En 1981, Porsche avait ressorti la 936 du Musée pour s’adjuger les 24h du Mans. Mais l’auto était de conception relativement ancienne et les nouvelles règles du Groupe C lui promettaient d’être dépassée. Dès Juin la marque de Stuttgart décide donc la conception d’une nouvelle auto pour s’attaquer au Championnat du Monde des Voitures de Sport et des 24h du Mans.
La Porsche 956 n’innovera pas au niveau du moteur, c’est le flat-6 à double turbos de la 936 qui est repris. Avec une puissance de 635 ch c’est bien suffisant pour l’époque, même face au moteur Ferrari des Lancia LC2. L’innovation vient plutôt de la boîte. Si une classique boîte de vitesse manuelle à 5 rapports est disponible, Porsche innove en inaugurant une boîte à double embrayage, l’ancêtre de la PDK.
Concernant le châssis de la Porsche 956, c’est la plus grosse innovation de Porsche. Au lieu du traditionnel châssis tubulaire, c’est une monocoque en aluminium qui est retenue. Sa forme est assez classique et confie la suspension à des doubles triangles. Mais c’est en dessous que ça se passe. L’effet de sol est la grande tendance de la fin des années 70 et du début des années 80. D’abord mis en oeuvre via des jupes, c’est ensuite la seule forme d’aile d’avion inversée qui dessine le plancher de l’auto qui doit faire le boulot. Le pouvoir sportif a bien fixé une partie de la voiture dont le fond doit être strictement plat, mais dès cette partie passée, la 956 déploie son dispositif. Par rapport à l’inconduisible (ou presque) 917, la nouvelle auto génère trois fois plus d’appui ! Le large aileron arrière, fixé au bout d’une longue queue y participe.
Les débuts sont timides et laissent la Lancia LC1 remporter les 1000 km du Nürburgring.
Trois autos sont engagées aux 24h du Mans 1982, gros objectif pour Porsche puisque l’équipe a gagné en 1981. Les autos portent les numéros 1, 2 et 3. La première auto est engagée pour l’équipage de pointe Ickx et Bell, la seconde pour Mass et Schupan, la troisième pour Holbert et Haywood. Les autos vont faire un triplé en se classant dans l’ordre des numéros.
Après avoir remporté de nombreuses autres victoires, Porsche est championne du monde 1982.
Pour sa deuxième année en course, les Porsche 956 ne sont plus seulement engagées par l’usine. Des écuries privées achètent des autos et on va les retrouver chez Joest, Fitzpatrick, Obermaier ou Kremer avec des livrées devenues mythiques, entre le cigarettier rouge et blanc, les New Man, les Boss, il y aura des couleurs pour les 956 !
Les autos vont encore être redoutables. En dehors des 24h, on note un beau coup d’éclat. Aux 1000km du Nürburgring. Stefan Bellof va marquer l’histoire en signant la pôle. Sauf que depuis ce jour, plus aucune course d’endurance ou de F1 n’a eu lieu sur le circuit complet et ses 20km 832m. Du coup les 6 minutes, 11 secondes et 13 centièmes sont restés le record de la piste jusqu’en 2018.
Aux 24h du Mans, les autos vont dominer outrageusement. 9 Porsche 956 terminent dans les 10 premiers !
Malgré l’arrivée des 962 en 1984, les 956 vont continuer à performer et ce jusqu’à la fin de l’année 1986 quand tous les clients auront reçu leurs autos. Cela n’empêche pas le Team Joest de remporter les 24h du Mans 1984 et 1985. La première année, en l’absence des autos d’usine, la seconde, contre les 962 officielles !
Source : https://newsdanciennes.com/2018/05/21/la-porsche-956-ou-le-debut-de-la-domination-des-annees-80/