On n'a pas encore fini de vous montrer toutes les belles choses qu'on a pu voir lors de notre visite au FCA Heritage Hub pour Une Nuit Au Musée. Aujourd'hui on va s'intéresser à quelques autos de course du Groupe C, celles de la première heure, celles qui ont crânement tenté leur chance contre les ogres Porsche 956 et Porsche 962, que vous découvrez sur l'Autopédia ici et ici.
Historiquement, c'est la première rivale d'usine des Porsche 956 dans le championnat du monde des voitures de sport. On vous la fait découvrir en vidéo :
Donc la LC2. Belle auto, bâtie sur un très bon fond. On prend un châssis monocoque en Alu conçu chez Dallara, on l'habille d'une carrosserie Carbone-Kevlar et on la motorise avec un V8 sorti de la Ferrari 308 GTBi QV, réduit à 2.6 puisqu'il va être ici gavé par deux Turbos KKK.
On obtient chez Lancia une auto rapide, elle signe la pôle lors de sa première sortie. Très vite on se rend compte que les pneus Pirelli ne sont pas adaptés. Mais comme l'auto a été conçue pour eux, les Dunlop ne sauveront pas sa saison 1983. Une seule auto passera la mi-course aux 24h du Mans. Seuls deux podiums en fin de saison, quand le titre est déjà joué, laissent augurer de bons présages.
En 1984, c'est la même chose. Sur les courses sprint, l'auto se montre véloce mais ne gagne pas, se contentant de podiums sur ses quelques arrivées. Au Mans, deux Lancia LC2 squattent la première ligne mais une seule est à l'arrivée, seulement 8e. La voiture va tout de même amener Patrese et Nannini à remporter les 1000km de Kyalami devant Wolleck et Barilla. Lancia a battu Porsche ? Pas l'équipe d'usine en tout cas, qui a boycotté la course en raison de l'apartheid. Pour la deuxième fois, Lancia est vice-champion derrière Porsche.
Une nouvelle fois revue, la LC2 va se montrer un peu plus régulière en 1985. Mais encore une fois les 24h du Mans ne sont pas une grande réussite, les autos sont au bout, mais aux 6e et 7e place. Une seule victoire sera remportée cette année là, à Spa, après que Porsche ait été endeuillé par l'accident de Bellof. Lancia ne s'engagera pas sur les dernières courses, le championnat est joué... et le pire c'est qu'en 1986 le programme est brutalement arrêté après deux courses pour que Lancia se concentre sur le championnat du monde des rallyes. Clap de fin.
Lancia n'a pas battu Porsche.
C'est d'abord en IMSA que Jaguar va s'attaquer à Porsche avec la XJR-5 à partir de 1983. Mais c'est à partir de 1985 que l'offensive va se faire plus sérieuse quand Jaguar, aidé du Tom Walkinshaw Racing va s'attaquer au championnat du monde des voitures de sport. L'association est déjà connue, c'est la même qu'avec les XJS de Groupe A dont on vous parlait par ici.
La première auto c'est la XJR-6 qui va apparaître au milieu de l'année 1985. À Mosport, pour la 6e course de la saison, et la première de l'auto, Schlesser, Brundle et Thackwell prennent une belle 3e place. La voiture n'est pas encore fiabilisée, ce qui ne l'empêche pas de décrocher une 5e place à Spa et une 2e en Malaisie.
Du coup pour l'année 1986, Jaguar va monter en puissance. Si aucune auto ne termine à Monza, Cheever et Warwick s'imposent à Silverstone ! Dès lors, Lancia n'est plus là et c'est Jaguar qui va être l'ennemi de Porsche. Mais le triple abandon des anglais au Mans et une mauvaise série au cours de l'été vont faire que la XJR-6 se contentera d'un podium à Jerez et un autre à Spa. Jag' est 3e du championnat, derrière deux équipes Porsche (Brun et Joest), mais devant l'usine qui n'a pas disputé toutes les courses.
En 1987 on revisite la voiture qui devient la XJR-8 et dont le V12 affiche maintenant 7L pour 720 ch ! Résultat : une razzia ! Hormis Le Mans (double abandon côté Jaguar) et le Norsisring (4e), toutes les courses sont remportées par Jaguar ! Eddie Cheever et Raul Boesel remportent les courses de Jerez, Silverstone, Brands Hatch, du Nürburgring et de Spa. Lammers et Watson s'adjugent Jarama, Monza, et Fuji.
Jaguar a battu Porsche, et à plates coutures ! Seules les 24h restent le jardin des allemands.
En 1988 la Jaguar XJR-9 va apparaître. Et encore une fois les anglaises vont être redoutables. D'abord elles vont gagner à Daytona, qui ne compte pas pour le championnat. Ensuite, si Mercedes-Sauber monte en puissance et gagne à Jerez, Jaguar s'impose à Jarama, Monza et Silverstone. La consécration vient au Mans. C'est la première (ré)apparition de l'usine, mais c'est bien Jaguar qui gagne. On ajoute ensuite une victoire à Brands Hatch et une autre à Fuji et ça parachève le titre de la marque anglaise.
Jaguar a définitivement battu Porsche.
Sauber est au Mans depuis déjà quelques années quand Mercedes s'intéresse au projet. Pour 1985 on fait évoluer la C7 qui abandonne son moteur 6 en ligne pour un V8. Les résultats du Team Kouros qui engage les autos sont assez faibles et ne menacent ni Porsche, ni Lancia, ni Jaguar d'ailleurs.
La Sauber-Mercedes C9 apparaît en 1987 et revoit intégralement sa copie. Mais c'est raté puisque les résultats ne sont pas au rendez-vous : aucun point marqué en 1987.
L'année suivante, Kouros n'est plus sponsor et ce sont des flèches d'argent qui vont s'engager. Mercedes est plus présent et c'est une vraie équipe d'usine qui s'engage et gagne donc la première course de la saison à Jerez avec Baldi, Mass et Schlesser. Suivront des victoires à Spa, au Nürburgring, Brno et en Australie et des deuxièmes et troisièmes places en pagaille derrière les Jaguar. Aucune auto ne s'est engagée au Mans, mais cela suffit pour que la C9 soit 2e au championnat, derrière Jaguar, mais devant Porsche.
D'ailleurs, la Sauber sera encore meilleure la saison suivante en remportant le championnat. Mais Porsche n'est plus là !
Photos additionnelles : Mercedes, News d'Anciennes