Mkg mais sur une voiture lourde, cela aurait été bien trop faible.
Le moteur n’est pas abandonné pour autant, et on le confie à SIATA dans le cadre du projet 106. Giacosa réalise en partie l’étude de cette auto, ce ne sera pas une berline, c’est un coupé que l’on conçoit. SIATA développe un châssis tout nouveau, tubulaire, et pose la voiture sur des trains roulants à roues indépendantes empruntées à la Fiat 1100. Le design est soigné au niveau aérodynamique, c’est le travail de Fabio Rapi, qui utilisera notamment la soufflerie de la marque. La carrosserie est composée de panneaux d’acier, soudés au châssis.
La Fait 8V ainsi créée est présentée en Mars 1952 au salon de Genève. La ligne superbe marque les esprits, les performances aussi. Le petit moteur est aidé par un poids de 930 kg et la voiture accroche les 200 km/h !
Pour la fabrication, Fiat inaugure un atelier spécial. Ils montent les trains roulants et la carrosserie sur le châssis motorisé expédié par SIATA.
Les premiers modèles partent vite, et l’objectif, c’est la compétition. Dès le mois de Mai 1952 trois autos sont engagées sur les Mille Miglia. Si deux abandonnent, la troisième fait 15e et 5e de classe. Pas mal pour une auto tout juste sortie.
Quelques semaines plus tard, la Fiat 8V de Capelli termine même 5e de la Targa Florio !
La carrière sportive de la Fiat 8V se continuera en masse. Pour les Mille Miglia 1953, ce sont 10 voitures qui sont au départ, la meilleure terminera 14e. Une voiture participera même aux 24h du Mans, mais ne terminera pas, la même année une autre prendra la 13e place du Tour de France automobile.
Au final, la carrière sportive de la Fiat 8V fut prolifique en nombre d’engagements, mais les résultats ne seront pas tous au bout. On notera surtout des victoires aux 12h de Pescara ou à la coupe de Monza, ainsi qu’une belle victoire de classe aux Mille Miglia 1957.
Au final, c’est plus par ses lignes que s’est distinguée la Fiat 8V. En effet, la voiture est chère et Fiat n’en vend pas beaucoup. Qu’à cela ne tienne, dans un pays où les carrossiers sont nombreux, la marque Turinoise va proposer des châssis nus, que les carrossiers italiens habilleront. En voici une petite liste qui vous donnera une idée de toutes les robes qu’a revêtue cet ovni.
Source : https://newsdanciennes.com/2016/06/17/fiat-8v-top-modele-carrossiers-italiens/