La Ford J est une voiture de développement produite par Ford afin de concevoir une évolution de la Ford GT40 en vue des 24 Heures du Mans. Le but était de créer une nouvelle voiture avec un tout nouveau châssis bien plus léger et une carrosserie aérodynamique.
Afin de rendre la voiture 100 % américaine et de réduire le partenariat avec les entreprises anglaises, Ford Advanced Vehicles a été vendue à John Wyer et la nouvelle voiture a été conçue par les Ford et produite par la filiale de Ford Kar Kraft sous Ed Hull. Il y a également eu un partenariat avec la Brunswick Aircraft Corporation pour l'expertise sur l'utilisation novatrice de panneaux d'aluminium en nid d'abeille collés ensemble pour former une "baignoire" légère et rigide.
Tandis que Shelby continuait à développer la GT40 Mk II, Ford avait d'autres idées en tête, toujours plus ambitieuses. Ils s'étaient rendu compte qu'Eric Broadley avait en partie raison au tout début du projet GT40 lorsqu'il s'est opposé à l'utilisation de l'acier pour la monocoque de la voiture. Étant beaucoup plus favorable à l'idée d'utiliser des matériaux plus légers comme l'aluminium, cela permettait de transformer facilement la GT40 en voiture de série. Le poids supplémentaire handicapait les voitures à tel point qu'elles ont dû recourir à des moteurs presque deux fois plus gros que ceux de leur concurrent, Ferrari. Inutile de préciser que cette puissance et le poids supplémentaire ont entraîné des efforts bien plus conséquents sur le reste de la mécanique, notamment sur la boîte de vitesse, ce qui a mené à de nombreux abandons pour la Mk II lors de sa première saison. La solution logique fut donc de construire un tout nouveau châssis, qui serait bien mieux adapté.
À l'automne 1965, Ford entrepris la construction de ce nouveau châssis. Le choix évident était de remplacer l'acier par l'aluminium pour une monocoque beaucoup plus légère. On craignait cependant que le métal léger ne soit pas assez résistant pour supporter le moteur de 500 ch et les contraintes de la course, en particulier au Mans pendant les 24 Heures. Les ingénieurs ont décidé d'utiliser une structure en nid d'abeilles maintenue entre des feuilles d'aluminium, ce qui a donné une structure exceptionnellement résistante. Ces nids d'abeilles étaient déjà couramment utilisés dans la conception des avions, mais il s'agissait d'une méthode de construction révolutionnaire en course automobile. La production des baquets a été sous-traitée à Brunswick Aerospace.
Le principal avantage en conservant une conception du châssis similaire à la Mk II résidait dans le simple fait de pouvoir transférer la mécanique de l'ancienne à la nouvelle. Il s'agissait notamment des pièces de suspension, des freins et du gros bloc moteur V8 de sept litres. Nouveauté : la boîte de vitesses automatique à deux rapports de Kar Kraft, qui remplace la boîte manuelle à quatre rapports, plus courante. Assemblée par Ford à Dearborn, la nouvelle GT40 a été revêtue d'une carrosserie en fibre de verre enveloppante avec une partie arrière haute et une queue 'Kamm' tronquée. Considéré comme une voiture expérimentale, le nouveau bolide était simplement connu sous le nom de " J-car ", en référence à l'annexe J du règlement autour duquel la voiture fut construite. Pesant 940 kg, soit 200 kg de moins que la Mk II, la première J-car était prête à temps pour les essais du Mans au printemps 1966.
La voiture de course très perfectionnée fut testée à Riverside juste avant d'être envoyée en France. Lors de la journée de test annuelle du Mans, le volant fut confié à Bruce McLaren et Chris Amon. En l'espace de quelques tours, Amon était sur la bonne voie, tout proche de la pole position de Phil Hill en 1965. A la fin de la journée, la J-car avait réalisé le temps le plus rapide de l'épreuve. Il n'était cependant pas engagé dans la course car Ford n'avait pas les moyens de se permettre une nouvelle débâcle pour la troisième année consécutive. Coïncidence, c'est McLaren et Amon qui remportèrent la victoire du Mans cette année-là dans la GT40 Mk II, désormais bien plus fiable, suivie par deux autres Mk II. Malgré ce succès, Ford a poursuivi le développement de la J-car et une deuxième voiture a été construite au cours de l'été pour des essais supplémentaires.
Après les tests du Mans, la première J-car est retournée aux Etats-Unis et a servi principalement de mule pour tester différentes configurations de carrosserie, principalement pour améliorer la stabilité à grande vitesse. Le deuxième J a été complété en août et s'est préparé à participer au nouveau championnat Can-Am, qui débutait en septembre. Lors d'un test à Riverside, Ken Miles se tua dans un terrible accident, dont la cause n'est pas encore claire. Immédiatement après l'accident, la construction d'une troisième voiture a été suspendue et la première a été détruite lors d'un crash-test visant à déterminer la cause de l'accident mortel. Fin octobre, la troisième voiture a finalement été assemblée avec une boîte de vitesses conventionnelle remplaçant l'automatique.