La Lamborghini 350 GT était une Grand Tourisme fabriquée par Lamborghini entre 1964 et 1966. Ce fut la première voiture de série produite par Lamborghini.
Lorsque Ferruccio Lamborghini présenta la 350 GTV le 29 octobre 1963 sur le terrain de sa toute nouvelle usine de Sant'Agata, puis au Salon de l'automobile de Turin, l'automobile reçut alors beaucoup d'éloge. Toutefois, elle apparaissait clairement comme un prototype et il était évident qu'elle n'était pas encore prête à être produite en "série" et vendue aux clients. Pour ne citer que quelques détails trahissant son statut de prototype, le volant était trop proche des sièges, il n'y avait pas encore de pédales et l'auto ne possédait même pas de système d'échappement. Il faudra encore plusieurs semaines de développement pour que la 350 GTV soit prête à être produite.
Si le design original de la Lamborghini 350 GTV fut attribué à Franco Scaglione, les dessins soumis à Ferruccio étaient encore plus poussés, mais ce dernier décida finalement que l'aspect actuel de la 350 GTV n'était pas ce qu'il recherchait. Souhaitant donc changer complètement le style général de l'auto, il soumit quelques idées à Bianchi Anderloni de la célèbre Carrozzeria Touring, qui "convertira" le prototype de la 350 GTV en un modèle de production viable : la 350 GT.
Concernant l'extérieur, beaucoup de modifications furent effectuées à commencer par les phares rotatifs très spéciaux remplacés par des phares fixes ovales de Cibie (certaines sources mentionnent toutefois Bosch ou Hella). Le style angulaire visible à l'avant et à l'arrière du GTV a laissé sa place à un style plus rond sur la version GT (moins technique donc moins coûteux à fabriquer), tandis que la lunette arrière plutôt large a été conservée. L'utilisant des montants de fenêtre très fins sur le pare-brise et la lunette arrière a permis une visibilité extérieur très bonne sur la Lamborghini 350 GT. Tout en gardant à l'esprit que ces fenêtres courbes issues de la 350 GTV seraient très coûteuses à fabriquer et délicates à installer, des mesures furent prises afin d'en faciliter la construction et de la rendre moins onéreuse.
Notez que la toute première unité 350 GT (châssis 0101) possédait encore les trois échappements distinctifs de la 350 GTV, tandis que les feux arrière fins de cette dernière ne furent pas retenus pour la production, pas plus que le très gracieux dessin de Ferruccio Lamborghini, probablement trop cher à produire en masse, si l'on peut appeler "production de masse" les 120 unités de la 350 GT construites entre 1964 et 1966.
Le châssis de la 350 GTV fut modifié et adapté pour la production par Neri & Bonacini : l'empattement a été augmenté de 100 mm pour atteindre 2550 mm et la longueur totale de 140 mm pour atteindre 4640 mm afin d'augmenter l'espace dans l'habitacle. Notez que certaines des toutes premières 350 GT furent équipées d'un petit siège a été monté à l'arrière, dans une configuration 2+1. Ce dernier était monté en lieu et place de la tablette habituelle qui pouvait contenir des bagages supplémentaires, dans la configuration à 2 places. Cette tablette arrière offrait même une paire de sangles pour empêcher les bagages de se déplacer pendant la conduite. Une fois la production de la 350 GT lancée, le châssis sera finalement fabriqué par Marchesi.
Alors que la 350 GTV reçut une carrosserie en acier et en aluminium, la 350 GT sera construite par Touring en utilisant la méthode brevetée Superleggera consistant à monter de minces panneaux d'aluminium sur un cadre tubulaire pour réduire le poids. La Lamborghini 350 GT ne pèse que 1050 kg sur la balance, équipée de ses célèbres Borrani à 72 rayons dans la même taille de 15 pouces. Il est important de préciser que les 350 GT n'ont pas toutes reçu carrosserie en aluminium : en fin de production, alors que la production de la 400 GT 2+2 se mettait en place, les dernières 350 GT furent livrées avec des carrosseries en acier.
Une fois la carrosserie traitée et adaptée à la production, toute l'attention fut portée au nouveau moteur V12. Ce dernier devait assurer une utilisation sans soucis pendant au moins 70 000 km (40 000 miles) entre les intervalles de maintenance. Le bloc créé par Bizzarrini pouvait délivrer 360 ch à 8 000 tr/min (certaines sources parlent même de 400 ch à 11 000 tr/min) grâce à l'utilisation de carburateurs Weber 36 mm verticaux onéreux, inspirés de la course, d'un système d'huile à carter sec et d'un taux de compression élevé de 11:1.
Le chef ingénieur Gian Paolo Dallara s'est chargé d'adapter le V12 pour la production. Avec Bob Wallace, ils ont créé un moteur capable de délivrer 280 ch à "seulement" 6 500 tr/min avec un système de lubrification à carter humide et un taux de compression de 9,5:1. Deux pompes à carburant électriques Bendix alimentaient six carburateurs Weber 40DCOE 2 avec le carburant nécessaire à 100 octanes. Dans cette configuration, la Lamborghini 350 GT pouvait atteindre une vitesse de pointe de 250 km/h et abattre le 0 à 100 km/h en seulement 6,8 secondes, des chiffres très impressionnants au début des années 60. Tous ces changements ont donné naissance à la 350 GT (le "V" de Veloce fut abandonné). Si le design de l'auto fut finalement adoucit, l'aspect général n'avait aucun mal à se distinguer de celui de toutes les autres voitures sur le marché à cette époque. Entre le dévoilement de la 350 GTV au Salon de Turin en 1963 et l'introduction de la 350 GT au Salon de Genève en 1964, cinq mois seulement se sont écoulés. Malgré la rapidité d'exécution, les changements apportés se sont avérés très concluants, permettant ainsi de nombreuses commandes et le lancement de la production.
La Lamborghini 350 GTV fut construite sur le châssis numéro 0100, la 350 GT présentée au salon de Genève en mars 1964 portait le numéro 101 avec la carrosserie Touring (#17001) et la première voiture du client devenait le châssis #104 avec la carrosserie #17004, livrée le 31 juillet 1964. Automobili Lamborghini SpA était maintenant officiellement une usine de construction automobile. À noter que la voiture du salon de Genève #0101 était la seule à avoir les triples échappements comme ceux du GTV et était livrée avec un badge arrière unique : 350 GT 2+1 pour avoir le troisième siège à l'arrière. Malheureusement, la voiture du salon de Genève fut détruite lors dans accident lors d'un essai routier et ne fut jamais été reconstruite, faisant du châssis 102 la plus ancienne Lamborghini encore vivante à ce jour (à noter que les numéros 102 et 104 ont été livrés avant le numéro 102). Le châssis 106 fut la toute première Lamborghini 350 GT produite sur commande avec des options spécifiques exigées par le client. Jusqu'au châssis 105, les voitures produites furent utilisées comme prototypes d'usine et comme voitures de développement, repeintes à plusieurs reprises et vendues ensuite à des clients.
La Lamborghini 350 GT est devenue encore plus attrayante une fois sa mise en circulation : il était difficile de ne pas succomber à son charme et au son du V12. C'était une voiture performante, sophistiquée, qui était généralement plus rapide et techniquement en avance sur tout ce que Ferrari ou toute autre marque de voitures haut de gamme avait et pouvait offrir à ce moment-là. Ce n'était d'ailleurs que le début pour Lamborghini.
Les premières Lamborghini 350 GT de série étaient équipées d'un unique pare-chocs avant qui couvrait l'avant de gauche à droite, recouvrant la grille à ailettes verticales. De nombreux propriétaires ont souhaité ce dernier par un pare-chocs en deux parties et une grille différente en raison de problèmes de refroidissement. L'emblème du "Raging Bull" constitue également un détail intéressant : certaines 350 GT anciennes arborent un écusson à fond bicolore utilisant le blanc et le rouge dans un dessin diagonal (#106 par exemple). Il existe aussi un logo bicolore présentant un dessin similaire utilisant le bleu foncé au lieu de la section rouge (châssis #102 et #107). Ferruccio Lamborghini a fait produire la première série d'écussons Raging Bull par un entrepreneur. Il a reçu quelques dessins différents, comme le fond blanc et rouge, le fond blanc et bleu foncé et naturellement le fond bien connu, complètement noir, qu'il a ensuite décidé de faire figurer sur ses voitures à partir de ce moment. C'est pourquoi certaines voitures portent aujourd'hui un de ces écussons diagonaux, qui étaient normalement montés sur les toutes premières voitures livrées, et selon plusieurs sources, tous ces propriétaires ont ensuite reçu le logo officiel noir du Raging Bull à monter sur leurs voitures ... certains propriétaires ont conservé l'écusson bicolore original, très spécial et extrêmement rare.
Au cours de la première année officielle de production (1964), un total de treize Lamborghini 350 GT ont été livrées aux clients. La toute première voiture fut terminée dans une livrée argent métallisé, tandis que les plus tardives 350 GT furent dotées d'une prise d'air avant plus grande avec le pare-chocs divisé en deux sections laissant le centre de la bouche ouvert pour permettre un bien meilleur refroidissement. Selon la destination des autos vendues, certains pare-chocs ont été munis d'un dispositif de surpression pour une meilleure protection (voitures américaines). Deux évents ronds ont également été ajoutés à l'avant du pare-brise (un seul évent fut d'abord découpé dans la carrosserie) et un feu de recul fut monté sous le support de la plaque d'immatriculation.
Lors de la production de la Lamborghini 350 GT, on pouvait demander une configuration à deux essuie-glaces au lieu de l'unique essuie-glace utilisé à l'origine. Certaines sources indiquent que les deux essuie-glaces n'équipaient que les voitures destinées aux États-Unis, tandis que d'autres semblent penser que seule la 400 GT 2+2 était équipée de doubles essuie-glaces. Il s'agissait en réalité d'une option "sans frais". À l'intérieur, il y avait un panneau en aluminium poli sur la console centrale qui abritait quatre cadrans. Sur les 350 GT ultérieurs, ce panneau pouvait également être en cuir comme le reste du tableau de bord, tandis que certaines voitures étaient même munies d'une plaque en bois comme le vinyle derrière ces cadrans.
Au début de 1966, Lamborghini a installé un moteur 4,0 litres sur le châssis 350 GT d'origine, donnant naissance à la 400 GT, à ne pas confondre avec la Lamborghini 400 GT 2+2 de 1966 qui offrait deux places supplémentaires. En fait la 400 GT semblait à peu près identique à la 350 GT mais avait un moteur plus puissant (320 cv contre 280 cv), l'usine a même contacté les propriétaires de 350 GT en 1966 pour proposer de remplacer les moteurs. Il est donc tout a fait possible de voir une 350 GT d'origine avec un moteur 4 litres et une 400 GT.
Aujourd'hui, les Lamborghini 350 GT sont plutôt difficiles à trouver avec seulement 120 exemplaires construits. La restauration d'une voiture originale à carrosserie aluminium et la faire fonctionner par la suite serait certes extrêmement onéreux, mais ces autos demeurent comme les premières voitures de série à avoir quitter les portes de l'usine de Sant'Agata. Autant dire qu'elles sont de véritables pièces d'histoire, tenant une place très importante dans l'histoire automobile. Gardez à l'esprit que les toutes dernières 350 GT livrées par Touring étaient dotées d'une carrosserie en acier. À titre d'exemple, le châssis #384 est une 350 GT acier et la toute première voiture à avoir une boîte de vitesse construite par Lamborghini avec un différentiel Salisbury.
La valeur de ces premières Lamborghini a beaucoup changé ces dernières années, en 1979 par exemple, une 350 GT pouvait être achetée pour seulement 10 000 $. En 1989, au plus fort de la frénésie du marché de l'automobile de collection, cette même 350 GT se négociait 185 000 $. En 1999, le prix était retombé à 66 000 $ seulement, pour remonter à 220 000 $ en 2009. En 2015, une Lamborghini 350 GT entièrement restaurée pouvait se négocier aux alentours de 750 000 et 900 000 $. Aujourd'hui, en fonction des exemplaires, la côte varie entre 300 000 $ et 600 000 $.